Une étrange destinée... - Les Carnets 14 abonnés

Par gendiki

Chapitre 1, chat perché.

"Savez vous ce que c'est de perdre la seule personne pour qui vous avez compté, et que vous aimiez le plus au monde ? J'étais désespéré, en colère contre le monde entier et, en même temps, seul au monde, que pouvais-je faire sinon ce que je fais le mieux, me battre. J'ai tué mon premier homme cette nuit là et, sur le coup, ça ne m'a rien fait. Aujourd'hui encore, j'entends l'horrible craquement meutrier qui a ôté la vie de cet homme qui, faute de moyens, a dû commencer à tuer pour l'argent. Non, je ne regrette pas le fait d'avoir tué un homme, je l'ai fait plusieurs fois par la suite, mais je regrette les raisons pour lesquelles je l'ai fait."
Senchi. Baom !!
Zébuleen se réveille en sursaut, quelque chose vient d'exploser près d'elle. Ca ne sent pas bon, Ydor doit se battre et son adversaire est coriace pour pousser le iop dans ses derniers retranchements. Prudente, la jeune pandawa préfère s'éloigner, ce genre de combat alerte les gardes, et elle n'aime pas ces hommes et femmes qui se croient tout permis.
"Mademoiselle venez par ici, ordonne un homme d'une voix calme mais ferme."
Trop tard pour s'enfuir, Zébuleen ne peut qu'obéir.
"Que puis-je pour vous monsieur ? Lache-t-elle agressivement.
- Nous avons entendu une explosion, avez-vous vu quelque chose ?
- Non, rien du tout."
Le garde, exaspéré court rejoindre ses collègues. La pandawa, curieuse tout à coup, le suit discrètement.

Le champ de bataille est incroyablement bien épargné par l'explosion, il y a juste un cercle de 10 mètres de diamètre d'herbe brûlée, les bâtiments alentours sont miraculeusement en dehors de la zone d'effet de l'attaque. Posé contre le mur d'une maison, le corps sans vie d'un iop a subi plusieurs fractures dues à l'impact. Qui que ce soit, l'adversaire d'Ydor devait posséder une force surhumaine pour provoquer ce type de blessures. Zébuleen aperçoit, au loin, une silhouette s'enfoncer dans le dédale des bas quartiers. Par réflexe, elle pousse un léger cri en le pointant du doigt. Ce geste n'échappe pas au garde qui l'a interrogée à l'instant. Celui ci fait signe aux autres de le suivre, et se lance à la poursuite de cet homme mystérieux.



Stegnam est presque arrivé, son contact lui trouvera une table de jeu dans la minute, rien de tel pour se changer les esprits. En pleine réflexion, il ne remarque pas le iop qui s'approche de lui avant que celui ci ne lui bourre dedans.
"fais attention, crache-t-il, en sachant pertinemment qu'il est en tort."
Le iop ne bronche pas et continue son chemin en pressant le pas. Furieux Stegnam s'apprête à lancer une des insultes bizarres dont il a le secret quand un groupe de garde le dépasse en courrant. Un fugitif, encore plus cool qu'une partie de poker pense-t-il avec un sourire satisfait.
"Bande de moules ridées, le petit n'a rien fait, c'est moi le coupable, crie-t-il aux gardes"
Ceux ci pilent net, et lui fonce dessus, en poussant des cris.

Zébuleen, honteuse d'avoir mis les gardes sur les traces de l'ombre dans la ruelle, les poursuivait en cherchant une solution. Celle ci lui fut apportée par un ecaflip qui, en criant après les gardes, les avait fait changer de cible. Il courait maintenant devant eux tout en continuant de les couvrir d'insultes, plus tordues les unes que les autres. Mais combien de temps tiendra-t-il ? Les gardes sont trop nombreux pour lui, et il se contente de courir avec un rire fou. Zébuleen s'arrête d'un coup.
"L'As des as, murmure-t-elle, choquée."
Ce type possède une réputation énorme ici, on lui attribue la mort de grands personnages de la pègre, mais il lui arrive aussi d'aider des criminels à échapper aux gardes. Cet homme est plus imprévisible que la chance elle-même. Zébuleen réfléchi à une vitesse monstrueuse, et si on ajoutait un joueur à cette course poursuite ?
"Hé les gardes, c'est moi que vous cherchez ! crie-t-elle"
Aucune réaction de leur part. de se faire ignorer comme d'habitude, la jeune fille fait apparaitre un tonneau, et le lance juste devant les gardes. Ceux-ci s'arrêtent une seconde pour regarder cet obstacle inattendu. Des volutes de fumée sortent du fût se dissipent rapidement. Sur le tonneau, assise victorieusement, Zébuleen lance un regard de défit aux gardes, puis crache au visage d'un d'entres eux avant de prendre ses jambes à son cou, suivie par le garde hors de lui. Quelques mètres plus loin, Stegnam est couché à terre et se tord de rire.

La pandawa, connaissant le quartier par coeur, les entraîne dans un dédale de rues de plus en plus petites. Bientôt, elle se retrouve acculée dans un cul de sac.
"Rend-toi petite peste, vocifère le garde qu'elle a souillé."
En guise de réponse, elle lui fait un clin d'oeil et disparait d'un coup.



"J'aime ton style."
Zébuleen se retourne, et se retrouve nez à nez avec L'As des as, cette légende vivante et lunatique dont on ne sait jamais deviner les intentions.
"Tu en fais une tête, on dirait que tu as croisé un Ogrest en tutu.
- ...
- Allo Incarnam ici Bonta, vous me recevez ?
- Euh, fait-elle bêtement en rougissant.
- Et bien dis donc, tu es aussi bavarde qu'un muet pendu par la langue.
- En fait, c'est que...
- Excuse moi, je dois m'en aller, les gardes vont revenir d'un moment à l'autre, aurevoir Zébuleen.
- Comment vous..."
La pandawa n'a pas le temps de finir sa phrase que l'ecaflip a disparu.
"Je fais quoi moi maintenant ? se demande-telle à voit haute."



Senchi est tout seul, maintenant que son adrénaline est retombée, il a des remords. Tuer pour le plaisir est loin de ce que maître Ryôkan lui a enseigné. Un iop ordinaire n'est pas assez intelligent pour regretter ses actes, c'est ce qui fait d'eux les meilleurs guerriers du monde des douzes. Le fait que Senchi soit dans la moyenne de QI est un cadeau empoisonné, son intelligence lui permet de mieux se battre en retournant la force de son ennemi contre lui, mais elle lui creuse la cervelle de remords et de regrets.

Le jeune homme se souvient d'une punition que le vieux pandawa lui avait fait endurer : C'était un jour où Senchi s'était battu volontairement avec un jeune moine. Celui-ci n'avait rien fait de particulier, mais le iop était d'humeur massacrante et avait besoin de se défouler. Pour lui faire comprendre que son acte était barbare, Ryôkan avait planté un bâton de Bambou dans le sol, et avait ordonné au jeune homme de tenir en équilibre dessus pendant une heure sur un seul orteil. Il rajouta que, tant qu'il n'aurait pas réussi, plus personne ne lui adresserait la parole dans le monastère. Il lui fallu un mois et plusieurs orteils cassés pour, enfin, obtenir le pardon du vieux sage.

"Maître, je vous ai sûrement déçu cette nuit, mais je vous jure que je rattraperai mon péché, même si cela doit me coûter la vie !! crie-t-il soudain au ciel".
Les pious des environs s'envolent dans un fracas de plumes, et montent dans le ciel alors qu'un soleil pointe le bout de son nez. Un nouveau jour pour une nouvelle vie.Page précédentePage suivante