Destin de trois orphelins - Les Carnets 5 abonnés

Par Tumerus

Volârc n'avait pas vu son frère depuis qu'il s'était enfui, cette nuit-là. Il s'inquiétait quelque peu pour lui, car il n'était pas très débrouillard aussi bien sous sa forume humaine que sa forme actuelle, transformé en mulou.
Il était également profondément touché par l'arrivée de sa soeur au beau milieu du campement, la nuit où l'étrange Eniripsa lui avait tracé sa marque sur le front. Volâme, en se présentant devant son frère, cette nuit-là avait réveillé une marque qui avait déjà été tracée auparavant. Une marque douloureuse. On appelait cela "Souvenir".. Le souvenir de la mort de son père.

Elle lui avait sauvé la vie. Pas de quoi se réjouir, car après avoir fait déguerpir le mystérieux personnage, elle lui lâcha ces mots : "Tu es à moi. Survis. Le jour où tu seras assez amusant à tuer je viendrai t'achever."
Volârc n'avait compris le vrai sens de ces mots. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il devait venger son "père", Silk Mortemain.

Les trois jeunes allaient maintenant chacun son chemin. Leur destin était incertain, mais ils avançaient.

Volâme s'était dirigé vers Amakna. Volsang était allé vers le Royaume Sadida, suivant son instinct de mulou. Volârc, lui, ne savait que faire.

Il alla passer la nuit à l'auberge d'Astrub.Tout du moins, ce qu'il restait de la nuit, car il était environ quatre heures du matin. Le soleil allait se lever dans un peu plus d'une heure.

La seule compagnie dont il disposait était un Pandawa ivre-mort. Le Pandawa était entouré de tonneaux. Quatre pour être précis. Ils étaient tous vides.

Le Pandawa s'appelait Vaüd Kah.

Volârc gardait sa main sur son front pour cacher la marque. Ce geste le rassurait intérieurement. Il lança la discussion avec le Pandawa.

- Bonsoir.
- BJR PT1 CV??

Volârc eut un geste de recul. Il savait que la taverne d'Astrub était remplie de bworks, plus couramment appelés (en langue bworke) "Kikoolol".

Le jeune Crâ sortit de la taverne et commença à courir vers une énorme silhouette qui se dressait à un croisement de routes.

Il y avait un énorme Hibou et des gens qui faisaient la queue.

- Amakna ? C'est par là. Bonne journée ! Hein ? Non, je n'ai pas encore fini de tamponner votre passeport. Revenez demain ! Oui monsieur c'est par ici Brâkmar ! Bonne journée !

Il était sûrement chargé de guider les nouveaux arrivants.

Le disciple de Crâ s'avança. Il demanda la direction de Sufokia. Il n'y était jamais allé. C'était l'occasion de le faire, pour un tout nouveau départ.

Après une demi-journée de marche, il arriva à destination.

L'avant-poste de Sufokia était toujours très gai. Des marchands y vendaient du bon pichon fraichement noyé. Ils criaient "Dix kamas, dix kamas, diiiiiiix kaamaaaas l'Bernardo la Carpette ! Bon à manger, utilisable en guise de tapis également, allez v'neeeez !". Il y avait aussi des Iops vêtus de l'uniforme des gardes de Sufokia qui chantaient à haute voix des airs incompréhensibles. Les paroles de ces chansons n'étaient pas vraiment diversifiées. La plupart du temps, ils répétaient "À la pêche au noob, noob, noob, noob, noob..".
Il y avait également l'éternel écrivain et archiviste, Maître Higlou qui était, comme à son habitude, plongé dans ses parchemins, couvert d'encre, se piquant une plume de son propre plumage pour écrire lorsque la précédante tombait à l'eau ou cassait. Et il y avait la foule d'aventuriers qui se précipitaient vers la douane, tendant leur passeport encore vierge. Un garde, assis devant un bureau, leur tamponnait alors le passeport. Il y mettait un gros "SUFOKIA" en lettres capitales, à l'encre rouge, puis il ouvrait l'énorme grille derrière lui qui donnait accès au canoon qui donnait accès au quartier général de Sufokia.
Volârc avait suivi ce chemin là. Volsang et Volâme étaient toujours à Astrub, mais ne nous écartons pas du sujet.
Le Crâ avançait sur le sol salbonneux de la belle Sufokia, son carquois sur le dos, son arc à la main. Il avait faim et n'avait pas un seul kama. C'en était fini de la belle vie dans la Demeure Mortemain où il ne devait même pas lever le petit doigt pour voir devant lui les servantes de son père lui apporter un plateau de viande de truche, et bien d'autres mets goûteux. Il s'était habitué à son ancienne vie paresseuse qui se résumait à manger, dormir, s'entraîner, et lire.
Mais un homme qui a faim est un homme qui est prêt à tout.
C'est ainsi que le jeune homme empala son premier pichon d'une flèche bien placée. C'était un énorme Zespadon. Il le fit griller et mangea à sa faim. Il en resta même beaucoup.
Au moment où il allait enrouler les restes dans un morceau de tissu, Volârc vit apparaître devant lui deux gros colosses. Ils devaient bien faire au moins deux kamètres chacun. Ils s'appelaient Torn et Limeur.
- Hé, t'sûr not' territoire.
- Et donc ? répondit Volârc en se tapotant le ventre pour les provoquer.
- Oooooh, j'sens qu'ça va mal aller p'r toi ! dirent les deux ensemble.
Quelques minutes plus tard, Volârc était au tapis, dans une ruelle sombre, au milieu des poubelles.
- Et r'viens pas n'z'emmerder, gamin !
Torn et Limeur s'en étaient allés avec la nourriture. Ils n'avaient rien laissé à Volârc.
Rien ?
Ne négligeons pas la présence de nombreux bleus.
Volârc bouillonnait de rage. Jamais il n'avait été traité de la sorte. Jamais. Sur un des murs de la ruelle était accrochée une affiche. Volârc s'en approcha pour la lire.
"Rejoignez les Bananas Pirates. Les Bananas Pirates n'ont AUCUNE loi."
Cela intéressait beaucoup le jeune Crâ. Un équipage de pirates qui pourrait l'aider à faire ses premiers pas à Sufokia, et bien plus encore.
Au bas de l'affiche se trouvait une adresse.
"Artère sans Arêtes, Allée Pinard, Bar des Bananas"
Mais il était trop tard pour s'aventurer dans Sufokia l'Ensoleillée pour ce jour-là. La nuit allait tomber.
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