[FanFic] Les Feuillets d'Hylias - Les Carnets 5 abonnés

Par Darkiron

Une faible lumière filtrait à travers les panneaux de bois du cabanon.
Le groupe d’aventuriers fraichement sortit de la taverne venait de s’arrêter face à la porte, quand Anna vint leur ouvrir, comme si elle les attendait.
Le Xélor et le Iop entrèrent et l’Éca referma derrière elle, non sans un clin d’œil complice à Anna.
Durant l’absence d’Hylias, la Crâ avait installé des matelas en plume de tofu dans les recoins de la pièce et avait préparé 4 sacs entassés prés de la porte. Remarquant le regard soucieux d’Hylias, elle lui expliqua la raison de tout ces aménagements :

« Il va pas falloir trop trainer ici, nous avons de la route à faire et Astrub n’est pas une cité bien fréquentée en ce moment. Le Gouvernement est sur le point d’exploser, mieux vaut ne pas être là lorsque cela arrivera.
- Lorsque les Rois étaient au pouvoir, il n’y avait pas ce genre d’ambiance dans les villes. Je me rappelle les fêtes organisées en l'honneur du sang royal, quelle franche rigolade ! se remémorait Hylias.
- D’ailleurs Hylias, pourrais-tu me raconter comment c’était avant ? Enfin, je veux dire comment est la vie d’où tu viens ? demanda Izyeut.
- Je suis d’accord, si tu me racontes ton histoire. Le fait qu’un Dieu ait couché avec une mortelle m’intrigue au plus haut point. »

Le Xélor acquiesça et le petit groupe s’installa à même le sol, sauf Lyla qui préféra s’affaler sur son plumard.
Hylias leur raconta donc ses journées passées à Astrub, Bonta et Amakna, ou encore son périple jusqu’à Brakmar la rouge. Il leur déversait un flot de parole continu que ses 3 compagnons écoutaient sans broncher. Ils buvaient ses dires comme du lait de Pandawa et se laissaient porter par l’énivrance que leur procuraient ses récits, transportés dans un paysage de plaines chatoyantes.
Lorsqu’il eût finit, un silence retomba sur l’ensemble du groupe.
Izyeut fût le premier à émmerger de son calme en assaillant Hylias de questions à propos des étendues verdoyantes, des plaines de cania, de l’île de Pandala et autres sujets qui lui étaient inconnus.

« Tu vois Hylias, mon rêve serait de voyager dans le temps, comme peut le faire mon Père. Quoique d’après ce que je l’ai entendu dire, ces voyages coûtent la peau du cul en Wakfu, et qu’il est en arrêt maladie à l’Ingloriom pendant un bout de temps après ça.
- Personnellement je préfèrerais éviter de trop voyager dans le temps, lui répondit Hylias. J’ai eu ma dose…
- Moi, je suis bien où je suis, déclara Anna !
- Mais d’ailleurs Izyeut, un Xélor a besoin d’énormément de puissance et de sagesse pour ralentir le temps normalement. Comment se fait-il que tu puisse y arriver si facilement ?
- C’est l’avantage d’être le fils du Dieu Xélor. Je peux faire tout un tas de choses que même les plus sages et les plus puissants d’entre les Xélors ne pourraient faire.
- Depuis quand les Dieux ont ils des enfants avec les mortels ?
- Il paraît que ça a toujours été le cas, depuis l’aube du monde. Mais qu’il y a eu tellement peu de demi-Dieu pendant toutes ces années que personne ne s’en ait jamais vraiment rendu compte. Les gens le prenaient pour de vieilles légendes urbaines.
Toujours est-il que je ne connais pas vraiment mon père, la première fois qu’il m’est apparut j’avais 11 ans. Et ma mère a fait une dépression quand Xélor l’a quittée à ma naissance, elle n’est plus une personne très fréquentable. D’ailleurs on a fait la connaissance d’un de ses « amis » à la taverne…
- Oh je vois… je suis désolé.
- Ne le soit pas, je m’y suis fait. Tu doit tout de même connaître un demi-Dieu de ton temps : Goultard. On ne sait pas trop ce qu’il est devenu. Il y a Ush Galesh aussi, demi-Dieu Écaflip, à ne pas fréquenter.
- Je ne savais pas tout ça ! s’exclama Lyla
- Normal, c’est un secret jalousement gardé par les Dieux et demi-Dieux, lui dit Izyeut.
- En effet, je me rappelle avoir entendu le nom de Goultard, mais ce n’étaient pour moi que des légendes. C’est incroyable !
-Tu peux le dire ! répondit Anna. Il est tard, je pense qu’il faudrait aller dormir, il nous faut être en forme demain. »

Les jeunes aventuriers approuvèrent d’un hochement de tête, et se glissèrent dans leurs draps, en sombrant un à un dans les profondeurs de la nuit…



Hylias se tenait debout, face à une table ronde taillée dans les nuages dont les bords s’effaçaient et se reconstituaient au gré du vent.
Tout lui semblait flou autour de lui, mais il avait la certitude d’être en hauteur. Cette certitude fût confirmée lorsqu’il s’aperçut qu’il était en fait sur une colline de nuages, avec des constructions gigantesques en contrebas. Il faillit avoir une crise cardiaque quand un Iop cinq fois plus grand que lui émergea des volutes de fumées, derrière la table.
Le nouveau venu rétrécit jusqu'à atteindre une taille semblable à celle d'Hylias.

« Mais qu… ?! Bredouilla Hylias.
- Enchanté de te rencontrer enfin jeune disciple. Je suis Goultard, Dieu Iop parmi les Dieux fondateurs. Nous avons à parler tout les deux.
- Goultard ? Mais tu n’es pas sensé n’être qu’un demi-Dieu ?
- Je l’étais, c’est vrai. Mais mon père, qui est aussi le tiens, m’a légué son trône à sa mort, faisant de moi un Dieu à part entière.
- De quoi ? Le Dieu Iop était mon père ?! Impossible, j’ai un père normal, qui est un ancien chef de garde respectable. Et puis un Dieu ne meurt pas, tu mens.
- Cesse donc de réfléchir, tu surchauffe. Je pensais que tu étais au courant … Ce ne sont que des détails qui ont fait que tu as été choisis, voilà tout. Pour en revenir à la mort de Père, je crains que les Dieux ne soient pas immortels comme tu le pense. Certes, ils ont une vie infinie, mais il y a quelques temps nous avons eu à affronter des ennemis puissants… Et il s’est fait vider de son Wakfu pour nous sauver tous. Mais trêves de bavardages, je ne t’ai pas fait venir pour cela.
- Où sommes nous Goultard ?
- Bienvenue à l’Ingloriom, mon cher demi-frère. La patrie des Dieux …
- Mais … comment ?
- Oh, ne t’en fais pas pour ça, tu es juste en train de “rêver“. Ton corps est toujours présent auprès de tes amis, c’est ton esprit qui a fait un long voyage jusqu’à nous, guidé par mes soins. Mais comparé aux grands sages qui essaient de pénétrer l’Ingloriom par l’esprit après des décennies de pratique, tu peux y arriver facilement et en franchissant toutes nos protections. C’est ton Inglorius Deï, le lien spirituel qui te lie à nous, par ta nature… peu commune. »



Au moment où il eut finis sa phrase, il balaya d’un geste la brume nuageuse qui s’était installée autour deux, dévoilant une vaste plaine qui ne semblait pas avoir de sol ferme, baignée dans les nuages. Une tendre lumière bleutée valsait par endroit, rendant le teint des nuages légèrement bleuté.
Des édifices semblaient ancrés dans ces nuages, tels des fleurs accrochées à leur terre. On pouvait noter une légère agitation, de la vie, dans le coin.

« Bien, je pense que tu en a assez vu pour être convaincu, déclara le Dieu Iop. Maintenant parlons sérieusement. Je me dois de te donner des conseils sur ta mission : Tout d’abord sache que tu ne peux pas échouer, ou le monde tel que nous le connaissons ne sera plus.
Ensuite, ne te fie à personne. Un proverbe Iop dit « les plus sages sont les moins sages ». Ça s’applique aussi aux femmes, mais c’est une autre histoire ça…
- Euh je … Oui d’accord. Mais ensuite ? Que dois-je faire ?
- Eh bien, te servir de ta tête. Un bon iop sait se servir de sa tête. Pour ce qui est de ta mission, tu dois récupérer un objet dont toi seul connaît la forme. Et les autres ne doivent pas le savoir, tu dois garder cet objet secrètement, et le couver comme ta propre vie. Ils t’aideront à le retrouver. Ensuite … tu verras bien. Je ne peux pas te prédire ton avenir, et puis ça serait trop facile et ennuyant.
- Je vois, répondit Hylias, maintenant sûr de lui. Je tâcherai de vous faire honneur, Dieu, déclara Hylias en s'agenouillant.
- Oh ça va, Relax Max. Je suis ton frère. Et puis ne me vouvoie pas, je suis pas aussi vieux que ça.
- Très bien, je m’y efforcerais.
- Bon, des affaires urgentes m’appellent. Je te souhaite une bonne nuit, dit Goultard en écartant ses deux bras comme s’il allait l’écrabouiller.
- Éh non, attends ! STOP ! »

Et c’est ce qu’il fit.

Hylias se redressa d’un coup sur son lit, haletant et plein de sueurs. Il y repensera à deux fois avant de s’endormir demain soir … Avait t’il rêvé ? Était-ce un cauchemar, ou quelque chose du genre ? Il avait la tête en compote, n’arrivait plus à essayer de réfléchir. Il décida de sombrer dans les bras de Morfh-Ay.Page précédente