Les demandes de la zobale et les problèmes du sacrieur
Le temps était au beau fixe. L'aube sans nuage annonçait une belle journée en perspective. Lily fut la première debout. Elle s'habilla, attacha ses cheveux, puis décida de se promener. Elle était dans son élément, dans cette forêt. La sadidette regarda les lève-tard; personne ne manquait. Adonide ne s'était pas enfuie pendant la nuit. "Sûrement à cause des dangers de la forêt" se dit-elle. Son regard se posa sur la cabane de bois au fond de la clairière. Toute personne censée n'irait pas fouiner près de la maison de quelqu'un d'autre. Mais la curiosité emporta sur la raison et Lily s'approcha.
La demeure de la zobale était vieille, et mal entretenue. Elle contourna aisément la mansarde, et trouva une fenêtre. Se plaça sur la pointe de ses orteils, elle regarda à l'intérieur.
C'était vide. Aucune trace d'Elulip. La cabane en bois ressemblait à n'importe quelle cabane en bois commune: des étagères, des établis et des outils de bûcheron et de menuiserie. Un peu déçue, Lily s'apprêta à partir, quand un mouvement attira son attention. Un chacha sauta sur un banc. Ce n'était pas un chacha normal: son pelage était blanc! Brusquement, la petite créature se tourna vers elle. Leurs yeux se croisèrent l'instant d'un clignement, et Lily se baissa. La sadidette avait senti quelque chose dans ces pupilles, comme... de l'intelligence! Elle passa directement son regard par l'ouverture; le chacha était parti.
Une main se déposa sur son épaule.
"Aaaahhh!!"
Son cœur ne fit qu'un bond. Elle fit volte-face, et sa tension baissa d'un coup lorsqu'elle remarqua que ce n'était qu'Andy.
"Tu es nerveuse? demanda-t-il gentiment.
- No... non... répondit la sadidette.
- Qu'est-ce qui se passe?"
Auriny se réveillait en baillant, suivie de Rémiro et Simon. Puis, ce fut au tour de Charles et d'Adonide. Le garçon aux cheveux roux prit Lily par la main, et la tira vers l'aire de feu.
"Il est plus prudent de ne pas s'approcher de là, dit-il. C'est peut-être dangereux.
- Ah, arrête de ma faire la leçon! grogna la jeune femme à la chevelure verte. Je sais ce que je fais!
- Tu devrais écouter ton amie, jeune inconsciente."
Ils se retournèrent tout deux en sursaut. Elulip venait de passer le cadre de sa porte, et les regardait d'un air sévère. Sur sa tête, elle portait un masque en forme de bouclier. Andy le reconnu: c'était le masque qui lui faisait faire des prophéties. Tant qu'il n'était pas devant son visage, par contre, elle ne pouvait pas l'utiliser.
"D'où... D'où venez-vous? s'étonna Lily. Vous n'étiez pas dans votre maison, 10 secondes plus tôt.
- Je n'ai pas de réponse à donner à une indiscrète comme toi.
La zobale se calma lentement, puis s'adressa à Andy:
- Tu as réfléchi à ma proposition?
- Ben... Disons que ça ne me dérange pas trop...
Simon, Auriny et Rémiro se regroupèrent derrière.
- Je ne sais pas encore, continua-t-il. Peut-être que mes amis peuvent décider, eux...
Simon souleva un sourcil.
- Décider, nous? Tu rigoles, mon cher Andy, c'est un risque que tu prends seul, c'est donc toi qui décide!
- C'est vrai! affirma Rémiro. Si tu ne veux pas, tu ne dois pas te gêner. On peut toujours trouver le gouverneur d'une autre façon."
L'eniripsa ne dit rien. Andy se tourna les doigts et se mordit les lèvres.
- Je... je ne suis pas à l'aise...
- Alors, tu te décides? demanda encore Elulip. Acceptes-tu ou non de travailler pour moi jusqu'à ce que je décide de te libérer de tes tâches? Si ta réponse est positive, je vous ferai profiter de mes savoirs.
Le garçon sentit une douce main lui prendre la sienne.
- Tu n'es pas obligé... lui chuchota Lily.
- Si je ne le fait pas, on ne retrouvera jamais le gouverneur, et tu le sais bien...
- ...
"Tu n'es pas obligé, tu sais..." "Si je ne le fait pas, on ne retrouvera jamais le gouverneur, et tu le sais bien..."
Il leva sa tête vers la zobale, et déclara fermement:
- C'est d'accord.
- Bonne réponse, commenta Elulip.
La sadidette embrassa Andy sur la joue.
- Fais attention. C'est peut-être dangereux" rigola-t-elle avec un clin d’œil.
Mais Andy savait que ce n'était pas que de l'humour. Il sentait l’inquiétude dans sa voix. Auriny, qui restait un peu à l'écart, grommela tout haut:
"Quoi que vous fassiez, ça ne me dérange pas. Je vous ai déjà dit ce que j'en pensais: jamais je ne retournerai sur Terre. Jamais! Vous irez sans moi. Et rien de ce que vous me direz me fera changer d'avis!"
Soudain, le masque dans les cheveux de la zobale s'abaissa. Une aura bleu entoura Elulip, et elle se mit à flotter jusque devant la fée. Une voix grave et caverneuse sortit de sa bouche:
"
Aller sur Terre vous serez bien obligée, car suivre vos enfants vous ne pourrez vous empêcher."
___
"S'il-vous-plait, quelqu'un, aidez-moi!"
Gendiki déambulait dans les rues du village depuis un bon bout déjà. Le pauvre sacrieur ne savait plus où donner de la tête.
La nuit où Myriam, Évhan et Noyarc ont disparus, il ne s'est pas inquiété plus qu'Il le fallait. Il a bien remarqué la corde nouée à la fenêtre, et les traces de pas menant vers la forêt, mais n'en a pas fait tout un cas. Après tout, la iopette l'énervait royalement, et il voulait bien profiter d'une pause. Il s'est dit que la fillette allait revenir tôt ou tard, tout simplement pour passer la nuit. Après avoir dévoré un gâteau aux cawottes, il s'est endormi.
L'adolescent s'est réveillé en sursaut le lendemain matin. Il avait dormi plus longtemps que prévu, le soleil déjà haut dans le ciel. Rémiro et Auriny n'étaient pas de retour? Ils tardaient. Il a donc décidé de préparer le déjeuner. C'est en sortant le une tranche de petite Boufette pour faire du lait Gum qu'il a remarqué ce qui clochait dans la maison: un grand silence. D'habitude, Myriam saute partout et fait tant de bruits qu'elle pourrait réveiller tout le quartier. Avec consternement, il a vite découvert que les enfants n'étaient pas revenus, et la chambre, vide.
Gendiki s'est précipité vers la forêt, et a appelé les enfants. Sans réponse. Il a cherché des heures et des heures dans les bois. À mesure que le temps avançait, il imaginait les scénarios les plus dramatiques: ils s'étaient perdus, ils s'étaient faits kidnapper, ou encore pire, ils avaient été tués par des bêtes féroces! Il a continué à fouiller partout, criant à qui voulait l'entendre jusqu'au crépuscule. Ce fut une nuit blanche qui l'attendait, lui n'interrompant pas ses recherches avant l'aube suivant. Désespéré, fatigué, crevé, affamé, il a tourné sa chance vers le village, espérant trouver plus d'informations de ce côté. Mais évidemment, personne ne savait rien.
"Vous n'auriez pas vu une petite iopette, avec un crâ et un bébé sadida?"
Ce fut peine perdu. Penaud et mortifié, Gendiki abandonna ses efforts et décida de rentrer pour attendre les parents. Son estomac criait famine. Même s'il était habitué à jeûner, ce n'était pas quelque chose de très amusant. Il pensait à la réaction d'Auriny, de Rémiro, de sa mère...
Alors qu'il marchait dans une rue de campagne, il entendit une petite voix féminine. Sur le bord de la route, assise sur une clôture, une jeune crâtte jouait avec une fleur. En tout cas, c'en avait tout l'air, avec des cheveux blonds éclatants et de mignons yeux bleus. Mais elle n'était pas habillée comme les autres de cette classe, vêtue d'un chandail simple et d'une jupe. Sur le coup, il ne comprit pas pourquoi, mais il décida de s'approcher.
La fillette arrachait les pétales de sa fleur une par une.
"Elle m'aime un peu, beaucoup, énormément, à la folie, pas du tout..."
Cinq pétales se retrouvèrent sur le pavé. Puis elle remarqua Gendiki.
"Bonzour monzieur! dit-elle avec un sourire.
Le sacrieur bafouilla:
"Euh... hum! Bonjour..."
Il ne savait pas quoi dire. Il ne savait même pas pourquoi il discutait avec elle. N'ayant rien de bon à dire, il sortit la première chose qui lui vint à l'esprit:
"Qu'est-ce que tu fais, petite?
- Ze zoue à un zeu.
- Quelle sorte de jeu?
- Ze prend une fleur, comme ça, avec beaucoup de pétales..."
"Qu'est-ce que tu fais, petite?" "Ze zoue à un zeu." "Quelle sorte de jeu?"
Gendiki remarqua qu'il ne connaissait pas cette sorte de fleur, mais ne l'interrompis pas. De toute façon, il n'était pas un expert en botanique.
"... et tu peux lui demander ce que tu veux!
- Et toi, tu demandes quoi?
- Ze demande zi ma mère m'aime.
Elle lui tendit la plante.
- Tu veux ezzayer?"
Une image d'Isaure apparut dans la tête de Gendiki. Il grimaça en repoussant la petite main.
"Non merci, sans façons.
- Alors, je vais continuer. Elle m'aime un peu, beaucoup, énormément..."
Elle s'arrêta. Il ne restait qu'un pétale.
"Pourquoi tu t'arrêtes? demanda Gendiki.
- Parze que... Parze que maman est morte!"
La petite blonde éclata en sanglot. Elle se cala sur le sacrieur. Ne sachant pas comment réagir, ce dernier la prit dans ces bras, et se mit à la bercer. Il sortit un mouchoir de sa poche, et la lui donna. La fillette se calma un peu, mais continua de parler en hoquetant:
"Z'est... Z'est de ma... De ma faute!
- Mais non, mais non... tenta de la rassurer Gendiki.
- Mais oui! Z'est comme les enfants il y a deux nuits.
Le sacrieur la déposa par terre.
- Quels enfants? Où?
- Dans la forêt là-bas. Une iopette, un crâ, et un zadida. Ils ont pris un portail."
Gendiki se tourna vers l'endroit où pointait la fille. Il se retourna ensuite pour demander plus d'informations, mais dû s'arrêter net: elle avait disparu. Il regarda partout autour; aucun signe de qui que ce soit! Avait-il rêvé? Cette fille était-elle réelle? Il s'apprêtait à partir, lorsqu'il vit quelque chose sur le sol. C'était la fleur que la petite avait, à une différence près: tous les pétales étaient à nouveau sur la tige!
L'adolescent hésita, regarda encore autour de lui. Puis, il ramassa la fleur, et arracha un pétale...
Page précédentePage suivanteDerniére modification le 29/10/12 é 09:42
Liste des principales mises é jour :
13/10/12 - Finition des 20 chapitres
EDIT: Légère pause pour l'instant, j'ai un emploi du temps assez chargé ^^'