"Je n'y crois pas... Je ne peux pas y croire... Un terrien, ici!"
Auriny était déboussolée. La présence de Charles était pour elle aussi absurde qu'un amour entre un ogre et une poupée. "Comment aie-je fait pour ne pas le remarquer?" se disait-elle en le regardant de loin. Rémiro l'avait portée un peu à l'écart pour qu'elle puisse reprendre ses esprits, et elle restait là, accotée sur sa chaise, mille questions foisonnant dans sa tête. Le iop s'en souciait à moitié, et discutait avec l'ancien chauffeur. Ce dernier n'était pas très bavard, et laissait Rémiro parler en presque monologue. Il avait rangé son pistolet.
Après plusieurs minutes, Charles se leva et se dirigea vers l'eniripsa. Lorsqu'il arriva devant elle, il lui tendit sa main. Auriny la lui rendit, toujours assise. Le terrien prit la parole:
"Je suis désolé pour tout à l'heure. Je ne vous avais pas reconnus, et je dois avouer que vous m'avez fait peur. Vous avez beaucoup changé depuis 15 ans. La dernière fois que je vous ai vu, vous n'étiez que des adolescents."
La fée ne répondit pas. Elle se contenta de le dévisager discrètement. Lui n'avait presque pas changé, à l’exception de quelques rides qui trahissaient son âge avancé. Il portait toujours une barbichette et des lunettes fumées, et arborait un sourire qui se voulait sympathique. Auriny ne pu s'empêcher de grimacer. Quelque chose dans l'homme ne la mettait pas en confiance. Peut-être était-ce le fait de ne pas pouvoir voir ses yeux, ou peut-être parce que son sourire paraissait faux...
"Depuis combien de temps êtes-vous là? demanda-t-elle.
- Environ un mois, si ma mémoire est bonne, répondit-il.
- Et... Comment? Pourquoi?
- Oh, ça, disons que c'est compliqué... Je ne me souviens plus beaucoup, mais j'ai comme le vague souvenir d'Avoir travaillé sur le portail. Je me suis endormi, et puis... trou blanc! Je me suis retrouvé dans votre monde. Je ne sais pas ce qui s'est passé, un accident. C'est bête..."
- On pourrait vous ramener sur Terre, non? proposa Rémiro.
- Non!" crièrent en chœur Auriny et Charles.
Le iop sursauta. Le terrien et l'eniripsa se regardèrent. Celle-ci le gratifia d'un regard perplexe.
"Vous ne voulez pas revenir sur votre planète?
- Je... En fait... tenta Charles en s'embourbant sur ses mots. Ce n'est pas vraiment ce que je voulais dire...
Il semblait vouloir changer de sujet au plus vite.
- Et votre ami, l'enutrof... commença-t-il.
- Simon?
- Oui, Simon. Où est-il?
- Il est parti chercher Lily. Vous vous souvenez de Lily?
- La petite fille aux cheveux verts? Bien sûr, ça me revient! Vous êtes restés très proches à ce que je vois...
- Pour sûr! déclara Rémiro. Quand on est amis, on reste solidaires et loyaux entre nous!"
"Clac!"
Un enutrof entra suivi d'une fille aux cheveux verts et, tout juste derrière, un garçon à la chevelure rousse.
"Charles! s'écria Lily en le voyant.
- Je te l'avais bien dit" commenta Simon.
"Charles! s'écria Lily en le voyant. "Je te l'avais bien dit" commenta Simon.
Le terrien leur sourit, puis remarqua le jeune homme derrière la sadidette. Ses traits se raffermirent, et son sourire se dissipa. Le garçon en question tenait son épée blanche dans sa main, et regardait aux alentours d'un air incertain. Son regard croisa celui de Charles. Il frissonna; sans voir le blanc de ses pupilles, il sentait une haine immense derrière les lunettes noires. Il ne comprenait pas pourquoi... L'avait-il déjà rencontré? Il se pencha à l'oreille de Lily:
"C'est ça un terrien?
- Oui, répondit la jeune femme. Ils n'ont pas de pouvoirs, mais ils utilisent des armes à feu, comme des roublards.
- Eux aussi cachent leurs yeux?
- Hein? Non, ça ce sont des lunettes spéciales pour se protéger du soleil!
- Ah...
Auriny s'adressa à son amie.
- Et qui est ce jeune homme que tu nous apportes là?
- Suis-je idiote! J'ai oublié les présentations! Les amis, je vous présente Andy. Andy, voici Auriny, Rémiro, et Charles."
Elle avait dit ces mots en les désignant un par un. Charles marmonna si bas que personne ne l'entendit:
"Andy..."
Rémiro se précipita sr le garçon, et lui serra vivement la poigne. Andy lui rendit la pareille, charmé par la cordialité du iop.
"Tu es fort?
- Euh...
- Rémiro, je t'interdis de... débuta Auriny.
Le guerrier cria vers les cuisines d'une voix forte:
- Gino! La table!"
Le meuble en bois demandé fut propulsé dans les airs depuis l'arrière du restaurant. Rémiro l'intercepta d'une main, et le déposa sur le sol. Il se prit un tabouret, s'y assit, et déposa un coude sur la table. Finalement, il toisa Andy.
"Bras de fer!"
___
Le bras de fer est un petit jeu très simple faisant intervenir la force musculaire des bras de deux adversaires. Le principe est simple: faire pivoter le bras de la personne devant soi pour faire entrer en contact le dos de sa main et la table. Il n'existe à priori aucune règle, sauf l'interdiction d'utiliser ses deux mains pour faire plier celle de l'autre. Ce jeu, par sa simplicité, est très apprécié des iops en tout genre, qui ne s'en lassent pas pour tester leur force. C'est en connaissance de ces informations qu'Andy prit place devant Rémiro.
"3, 2, 1, c'est parti!"
La table eut un soubresaut. On sentit la pression monter d'un coup sec, mais rien ne bougea. Les bras étaient toujours à la verticale, vibrant un peu, mais aucun n'avait penché. Le iop et le garçon se regardaient droit dans les yeux. Aucun ne voulait laisser l'autre prendre ne serait-ce qu'un degré d'avance. La tension était grande. Cinq minutes plus tard, alors qu'aucun des deux n'avait bougé, Simon se mit à rire:
"C'est trop drôle! Je dois prendre une photo!"
Pendant que l'enutrof immortalisait le moment, Auriny jeta un regard sur l'épée blanche qui était accolée à la table. Elle se mit à réfléchir, pensive. Cette arme lui rappelait quelque chose, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il lui semblait qu'elle l'avait déjà vu quelque part... L'eniripsa sentit une main sur son épaule. Elle se retourna; c'était Simon.
"Est-ce que tu as prévu quelque chose de spécial ce soir? le questionna-t-il.
- Non. Pourquoi?
- Je voulais vous inviter, toi et Rémiro, à une conférence spéciale qui aura lieu à 18h30 au pont marchand de Bonta. Chaque quatre ans, les plus grands spécialistes en économie des nations se rencontrent pour discuter, émettre des discours et donner des conseils à la population. Étant donné que, cette année, c'est tout près et que j'y participe, je pense que vous aimeriez bien venir. Évidemment, Lily et son nouveau copain sont invités, dit-il en se tournant vers la sadidette. Et Charles aussi, si ça l'intéresse...
- L'entrée est-elle coûteuse? voulut savoir Auriny.
L'enutrof fit la moue.
- Non, malheureusement. J'en ai fait la demande, mais Skaaz, le chef des gardes, a refusé en soupesant que le marché était un endroit public, que tous peuvent y circuler librement, qu'il n'avait pas l'intention de prendre des mesures, et bla bla bla...
- Moi, je veux bien y aller, acquiesça Lily.
Auriny regarda du côté de son mari.
- J'espère pour ton ami que c'est Rémiro qui va gagner, Lily.
- Pourquoi?
- ..."
Ils n'avaient pas encore bougé. Soudain, il y eut un mouvement. Lentement, très lentement, le iop prit l'avantage. Le bras d'Andy baissa de plus en plus. Alors que la main n'était plus qu'à deux doigts de la surface de bois, Rémiro laissa sortir un cri de victoire. Profitant de l'excès subit de confiance de son adversaire, Andy poussa un coup et inversa les rôles. C'était maintenant la main du guerrier qui frôlait la table. Encore quelques secondes et il allait perdre...
"BAM!"
Rémiro donna un coup de poing directement au visage du garçon, puis profita de ce moment pour reprendre l'avantage et gagner haut la main. Fier de lui, il leva les bras au ciel. Andy, à moitié assommé, se plaignit:
"Vous avez utilisé votre deuxième main! C'est de la triche!
- Je ne l'ai utilisé que pour te frapper, pas pour baisser ton bras. Nuance."
Le coup avait fait basculer la table, de même que l'épée qui rebondit sur le sol quelques centimètres. Lily s'empressa d'aider Andy à se relever, pendant que celui-ci essuyait le sang qui coulait de son nez. Un féca entra dans l'édifice et, sans que personne ne prit attention à lui, il se dirigea vers le bar. Pendant que le jeune homme aux lunettes rondes appelait un serveur, Charles s'approcha de la table. Il se pencha, et ramassa l'épée blanche. Andy le remarqua, et l'interpella:
"Faites attention monsieur Charles, cette épée est dangereuse."
Le terrien l'ignora, admirant la lame.
- Cette épée... Mais c'est impossible... Pourtant... Comment...
Il parlait à voix basse, chuchotait presque.
- S'il vous plaît, monsieur Charles, pourriez-vous me rendre mon épée? C'est très dangereux, vous ne devriez pas la manipuler ainsi."
"S'il vous plaît, monsieur Charles, pourriez-vous me rendre mon épée? C'est très dangereux"
Le garçon tendit la main. Charles parut hésiter, puis lui rendit son arme. Au même moment, une violente explosion se fit sentir.
"BAOM!"
Un mur complet du bâtiment explosa en morceaux, les débris volant en éclat de tout côté. La déflagration frappa tout près de Gendiki et du féca, ce dernier se faisant violemment projeter sur un autre mur. Des silhouettes sortirent de la fumée. C'était une bande de roublards, des pilleurs-nés. Simon siffla pour appeler son phorreur. La bête appelée jaillit du sol et sauta sur son maitre. Leurs corps, dans un nuage d'éclairs, fusionnèrent pour donner naissance à une créature deux fois plus dangereuse et corpulente que précédemment,
"Vous ne volerez personne aujourd'hui, petits roublards. Vous allez subir la colère du Phorzerker!"
Dans un grognement assourdissant, il bondit sur ses assaillants, les prenant totalement au dépourvu, ceux-ci ne s'attendant pas à se faire attaquer. Rémiro, sans perdre de temps, matérialisa une épée et se précipita à son tour dans le tas. Gendiki sauta sur ses jambes pour aller les rejoindre.
Le sacrieur n'eut pas fait deux pas qu'il entendit un craquement, puis une mince douleur sous son pied. Il baissa les yeux.
Il venait d'écraser une paire de lunettes.
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Liste des principales mises é jour :
13/10/12 - Finition des 20 chapitres
Sinon je suis toujours aussi content de lire tes post. Merci Cegy :)