Fortuna vitrea est; tum cum splendet frangitur
"Monsieur?
- Qu'y a-t-il, majordome?
- Un appel pour vous, monsieur.
- Qui est-ce? Wayh?
- Non monsieur. Il s'agit d'Odo Fumio.
- Fumio? Le détective qui essaie toujours de prendre mon argent? Dites-lui que s'il veut d'autre financement, qu'il s'adresse à l'un de mes agents. Ils se feront un plaisir de lui répondre non!
- Il insiste pour vous parler à vous, monsieur. Il dit que c'est urgent.
- Bon, s'il insiste... Branchez-le sur la ligne 3."
Le majordome sortit en acquiesçant. L'homme en blanc, qui ne voulait pas être dérangé, s'écrasa mollement sur son fauteuil. Il n'avait pas l'intention de faire durer la conversation, il était bien plus occupé à autres choses qu'à subvenir aux besoins du petit inspecteur. Il alluma son interphone.
"Odo? Vous êtes en ligne. Soyez bref, dit-il.
- Bonjour monsieur, répondit Odo aussi vite. Vous savez, j'ai insisté pour vous parler à vous, parce que vous êtes mon principal financier. Et je dois aussi avouer que vous êtes le meilleur...
- Monsieur Fumio, vous n'êtes pas le seul que je finance, il y en a des milliers d'autres. Je vous serait reconnaissant de vous en tenir au fait.
- Vous savez comment j'excelle dans ma profession, comment j'ai toujours su utiliser à bien votre argent, le nombre de mystères insolvables que j'ai résolu...
- Abrégez!
- Oui, bon... En fait, j'aurais juste... euh... besoin d'une petite... toute petite avance...
- Vous voulez de la monnaie, c'est ça?
- Un petit 2500$ suffira...
- Odo, tu me dois déjà plus du quadruple de ce montant. C'est un miracle si tu es encore en circulation, grommela le financier sur un ton plus personnel. Vous coûtez une fortune, avec toutes les machines que vous achetez. Avez-vous de quoi me rembourser?
- Je suis présentement sur une très grosse affaire, affirma l'inspecteur.
- C'est ce que tu me dis à chaque fois. C'est refusé, cette fois-ci.
Le détective privé s'agita derrière le combiné.
- Mais non, cette fois, c'est vraiment vrai! s'exclama Odo Fumio. Il s'agit d'une affaire qui pourrait révolutionner l'humanité toute entière!
- C'est non!"
Il s'apprêta à fermer son appareil. La voix d'Odo interrompis son mouvement d'un coup.
"Il s'agit d'extraterrestres!" cria-t-il.
N'importe quel homme d'affaire normal aurait fermé le téléphone direct, et aurait fait renvoyer l'insubordonné pour cause de folie. N'importe qui de normal aurait fait envoyer l'inspecteur dans un asile. Mais l'homme en blanc n'était pas quelqu'un de normal. Il retira son doigt du bouton.
N'importe quel homme d'affaire normal aurait fermé le téléphone direct. Mais l'homme en blanc n'était pas quelqu'un de normal
"Continuez...
- Merci monsieur! Vous ne le regretterez pas!
- Vous avez parlé d'extraterrestres?
- Il semblerait, oui. J'ai identifié une poignée de personnes qui sont apparus sur Terre il y a environ 30 ans. Il y a des possibilités aussi qu'ils viennent d'un autre monde, qui sait?
- Et... dit l'homme en blanc d'une voix faussement désintéressée. En quoi cela m'intéresserait?
- J'ai pu retracer certains criminels, expliqua le détective. Il y a Wayh et Gendiki, qui étaient depuis plusieurs années disparus. Mais mon attention présente se porte beaucoup sur Wayh...
- Que savez-vous?
- Jusqu'à présent, j'aurais pu croire qu'il travaillait à son propre compte, mais j'ai vite appris l'importance d'un complot...
- Que veut-tu dire?
- Ce que je veux dire, c'est que je crois que Wayh n'est qu'un mercenaire à l'Intérieur d'une plus grande organisation. La preuve est, entre autres, ses transactions gigantissimes qu'il a fait. Il existe à quelque part quelqu'un de plus haut placé qui donne des ordres à cet... extraterrestre, je ne sais quoi...
"Et tu n'imagine pas à quel point tu es près de cette personne" pensa le financier derrière le bureau.
- Il y a des noms? demanda-t-il.
- Pas encore, mais ça viendra. J'ai l'intention d'éplucher les données de compte de Wayh. Je suis confiant que j'aurai des résultats bientôt.
- C'est bon. Tu m'en diras des nouvelles.
- Et mon avance?"
L'homme en blanc termina la conversation en fermant son interphone. Il resta un instant pensif, réfléchissant à la façon d'agir face à cette situation, puis appuya sur un bouton qui se situait sous la table.
"Dralbur, venez à mon bureau tout de suite! dit-il dans l'appareil.
- Mais je suis déjà là, maître" répondit une voix glaciale derrière lui.
Il se retourna. Dans la pénombre, une forme humaine se matérialisa. Il portait un capuchon attaché à une cape noire. Ses vêtement moulants étaient illustrés de motifs rappelant un squelette. Le maître prit un air admiratif.
"Je ne savais pas que tu étais capable de devenir invisible, commenta-t-il.
- Vous seriez surpris en apprenant toutes les capacités d'un adepte de Sram..."
___
La porte de fer grinça en s'ouvrant. Bryan entra silencieusement dans le bâtiment, puis referma la porte derrière lui.
"Je n'aurais peut-être pas dû revenir..."
L'adolescent avait passé la nuit à la belle étoile, dans une forêt non loin de là. Il avait eu amplement le temps de réfléchir à sa situation et à peser les pours et les contres. Il était peut-être libre, mais il ne savait pas vraiment où aller, et il considère la fuite comme une grande lâcheté. Il passerait à côté d'une occasion en or: ici, dans la base de ses ravisseurs, il était plus utile qu'en traversant les rues de Montréal. Il avait pensé saboter quelques plans de ce Wayh, ou même envoyer un message de détresse.
Maintenant qu'il était revenu dans le bâtiment où il était précédemment séquestré, il affrontait un nouveau problème: il ne connaissait pas les lieux.
"Comment vais-je bien pouvoir trouver une salle de communication?..."
Il décida de prendre l'escalier, pour monter quelques étages plus haut. Il fit quelques mètres dans un corridor, puis entendis des pas, et des voix lointaines qui s'approchaient. Il se cacha derrière une porte, qu'il laissa entrouverte pour écouter la conversation.
"Tu peux m'expliquer, Jack?
- Tu es soulante, Èvanovich."
Bryan entrevit la crâ et l'enutrof tourner un coin et se diriger vers le corridor. "Ils ne semblent pas agités, se dit-il. Ils n'ont sûrement pas remarqué mon évasion."
"Wayh n'est ENCORE pas là, chiala la crâ.
- Il est parti faire un tour, c'est tout...
- Pff! Pas sûre, moi! Ce que je pense, c'est qu'il travaille avec quelqu'un d'autre et qu'il ne nous le dit pas!
- Il a sûrement ses raisons, assura Jack.
- En attendant, il nous laisse sans instruction pour la fabriquer...
- Sur ce point, tu as raison. Il parait que c'est une arme mortelle s'il nous avisait à tenter de l'utiliser, mais nous ne sommes pas des xélors pour comprendre son fonctionnement.
- Un xélor... ça cache tellement de mystères... Tu crois que ses pouvoirs vont jusqu'à où?
- Je ne sais pas."
Les voix s'éloignèrent, jusqu'à ne plus être audibles par l'adolescent, qui sortit de sa cachette. "Une arme?" Piqué par la curiosité, il se dirigea vers l'endroit d'où venait les deux acolytes. Au fond du couloir, il lui sembla voir de la lumière derrière un entrebâillement. Il entra prudemment dans la pièce.
"Waow!" s'exclama-t-il, surpris.
Devant lui, flottant au-dessus du sol, une armure xélor était soutenue par des rayons lumineux électromagnétiques.
Flottant au-dessus du sol, une armure xélor était soutenue par des rayons lumineux
___
Bryan avait fait trois fois le tour de la pièce pour chercher le fonctionnement de tout le fatras présent, dont il ne comprenait rien. Il regarda l'armure, puis eu un petit sourire espiègle. Prenant appuis sur un tonneau, il ramassa le masque, et le mit sur son visage. Il ricana.
"Ah, ah, ah! dit-il d'une voix qui se voulait menaçante. Je m'appelle Wayh, et je suis un superméchant!"
Après avoir rigolé un bon coup, il tenta d'enlever la pièce de métal de sa face. Le masque tint bon. Il tira, tira de toutes ses forces, rien n'y fit. Les lumières crépitèrent. Mus par une force invisible, les autres morceaux de l'armure vinrent le percuter, puis prirent fermement place sur son corps. Bryan s'affola. Il avait de la misère à respirer. Redoublant d'efforts, il sentit soudain une douleur atroce lui traverser le crâne et les membres. Il sentait des milliards de petites aiguilles s'enfoncer dans sa peau.
"AAAAAHHH!" cria-t-il sous cette torture.
Ses muscles s'engourdirent, et, avant de tomber dans les vapes, sa dernière vision fut celle de dizaines de bandages qui recouvraient progressivement son corps. Le silence tomba, la forme momifiée du garçon inerte sur le sol. Les lumières s'éteignirent complètement, et la pièce fut plongée dans le noir.
On entendit un cliquetis, puis deux yeux bleus lumineux s'ouvrirent...
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C'est vrai que Dralbur ressemble énormément... Rublard ! ^^'