Ombre de sram, lumière de vengeance
"Pff... Je trouve que dalle..."
5 heures déjà qu'Odo Fumio farfouillait dans des dizaines de fichiers et des centaines de dossiers pour retrouver les complices de Wayh, et, il l'espérait fort, celui qui le finançait, supposant seulement qu'il existe. Il avait épluché beaucoup de dossiers différents, mais aucun ne paraissait louche. Les transactions semblaient des plus normales; il y avait des achats un peu partout et des prêts de plusieurs banquiers, mais aucun n'était un échange trop faramineux.
L'inspecteur avait découvert que Wayh a acheté des voyages vers la Russie et l'Alabama, Aux États-Unis. Selon les données qu'il avait devant lui, le xélor n'était jamais parti. Le retour de l'Alabama se situait il y a un mois, et celui de la Russie il y a deux semaines. À sa grande déception, il n'y avait à première aucun lien entre le criminel et Gendiki.
Odo bailla. Il n'avait pas beaucoup dormi ces derniers jours, et avait les yeux rouges de fatigue. Sa frustration s'était transformée en découragement, après des heures à ne rien trouver. Son laptop était ouvert depuis très longtemps, et roulait de plus en plus lentement.
"Pourquoi n'a-t-il pas voulu me financer?" se demanda-t-il. Il avait quand même besoin d'un peu d'argent... Il regarda sa montre. 18h. Le détective décida de prendre une pause et de se coucher plus tôt, n'arrivant à rien. Et, comme on dit, la nuit porte conseil.
Alors qu'il s'apprêtait à fermer son ordinateur, son regard fut attiré par un nom affiché dans la liste à l'écran. Un nom très familier: il s'agissait de son propre financier, celui-là même qu'il avait appelé quelques temps plus tôt. Il cliqua sur la fiche. Ce qu'il vit le frustra.
"Il finance Wayh plus que moi?!" s'indigna-t-il.
Soudain, il fut pris d'un doute. Reprenant ses esprits, il ouvrit une autre fenêtre, et pianota sur le clavier. Les papiers d'identité de son financier apparurent devant lui. Il jeta un coup d’œil sur les dates.
"... Non... Non... Non!"
Il n'y avait rien au-delà de 30 ans! Affolé, l'inspecteur Fumio se précipita sur le téléphone, et composa en vitesse un numéro. Il failli devoir recommencer plusieurs fois tellement il tremblait. Après des secondes qui lui avaient semblé une éternité, la voix de Charles se fit entendre:
"Oui, allo?
- Charles? C'est Odo Fumio! Contacte les forces de police immédiatement, et dit leur de venir chez moi. Avertis aussi Renée; dis-lui que..."
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que les lumières s'éteignirent, ainsi que le téléphone. La pièce fut plongée dans le noir. "Une panne de courant... Ce n'est vraiment pas le moment!" Il se propulsa sur son ordi portable dans le but d'envoyer un courriel. C'était la seule solution.
Subitement, Odo sentit une matière dure et froide lui traverser la poitrine. Avec horreur, il distingua le reflet d'un poignard au niveau de son torse. Il s'écroula sur le sol. La vie s'échappait de son corps comme son sang coulait à flots sur le plancher. Il rampa, tentant de bloquer sa blessure avec sa main. Il cracha une boule du liquide rouge qui s'accumulait dans sa bouche.
À son grand désespoir, il vit une silhouette sombre effacer toutes ses recherches sur son ordinateur. Des années de travail furent réduit à néant en quelques secondes. Rassemblant ses dernières forces, Odo agrippa son pistolet, et tira sur son agresseur.
La première balle frôla sa tête. La deuxième lui traversa l'épaule gauche. Touché et surpris, l'inconnu se retourna vers sa victime qui offrait plus de résistance que prévu. Ce dernier visa le cœur, et pressa sur la détente. D'un geste brusque du poignet, l'homme bloqua la balle en plein vol avec une dague sortit de nulle part. D'un coup de pied, il fit valser le revolver à l'autre bout de la salle. Le détective se sentit soulevé par les cheveux. Il ne sentait plus la douleur, la ficelle qui retenait son âme allait bientôt lâcher
D'un geste brusque du poignet, l'homme bloqua la balle en plein vol avec une dague sortit de nulle part
Il ne pouvait même plus parler. Il regarda son agresseur. C'était une sombre créature humanoïde, qui possédait un crâne en guise de visage.
"Mon maitre vous fait savoir qu'il est très vilain de se mêler des affaires d'autrui."
Ces yeux creux et vides de la face squelettique furent les dernières choses que virent l'inspecteur Fumio. L'instant d'après, le sram lui trancha la gorge.
___
Le soleil se couchait tranquillement sur la ville de Gatineau. Un faible lueur orangée éclairait les rues, et des ombres menaçantes envahissaient les moindres recoins à l'abri de l'astre solaire. Le crépuscule surplombait la maison d'Odo Fumio.
Tout le quartier avait été enveloppé dans le noir de la panne d'électricité, et maintenant les lumières revenaient une à une. Pour tous, cette expérience a été des plus ordinaires. Pour le détective privé, cela a été mortel. Personne dans l'entourage n'eurent vent de la mort de leur voisin. Les coups de feu n'avaient pas été assez forts pour être entendus au-delà des murs. C'est ainsi que personne ne prit attention à la silhouette sombre qui sortait du bâtiment.
Le sram regarda à gauche et à droite. Personne ne semblait l'avoir vu, et c'était parfait. "Fumio a sûrement dû appeler des renforts, pensa-t-il. Je ferais mieux de ne pas m'attarder." Il allait partir, alors qu'il entendit une voix derrière lui.
"Tes techniques m’écœurent, Dralbur.
L'évoqué se tourna.
"Gendiki! s'écria Dralbur d'une voix qui se voulait sarcastique. Mon vieil ami! Tu as l'air de te porter bien, dit donc! En tout cas, mieux qu'à notre dernière rencontre..."
Le sacrieur était assis sur le bord du toit de la maison. Chaque parcelle de son visage reflétait une colère infinie. Semblable à un démon tout droit sortit des enfers avec ses peintures corporelles, Gendiki dégageait une telle force de fureur qu'il en était presque méconnaissable. Ses yeux sans pupille ne jetaient plus que de la haine.
Gendiki dégageait une telle force de fureur qu'il en était presque méconnaissable
"Tu te souviens donc... dit-il d'un ton perçant.
- Mmh... Vaguement, répondit le sram, aucunement touché par le ton accusateur de son interlocuteur. Je te croyais mort, jusqu'à il y a peu de temps. Je suppose que c'est dû à ton allégeance au dieu des sacrifices.
- Tu te souviens d'Isaure?
Dralbur fit mine de réfléchir.
- Tu parles d'Isaure Dhaliwal? Ta fiancée? C'était une très belle jeune femme... sûrement la plus belle que je n'aie jamais rencontré. C'était un très bon choix, mon ami.
Gendiki cracha aux pieds du sram.
- Arrête de te jouer de moi. Tu te souviens parfaitement de cette nuit... Notre plan était parfait. Cyrano, mon meilleur ami, aurait dû survivre. Isaure plus que tout. Et moi, j'aurais voulu mourir.
Ses yeux pleuraient des larmes de colère.
- Nous avons commencé à comprendre lorsque Cyrano s'est fait tirer à la tête. Personne, je dis bien personne, n'était au courant de notre évasion. Personne, sauf... toi. Nous t,avions envoyé des lettres, nous t'avons fait confiance! Et là tu nous trahissait... Isaure, pendant son emprisonnement, avait réussi à fabriquer quelques bombes artisanales. Mais ce n'était pas suffisant. Je me suis fait tirer dessus, et étais à l'agonie. Elle seule était encore debout. Elle ne voulait pas me laisser. Je l'ai supplié de partir... Elle n'a pas eu le temps de faire trois pas que tu l'as attaqué par en arrière...
- Ah, oui! ricana le sram. Je me souviens encore du doux bruit qu'à fait ma lame en lui traversant la si tendre peau de son cou...
- Pourquoi as-tu fais ça? POURQUOI?!
- Tu te souviens, quand on était encore des jeunes enfants? Tu m'as sauvé la vie, alors que j'allais tomber dans une crevasse. Tu m'as attrapé par la main. On ne s'est plus jamais séparé..."
Dralbur prit une pause, s’assoiffant du mépris de son rival, derrière un sourire machiavélique. Un sourire qui était invisible, mais qui existait quand même.
"J'avais une dette envers toi. Jamais un sram ne peut tolérer avoir de dette. J'ai rapidement été chassé par mes parents, et dû apprendre les rudiments tout seul. Cette nuit-là, lorsque je t'ai laissé agonisant, sans t'achever, j'ai payé ce que je te devais.
- Et pourquoi Isaure?
- Pourquoi? Tu veux vraiment savoir pourquoi? Parce que cette salope de roublarde faisait déshonneur au divin Sram, qu'elle osait même appeler d'un autre nom. L'amour pour toi dont cette femelle infecte démontrait n'était pas digne d'un bon disciple. Voilà pourquoi!"
Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Gendiki sauta de son perchoir, et atterri sur le sol face à son adversaire. Un œil attentif pouvait remarquer que les tatouages se mouvaient tout seul sur son bras gauche.
"J'ai amèrement regretté de t'avoir sauvé la vie, dit-il. Maintenant, c'est ton tour."
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