Wakfu: l'histoire parallèle (partie 4) - Les Carnets 12 abonnés

Par CegyYgec

Chapitre 4

''Alors mon chéri, ça avance?
- J'ai presque fini, Annabel.''

L'agente l'embrassa sur la joue. Charles pianotait, suait, et travaillait en même temps sur une dizaine d'ordinateurs. Le chauffeur devait lever les jambes à chaque fois qu'il se déplaçait, car le sous-sol de la maison d'Annabel était remplie de fils de toutes sortes qui s'entremêlaient les uns dans les autres. Lorsqu'il a vu pour la première fois tous les appareils, il fut déstabilisé. Il avait utilisé plusieurs machines dans sa vie, mais ces technologies lui étaient presque entièrement inconnues. Heureusement, à l'aide de ce qu'Il a volé à la GRC, il s'y est familiarisé facilement.

Charles bailla. Il avait travaillé toute la nuit. Il tapota quelque dernières touches, puis s'écrasa sur sa chaise, épuisé.

''Tu as fini? demanda Annabel.
- En gros, oui, répondit Charles. Tu es chanceuse d'être tombée sur moi, je serais presque prêt à affirmer que je suis le meilleur pirate informatique au pays...
- Waow! En effet, si c'est le cas, je suis vraiment chanceuse! Et comment tu es devenu si bon?
- Avec de la pratique. Plus jeune, je piratais déjà illégalement pour le compte de plusieurs personnes. Beaucoup de sites sur le web sont entrés en maintenance à cause de moi. Un jour, j'ai décidé que je voulais faire de plus grandes choses. J'ai fait semblant que j'étais un technicien professionnel et, à force de travailler dans le domaine, j'ai développé des compétences inusitées. Mais ma dernière gaffe fut quand un homme m'a demandé de détourner un avion qui volait en direction d'Alabama... Résultat: tous les passagers son morts dans un crash provoqué par moi. J'ai si honte maintenant...

Annabel le serra dans ses bras.

- Ça a dû être très dur pour toi.
- Oui. À l'époque, je travaillais déjà pour Odo Fumio. Depuis ce jour tragique, j'ai décidé de ne servir que le bien. Et aujourd'hui, je suis bien content, car grâce à toi, j'ai enfin ma chance de rendre mes comptes à la société... et surtout de t'être utile.
- Tu ne sais pas à quel point tu m'as toujours été utile... La machine fonctionne vraiment?
- Oui. Lorsqu'elle s'activera, tu auras le contrôle total sur tous les satellites de la planète. Tu pourras programmer n'importe quoi, n'importe où et n'importe quand grâce à ça.
- Et la limite de temps?
- Le système fonctionnera environ une heure, avant d'être stoppée par les technologies de l'armée ou du Pentagone, expliqua Charles. Par contre, ils peuvent détecter ta position bien avant.
- C'est-à-dire?
- J'ai modifié les données sources du signal, et y ai ajouté un brouilleur. Cela te donnera 30 minutes, ensuite tu devras fermer l'appareil. C'est assez?
- C'est plus que ce dont j'ai besoin, dit la femme en souriant.
- Je ne voudrais pas être indiscret, mais que vas-tu faire exactement?

Annabel réfléchit deux secondes, puis répondit:

- Avertir la population mondiale du danger qui la menace, pardi!
- Mais tu ne m'as pas encore expliqué...
- Écoutes, Charles chéri, tu es fatigué. Tu as bien travaillé, et je n'ai plus besoin de toi. Va te coucher à ton domicile.

Le chauffeur hésita.

- Comment pourrais-je savoir si tout va bien pour toi?
- Allume la télévision, et tu auras toutes les réponses à tes questions.''



Isaure Dhaliwal attacha le morceau de tissus autour de son cou. Elle plia son coude; la douleur la fit grimacer. Le support qu'elle s'était fabriquée pour son bras cassé était précaire, mais c'était la meilleure solution qu'elle ait trouvé pour le moment. Les soins d'Auriny, tout compte fait, avaient été bien utiles: ses hémorragies avaient cessées.

Elle s'habilla d'un manteau noir. Dans son appartement étaient camouflées des dizaines de bombes, qu'elle cacha sous les pans de ce manteau en question. Elle installa deux pistolets à sa ceinture, ainsi que des détonateurs. Une roublarde n'est jamais désarmée. Elle attacha ses cheveux, puis se regarda dans le miroir. Elle versa une larme et, d'un coup de poing furieux, le cassa en mille miettes. Respirant à fond, elle se dirigea vers la sortie, pour laisser l'endroit complètement vide. Elle mit la main sur la poignée. Une voix se fit entendre dans son dos.

"On part prendre une petite promenade de santé?"

Isaure se retourna. Annabel était assise sur la table de la cuisine, et l'observait d'un sourire démoniaque.

"Tu prends l'apparence d'une putain pour venir me voir chez moi, Andyspak? dit la roublarde.
- Oh, tout de suite les mots grossiers! Tiens, tu vas sûrement aimer cette nouvelle apparence."

L'instant d'après, c'était Cyrano qui était assis à la place de l'agente. Isaure grogna.

"Pourquoi es-tu venu?
- Je te laisse deviner, dit le zobal avec la voix de l'eniripsa.
- Qu'as-tu fais de mon fiancé? Où est Gendiki?

Cyrano ricana.

- C'est justement la raison pour laquelle je viens te rencontrer.
- Quoi?
- Il n'est pas mort. Pas encore. Ça sera à toi d'en décider.



La silhouette se déplaça en direction du grand bâtiment. La femme était camouflée dans son manteau en fourrure, et un grand capuchon la recouvrait presque complètement. On ne pouvait pas voir son visage, caché dans l'ombre du vêtement. Elle monta les quelques marches qui la séparaient de la porte, puis pénétra à l'intérieur.

Les archives d'Ottawa étaient très grandes. Les salles étaient vastes, hautes et remplies de tablettes avec des livres à en déborder. Si on entrait dans ces dédales de corridors littéraires, on risquait de ne pas pouvoir en sortir. Mais la femme n'était pas intéressée à ces bouts de papier sans importance. Elle avait un but bien précis, qui ne détourna pas ses pas. Dans le fond de la pièce, une dame était derrière un comptoir en train de trier des papiers.

L'osamodas cogna sur le meuble pour se faire entendre. Aussitôt, la secrétaire se tourna vers elle.

"Bonjour, je m'appelle Laurence. Comment puis-je vous aider?" dit-elle d'un ton amical.

L'étrangère, toujours sans montrer son visage, regarda autour d'elle, comme suspicieuse. Il n'y avait personne, sauf un concierge qui était afféré à laver le plancher.

"Je cherche un livre, répondit-elle. Un livre qui explique les mystères du monde.
- Qu'est-ce que vous préférez? Un roman de science-fiction, ou plutôt un ouvrage documentaire sur la création de l'univers? Du Darwin, peut-être?
- Je cherche le journal d'Altroo.

Le visage de Laurence blêmi d'un coup.

- Je ne sais pas de quoi vous...
- Il y a quelques jours, un homme et une femme sont venus vous voir. La femme s'appelait Isaure, et possédait sur elle le carnet de son père."

La secrétaire tremblait de tout son corps. La voix de la femme devant elle était tout sauf amicale, et elle avait... la peau bleue! Ses yeux perçants la firent frissonner.

"Mais je vous dit que...
- Je lis dans votre visage que vous mentez, continua l'osamodas, imperturbable. Vous savez où il est. Dites-le moi! Où est-il?!

Les yeux de Laurence se tournèrent vers l'arrière de l'invocatrice. Celle-ci se retourna, pour suivre la direction de son regard, et se retrouva nez à nez avec le canon d'un pistolet. Le concierge la menaçait de l'arme à feu, d'un air calme. Sur son oeil gauche, une machine étrange lui servait d'œillère robotisé, qui fixait la quémandeuse d'un regard métallique. L'osamodas fit mine d'être outrée.

"Vous osez pointer une arme sur une femme faible et innocente? se plaignit-elle, pas du tout dérangée par la menace.
- Nous savons tous les deux que vous n'êtes pas ce que vous prétendez être. Une femme normale n'a pas la peau bleue, et encore moins une queue de dragon.
- Comment savez-vous que...
- Partez tout de suite d'ici, et ne revenez plus!"

La femme ne sembla pas vouloir bouger. Toino poursuivit:

"Inutile de vouloir me prendre par surprise avec votre petite créature draconique cachée sous votre manteau, ça ne prend pas, dit-il sans baisser sa garde.
- Tiens tiens... Je crois comprendre... C'est cette lunette qui vous permet de voir tout cela...
- Exact.
- Comment cela fonctionne? Ça m'intéresse...
- Je peux utiliser plusieurs types de vision. Il y a la vision rayon X, la vision infrarouge, et plusieurs autres. Mais la plus utile, c'est sans équivoque la vision de wakfu. Par exemple, en ce moment, je vois que vous concentrez discrètement votre énergie dans votre bras droit pour me lancer un sort.
- Impressionnant... Tu en sais beaucoup, je te l'accorde. Je suppose que tu sais aussi qu'un pauvre terrien comme toi va mourir s'il ne me dit pas à la seconde où est caché le carnet d'Altroo.

Le concierge rigola.

- Si vous saviez!
- Tu tiens tant à mourir? Ou tu sais que je vais vous tuer tous les deux de toute façon, car vous en savez déjà trop sur moi?
- Hé hé hé... Regardez Laurence, indiqua Toino. Elle a enregistré toute notre charmante petite conversation. Si vous osez lever le petit doigt, elle n'aura qu'à presser un bouton, et le monde entier connaitra votre existence. Malgré tous vos pouvoirs, vous ne pouvez pas stopper Internet, non? Ce n'est pas ce que vous voulez...

L'osamodas grogna.

- Vous avez du courage et de la ruse, terrien, et c'est bien. Mais ça ne vous sauvera pas toujours. Je le trouverai, ce journal, avec ou sans votre aide. Vous ne perdez rien pour attendre"

Elle s'éloigna rapidement, puis sortit de la bibliothèque. Toino rangea le pistolet à sa ceinture, puis fit un clin d’œil à Laurence. La secrétaire était encore toute flageolante. Elle déglutit, et s’adressa au concierge d'une petite voix.

"Je... je ne savais pas que... que tu étais si bon pour mentir...
- Fais-moi plaisir, Laurence: la prochaine fois, enregistre la conversation pour de vrai."Page précédentePage suivante