Concierge versus assassin
"... et c'est pour cela que l'ONU a décidé d’amener tout de suite des mesures d'urgence, et que l'état de crise a été officiellement annoncée dans tous les pays du monde. L'Armée s'occupe hardiment de retrouver ces bombes et cet homme. Nous demandons à la population de ne pas s'inquiéter, et de..."
Laurence ferma le poste de radio. Elle ne voulait pas écouter plus longtemps. La bibliothécaire regarda par la fenêtre. Des manifestants enragés se dirigeaient vers le Parlement, certains tenant des pancartes, d'autres lançant des objets et brisant des vitres. La planète entière ne pense qu'à ça. Laurence est persuadée que tous les réseaux sociaux, dont Facebook et Twitter, sont en pleine discussion sur les bombes. Si jamais la planète n'explosait pas, il n'en resterait pas moins que l'appel mondial aura provoqué un chaos immense autour du globe.
Elle était peut-être l'une des seules qui travaillait aujourd'hui. Après tout, c'est compréhensible: si on va tous mourir dans quelques heures, personne n'a envie de faire du boulot! Les rues étaient bloquées par des séries de voitures klaxonnantes. Les gens quittaient les grandes villes, espérant ainsi s'en sortir. La population se foutait bien de suivre les conseils de l'ONU, elle ne pense qu'à sauver sa peau. Les policiers, dans une telle situation, n'ont aucune chance de retrouver les explosifs. À croire qu'Andyspak voulait vraiment toutes ces grèves, toutes ses rébellions, toute cette peur...
La femme sentit quelqu'un tirer sur les pans de sa robe. Elle se retourna; une petite fille, aux cheveux blonds éclatants, la regardait de ses jolis yeux bleus. Laurence sourit, et se pencha pour se mettre à sa hauteur, elle qui devait avoir 6 ans tout au plus.
"Bonjour petite. Tu as un problème? Où sont tes parents?
- Y'a un monzieur invizible dehors, dit la fillette d'une petite voix craintive.
- Comme c'est mignon, commenta la bibliothéquaire. C'est ton ami imaginaire?
- Z'est pas mon ami. Il est invizible.
- Pourquoi tu ne vas pas lui parler? C'est cool avoir un ami invisible, non?
- Il me fait peur. Z'est un méchant zquelette.
- Mais oui, c'est ça, c'est ça, un squelette invisible... Quelle imagination..." rigola la femme.
Une lumière s'alluma dans son cerveau. Son sourire disparu de son visage, laissant place à des yeux apeurés.
"Toino! cria-t-elle à l'égard du concierge qui passait le balais un peu plus loin. Un sram!
- Un sram?"
Les lampes des Archives s'éteignirent, les laissant dans le noir complet. Seuls quelques fenêtres laissaient un peu passer la lumière, dessinant des ombres inquiétantes. Laurence se tourna vers la petite blonde. Elle avait disparu. Tâtant à la quasi-aveuglette, elle tenta de se repérer une cachette pour échapper à l'assassin.
"Reste derrière ton comptoir, Laurence!" lui lança Toino.
Le concierge installa sa lunette mécanique sur son œil gauche. "Merde, se dit-il. Comment se fait-t-il que tout le monde est au courant? J'espère juste que cet engin me donne assez de perception pour repérer le sram..." Il tourna une roulette, ajustant sa lunette, puis sortit son pistolet. Il voyait parfaitement dans le noir. À sa droite, Laurence était cachée là où il lui avait demandé. Il scanna le bâtiment au grand complet à l'aide de la vision wakfu. Il y a avait une anomalie étrange qui lui bloquait la vue. Il tenta l'infrarouge, et il le vit.
Dralbur s'avançait lentement, sûr de lui, n'étant pas conscient qu'on pouvait le voir. Il cherchait dans la pièce voisine. Toino agit rapidement. Il appuya sur un bouton au mur, puis dévissa un écrou sur le sol. Il savait qu'il ne pouvait pas gagner à la loyale contre un tel adversaire, étant dépourvu de pouvoir. D'ailleurs, cela ne le dérangeait que peu puisque la technique d'invisibilité de l'assassin n'était pas vraiment loyale non plus.
Sans bruit, il enleva deux vis, puis abaissa une manivelle. Il prit un seau rempli d'eau savonneuse, et se cacha derrière un pilier de marbre. Juste à temps: le sram venait d'entrer. Le concierge sortit un pétard de sa poche. Sans se faire voir, il le lança sur Dralbur, toujours invisible. Ce dernier le reçu en plein visage. La petite explosion dégagea un nuage de fumée, lui bloquant totalement la vision. Sans attendre, Toino versa le seau. Le liquide s'étendit sur le sol, jusque sous les pieds du sram. L'assassin glissa. Désarçonné, il tomba sur le dos.
''Maintenant!'' Toino abaissa une autre manivelle. L'étagère remplie de livres tressaillit, puis s'inclina de plus en plus rapidement sur le côté. L'énorme meuble s'écroula sur le sram, dans un grand fracas qui fit craquer le plancher. Les livres tombèrent à leurs tours. Le concierge reprit son souffle. C'était vite fini. Il prit tout de même la peine de vérifier avec la lunette. Il regarda, et... le sram n'était plus là! Un rire résonna derrière lui. Il tourna le regard; Dralbur se tenait derrière Laurence, et levait sa dague.
''Laurence!!!''
La lame frappa. Le sang jaillit. Les jambes de Laurence lui lâchèrent, et elle s'écroula par terre, son cœur ayant cessé de battre. Dralbur poussa d'un coup de pied le cadavre encore chaud, et leva les yeux vers Toino.
''Dis-moi où se cache le carnet d'Altroo.
- Jamais! Je préfère mourir que de le donner à un monstre comme toi!
- Ainsi soit-il.''
___
"BAM!"
Toino donna un coup de pied sur la porte. Elle était verrouillée. Il n'y avait plus d'issue. Il s'accota sur le mur, affolé. La sueur perlait sur son front.
"Ha ha ha ha ha ha ha ha ha!"
Le rire démoniaque résonna sur les parois de la salle. On aurait dit qu'il venait de partout, et de nulle part à la fois. Le concierge était conscient que Dralbur jouait avec lui, c'était évident. Ce n'est pas son simple revolver qui pourrait tuer un... un mort-vivant! Il avança prudemment, vérifiant ses angles morts pour ne pas se faire prendre par surprise. Même avec sa lunette, il ne voyait que difficilement le sram, qui changeait constamment d'endroit. "Altroo ne l'a sûrement pas fabriqué pour une telle situation..." se dit-il.
Il entendit des pas. Quelqu'un marchait à proximité. Quelqu'un qui ne dégageait pas de chaleur. Toino ajusta fébrilement une roulette sur sa lunette, et il le vit. Ou plutôt, LES vit. Sept srams, totalement identiques, l'entouraient. Il abaissa les bras, découragé, en signe d'abdication.
"Je suis trop vieux pour ces conneries..."
Un des doubles s'approcha. La tâche était facile, si le concierge se laissait faire. Il leva son couteau, pour le frapper d'un coup mortel. Contre tout attente, Toino se jeta sur le sol, évitant agilement la lame. Il pivota sur lui-même, happant les jambes du double, qui tomba à terre. Un coup de coude du concierge dans son ventre fut suffisant pour le détruire, le désintégrant dans une légère explosion. Vif comme l'éclair, Toino ramassa la dague, et la projeta sur un deuxième double. Celui-ci, pas préparé, la reçu dans le torse, puis mourut à son tour. Le concierge se jeta sur son balais, qui trainait un peu plus loin, et détruisit d'un puissant coup une troisième copie. La quatrième, la cinquième et la sixième tombèrent aussi vite que les trois premiers.
"Fragiles, ces doubles."
Le septième bloqua le balais de sa main. D'un mouvement rapide des doigts, Toino dévissa le manche, et en ressortit une longue lame, avec laquelle il taillada son adversaire, qui explosa comme tous ses confrères.
"Une épée dans un balais? Bien pensé!" commenta une voix au-dessus.
Dralbur était assis sur une étagère, au niveau du plafond. Il sauta, une dague dans chaque main. Par réflexe, Toino plaça sa nouvelle arme à la verticale, puis sauta vers l'arrière. Le squelette s'embrocha sur le pieux, puis cessa de bouger. Alors que le concierge commençait à croire qu'il avait réussit, une ouverture sombre s'ouvrit dans le plancher, et le sram y disparut. Dérouté, Toino tourna la tête pour regarder dans son dos. Il n'eut pas le temps de réagir: une main squelettique lui agrippa le crâne, et le souleva.
Ses pieds s'agitaient dans le vide, ils ne touchaient plus terre. Les yeux exorbités de Toino s'alignèrent avec ceux de Dralbur. Mais le sram n'avait pas d'yeux, seulement deux trous noirs dénudés d'émotions qui le fixaient d'un air glauque. Une lumière sortit de la paume de l'assassin, et une douleur atroce traversa le crâne du concierge.
"Aaaahhh!!! cria-t-il, tiraillé par cette torture mentale.
- Dis-moi où se trouve le journal, c'est ta dernière chance!
- Ja... jamais.
- Je le trouverai, avec ou sans ton aide. Tu ne m'es pas indispensable."
La lame de Dralbur transperça la poitrine de Toino. Le sram sortit le couteau, puis le replanta, animé d'un rictus sadique. Il répéta le mouvement encore et encore, jusqu'à ce que le rouge du sang de sa victime coula jusqu'à ses pieds. Il lâcha le corps, satisfait du supplice qu'il venait d'infliger. Il jeta un coup d’œil à l'immensité de la bibliothèque.
"Hum... il y a des centaines de bouquins... Comment vais-je faire pour trouver le bon..."
"Bang!"
Une balle lui traversa la tête. Plus surpris que blessé, le sram fit demi-tour. Toino était à nouveau debout, comme si rien ne s'était passé.
"Mais... tu étais mort! s'étonna l'assassin.
- Tu as tué mon frère, et ensuite Laurence, dit le concierge sans répondre. Jamais je ne pourrai te le pardonner!"
Il tira un deuxième projectile, que Dralbur évita d'un roulé-boulé. Le sram releva la tête, juste à temps pour apercevoir un poing se diriger à grande vitesse vers son visage. L'instant d'après, le coup de Rémiro enfonça le sram dans le sol de marbre. Un nuage de poussière se leva sous l'impact. Le iop se redirigea alors vers le concierge et Auriny, qui s'était cachée juste à côté. L'eniripsa s'adressa à Toino:
"Vous allez bien?
- Oui, grâce à tes soins. C'est incroyable ces pouvoirs.
- Vous avez vu comment je l'ai écrasé? demanda Rémiro en exhibant ses muscles. D'un coup en plus!
- Tu crois?"
Dralbur se relevait lentement, et leur fit face. Il n'avait aucune marque de blessure, et ne semblait aucunement affaiblit. Il ricana:
"La momification me rend invincible, sombres idiots. Et, malheureusement pour vous, les immenses pouvoirs de mon maitre font durer le sort indéfiniment!"
Assuré, il avança d'un pas. Rémiro monta sa garde. Brusquement, Dralbur s'arrêta, et son corps se secoua de tremblements. Des particules noires s’échappèrent de plus en plus rapidement, et les bandages tombèrent. Le sram se désintégra en poussières au pied de Rémiro, qui sursauta, abasourdit. Les lumières se rallumèrent. De l'assassin, il ne restait maintenant plus rien.
La momification était terminée.
___
"S'il-vous plait, monsieur Toino, dites-nous où se cache le carnet d'Altroo.
- Soigne Laurence d'abord!
- Toino, Laurence est morte! Il n'y a plus rien à faire! Je ne peux pas ressusciter les morts!"
Toino pleurait à chaudes larmes sur le corps sans vie de la bibliothécaire. Auriny tenta de le consoler, mais sans succès. Antoine, qui était parti allumer les luminaires des Archives, arriva à son tour avec Simon et Lily.
"Toino, je suis vraiment désolé, je comprend que tu tenais beaucoup à elle, mais... si tu ne veux pas que son sacrifice n'ait pas été fait en vain, nous devons lire le journal du crâ. Et au plus vite, avant qu'il soit trop tard. Montrez-nous seulement dans quelle rangée, dans quelle section il se trouve...
Le concierge hocha la tête.
- De toute façon, ça n'a plus d'importance..."
Sans même se lever, il mit la main dans son dos. De sa ceinture, il sortit un petit carnet noir. Le journal d'Altroo Dhaliwal, disciple de crâ, allait enfin dévoiler ses secrets.
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(Nezorf: si tu me lis, je te pouete parce que la on est pas en RP et Cegy l'a dit lui meme il fait des modifs persos, NA )