Malum est, diabolus ipse. Vere?
Un piou vert s'envola. Des feuilles de frêne tombèrent. Le pied nu cassa en deux une branche morte sur le sol. La terre riche en nutriments laissait des empreintes à chaque pas de la sadidette. Lily s'accota près d'un arbre légèrement recourbé, pour observer de loin son campement.
Des branches et des feuilles camouflaient dans la forêt une espèce de hutte fabriquée en végétaux et autres éléments entièrement naturels. Personne, hormis l’œil d'un sadida, pourrait découvrir cette cachette. Lily était enfin seule. Elle jeta un coup d’œil à son collier. Le cristal dont-personne-ne-connait-le-nom brillait légèrement. Elle soupira. La vie était dure pour elle, depuis qu'elle possédait ce cadeau empoisonné. Elle gardait sa beauté et sa jeunesse, mais perdait son intimité et sa vie amoureuse. Aucun gars ne la laissait en paix, et pourtant jamais elle ne s'est éprise de quiconque.
Elle ne voulait pas quitter son collier. La sadidette n'arrivait pas à percevoir qu'est-ce qui la retenait. L'envie de rester jeune? Le désir de découvrir les secrets du cristal? L'espoir de revoir l'homme mystérieux qui le lui a donné? Elle ne le savait pas. Jamais elle ne s'en séparait. Que ce soit pour se laver, pour dormir, ou pour sortir en public, elle le gardait à son cou, le cristal contre sa poitrine. La jeune femme matérialisa une graine dans la main, et la planta dans le sol. Elle versa un peu d'eau sur la semence, puis s'éloigna.
Lily suivit un petit ruisseau, puis atteignit une plus grosse rivière, où coulait une petite chute. Elle décida qu'il était temps d'aller se laver un peu; elle était toute crasseuse. Elle détacha les fleurs dans ses cheveux, puis se débarrassa de ses bracelets en lianes. Elle se dévêtit entièrement, laissant tomber son linge fait de feuilles par terre. Elle fit entrer la plante d'un de ses pieds dans l'eau. C'était froid. C'était bien. Au moment où elle y trempa son deuxième pied, elle toucha son cristal. Quelque chose lui disait qu'Il était temps de l'enlever, une force qui allait au-delà de sa compréhension. Elle se dit que, pour une seule fois, ce n'était pas bien grave, et elle l'enleva.
Le niveau de l'eau atteignit les genoux de la sadidette. Elle ferma les yeux, se laissant par le son des pious et du vent dans la forêt. Elle était bien seule. Doucement, Lily plongea sous le liquide pur et transparent, laissant l'eau recouvrir son corps.
___
Un piou rouge s'envola. Des pétales de fleur de lin tombèrent. Le pied nu cassa en deux une branche morte sur le sol. La terre riche en nutriments laissait des empreintes à chaque pas du garçon. Le jeune homme s’accota près d'un arbre légèrement recourbé, pour observer de loin un campement.
Des branches et des feuilles camouflaient dans la forêt une espèce de hutte fabriqué en végétaux et autres éléments entièrement naturels. C'était une très bonne cachette, il était sûrement l'un des rares qui pourrait la découvrir. Il s'approcha. Il n'y avait personne. Il était seul. Il secoua ses cheveux roux, puis regarda sur le sol à ses côtés. Un trou étrange laissait des traces d'enracinement. Le garçon tâta la place. Une plante bizarre venait d'y pousser, et était... partie. Mais bon, c'était sans grande importance, il verra bien plus tard.
Soudain, il entendit une voix. Il tendit l'oreille. Quelqu'un chantait. C'était une voix douce, féminine. Une mélodie. Le jeune homme suivit un petit ruisseau, puis atteignit une plus grosse rivière, où coulait une petite chute. La voix s'était tue. Dans l'herbe devant lui étaient déposés en une pile des feuilles, reliées par des cordes et des lianes, suivie de fleurs étrangement tressées. Un peu plus loin, il distingue une lueur blanche. Il s'avança vers le cours d'eau. Sur la rive, un cristal blanc brillait. Le garçon planta son épée dans la terre, et se pencha. La pierre brillait de plus en plus. Il tendit la main; la lumière devint éblouissante.
Le chant recommença. Il y avait quelqu’un sous la chute! Rapidement, l'inconnu fit demi-tour et se cacha derrière un bosquet. Il jeta un coup d’œil discret. La fille continuait de chanter. Elle ne l'avait pas vu. Il l'observa encore plus attentivement; c'était une adolescente, presque adulte. Elle avait la peau claire pour une sadidette. Elle était belle. Sa chevelure verte descendait gracieusement le long de son corps... nu! Elle était toute nue! Le visage du garçon tourna au pourpre, et il détourna son regard. Il n'avait pas remarqué qu'elle ne portait rien!
Elle était belle. Sa chevelure verte descendait gracieusement le long de son corps...
"Tap!" "Tap!" "Tap!" "Tap!"
Encore sonné par ce qu'il venait de voir, le jeune homme entendit un petit bruit. Il cligna des yeux. Devant lui, une goulue, un large bâton dans les mains, l'observait d'un air menaçant.
___
Lily cessa de chanter. Elle avait entendu quelque chose. Elle se retourna. Rien. Haussant les épaules, elle se remit à sa toilette. C'était sûrement seulement la chute qui faisait du bruit en...
"Aaaaaahhh!"
À ses souvenirs, la sadidette n'avait jamais entendu une chute d'eau crier. Elle remarqua un mouvement sur la rive. Elle ne vit qu'une silhouette avec des cheveux roux se faire pourchasser par sa poupée, cette dernière le gratifiant de multiples coups de bâton. "Un gars me reluquait" se dit-elle. Sans perdre de temps, elle sortit de la rivière. Un laser blanc la frôla, et désintégra la poupée. Lily, instinctivement, empoigna une épée blanche qui se trouvait à proximité, et sauta sur l’intrus.
Le garçon ne vit pas le coup arriver. Il tomba sur le dos, frappé au visage d'un poing solide. La sadidette mit un pied sur son torse pour l'immobiliser, et accola la lame de son arme sur son cou. Le jeune homme redevint rouge comme une pivoine lorsqu'il vit la fille, encore nue et mouillée, debout juste au-dessus de lui. Mais sa teinte passa rapidement au bleu lorsqu'il sentit l'épée sur sa peau.
"Ne... ne... bafouilla-t-il de peur. Ne me coupe pas avec cette épée, s'il... s'il-te-plaît...
- Pourquoi m'espionnais-tu? Comment m'as-tu trouvée?!
- J'ai pas fait exprès!... Promis juré... Éloigne cette lame, je t'en supplie...
- Dis-moi qui tu es! ordonna Lily d'une voix forte. D'où viens-tu? Tu n'es pas normal, tu appartiens à quelle classe?! Dis-moi quel est ton dieu! Et plus vite que ça! Sinon je n'hésiterai pas!!"
Elle ne semblait pas vouloir relâcher la pression. Le garçon déglutit, puis répondit:
"Je ne sais pas."
___
Lily attacha une fleur dans ses cheveux. Elle ajusta ses habits en feuilles, et peigna sa coiffure. Pendant qu'elle installait ses bracelets, elle jeta de brefs coups d’œil circonspects au côté. Le mystérieux garçon à la chevelure rousse était assis sur une roche une dizaine de mètres plus loin, et feignant de frotter son épée avec sa main. Lui aussi regardait de temps à autre du côté de la sadidette, mais revenait rapidement sa gène qui lui faisait aussitôt baisser son regard.
La jeune femme était intriguée. Intrigué de lui, de son agissement. Elle mit son collier à son cou, puis continua à l'étudier de ses yeux curieux. Lui évitait son regard, comme intimidé. Pour Lily, cette façon d’agir était complètement inhabituelle. Normalement, les garçons ne cessent de la fixer, et vont même souvent jusqu'à lui sauter dessus. Pas au sens littéral, mais quand même... Il était différent des autres et, elle devait bien l’avouer, était assez attirant...
Il ne portait presque rien, sauf un pagne marron pour cacher... ce qu'Il y avait à cacher. Pour la sadidette, c'était assez fréquent de voir des sadidas si peu habillés. Mais le garçon avait la peau anormalement claire et des cheveux roux. Il ne ressemblait en rien au peuple des arbres, sauf peut-être son aspect sauvage. Lily décida de prendre la parole la première:
"Tu es sérieux?
- Quoi?
- Tu n'as pas fait allégeance à aucun dieu?
- Pas à ce que je sache, non.
- Alors, d'où tires-tu tes pouvoirs? C'était quoi ce laser qui a désintégré ma goulue d'un coup? Explique-toi!
Le jeune homme se tourna vers elle.
- Je... je ne le sais pas... répondit-il.
- Tu te joues de moi? dit la sadidette en soulevant un sourcil.
- N... non..."
Et il rebaissa la tête. Il n'était vraiment pas à l'aise. De plus en plus bizarre. Mais il avait l'air sincère. Quelque chose disait à Lily qu'Il ne mentait pas.
"Bon, supposons que tu dises vrai, tu pourrais au moins te présenter, reprit-elle. Moi, c'est Lily. Lily Siméas. Et toi?
- ...
Il ne semblait pas vouloir répondre.
- Allez, s'il-te-plaît, j'aimerais bien te connaitre d'une autre façon que par le-pervers-qui-m'espionnait-pendant-que-je-me-lavais.
- ... On m'appelle Â.
- A?
- Â. Avec accent.
- Ah... hésita Lily, de plus en plus incrédule.
- En trool, cela signifie littéralement je-ne-sais-pas, se dépêcha d'expliquer le garçon. Dans le fond, ça me désigne comme étant celui-dont-on-ne-connait-rien.
- Même par toi-même...
- Exact.
- C'est un surnom que tu t'es donné?
- Non, mes parents m'ont nommé ainsi, répondit-il tout bêtement.
- Tes parents sont des trools!?
- Non! Oui... Enfin... Euh... tenta maladroitement le dénommé Â, remarquant sa gaffe. On peut changer de sujet? Je n'ai pas envie de... de raconter mon enfance.
- D'accord. Tu m'en diras plus quand la mémoire te reviendra" le taquina la sadidette.
Elle se surprit à le tutoyer. D'habitude, elle vouvoie tout le temps... Qu'est-ce qui se passait? Pourtant, elle ne le connaissait pas! Elle était vraiment tombée sur un phénomène: aucune classe, des pouvoirs spéciaux, une épée écarlate... Son regard se posa sur l'arme.
"Dis-moi, commença-t-elle. Pourquoi étais-tu si effrayé que je te coupe avec ton épée? Tu as peur des petites coupures?
- Non, ce n'est pas vraiment ça. Regarde."
Vif comme l'éclair, le garçon sauta sur ses jambes, et propulsa son épée telle une lance en direction de Lily. La sadidette n'eut le temps que de distinguer l'arme passer à quelques centimètres de son visage, puis elle se tourna. Un gros gugu violet, qui passait derrière elle, se vit frôlé par la lame, qui ne l'écorcha que d'un petit millimètre au niveau du ventre avant de se planter dans le sol. L'oiseau était à peine blessé, mais se mit à tanguer. La blessure devint noire, et le recouvrit tout le corps. En cinq secondes, le gugu se désintégra en poussière. Il n'en restait plus rien.
La sadidette n'eut le temps que de distinguer l'arme passer à quelques centimètres de son visage
"Il y a quatre ans environ, je me suis coupé la main, commenta Â. Elle a commencé à se désintégrer, et l'effet a monté le long de mon avant-bras. J'ai été obligé de m'arracher le membre au complet. Sans cette réaction, je serais mort, mon énergie absorbée par l'arme."
Lily ramassa l'épée avec précautions, par le manche, et l’amena au garçon. Celui-ci le reprit, et, sans avertissement, asséna un coup sur la sadidette. Une lumière blanche en sortit, et la lame rebondit sans la blesser.
"Le porteur de l'épée peut la maitriser sans danger s'il sait comment s'en servir. Lorsque je la tiens, je peux décider si elle va couper, ou si elle va rebondir, comme sur toi là.
- Ne. Me. Refait. Plus. Jamais. Ça! balbutia la jeune femme d'un ton qui se voulait ferme. J'ai eu la peur de ma vie!
- Désolé.
Lily souffla un peu, puis reprit:
- Tu dis t'être arraché le bras. Alors, pourquoi est-il encore là, intact?
- Ben... C'est assez compliqué...
Il cherchait les bons mots.
- De façon assez simplifiée, on peut dire que je suis immortel."
La sadidette se frotta le crâne. Ce trop plein d’informations absurdes lui avait donné mal à la tête.
Page précédentePage suivanteDerniére modification le 29/10/12 é 09:42
Liste des principales mises é jour :
13/10/12 - Finition des 20 chapitres