L'histoire d'Eraldiel - Les Carnets 6 abonnés

Par Eraldiel

Les gardes de Bonta, vaincu par Fideus, étaient assis en demi-cercle devant lui et Eraldiel. Ils récupéraient de leurs blessures lentement, avec l'aide des pouvoirs de l'Eniripsa.

<<-Alors comme ça, c'était juste un malentendu ?

-Oui, acquiesça Fideus.>>


Il lança un regard au soigneur. Celui-ci rangeait les bandages, arrêtant les soins du petit groupe. Ceux-ci furent surpris : en effet, ils n'étaient pas tout à fait rétabli. Dans un sourire bienveillant à leur attention, il sortit du pain de son sac, qu'il distribua aux gardes. Il ajouta que la récupération de l'énergie de manière naturelle était la meilleure façon de se sentir en forme. Le Crâ mordit dedans directement, alors que les deux autres le remercièrent auparavant. Il le fit après avoir avalé sa bouchée.

<<Explique-moi comment tu t'es retrouvé avec la gorge dans cet état, Eraldiel.>>


Il raconta alors qu'un Sram l'avait attaqué. Il portait un costume sombre, en tout cas, c'est ce dont il se souvenait. Il raconta également comment, par miracle, sa régénération avait fonctionné. Finissant son récit, il laissa un silence. Soudainement, il se rendit compte qu'il n'avait pas encore soigné Fideus et se tourna vers lui.

<<Si vous vous êtes battu contre trois gardes de Bonta, vous devez être blessé.>>


Fideus répondit par la négative. C'était un guerrier solide. Eraldiel insista pour l'examiner, ressortant ses bandages. L'Ecaflip finit par abdiquer et s'asseoir comme les autres gardes, attendant qu'Eraldiel fasse son travail. Il tendit le bras pour que l'Eniripsa examine les brûlures provoquées par les flèches explosives du Crâ. Avec des petits "Tssk tssk tssk", il appliqua quelques petits onguents de sa composition, et banda le bras de Fideus, de manière très professionnel. Il soignait avec douceur et avec son coeur. L'Ecaflip fermait les yeux, appréciant les soins apportés, mais également souffrant de ces derniers.
S'occupant du bras suivant, il appliqua de nouveau un peu d'onguent mais en moins grande quantité. Celui-ci avait été moins exposé au feu magique. Profitant que l'attention d'Eraldiel était déjà tourné sur ses soins, Fideus regarda son cou. Plus aucune trace de sa blessure, si ce n'était le sang séché qui faisait une sorte de croûte sur ses vêtements. Puis leurs yeux se rencontrèrent à nouveau. Fideus rompit le contact directement, un peu gêné. L'Eniripsa le regarda de plus près, avançant son visage près du sien pour vérifier une trace sur la joue de l'Ecaflip. Il ne s'était pas trompé, il avait été brûlé ici également. Lâchant son bras, à présent soigné comme il le fallait, il rangea son onguent dans une poche de sa ceinture et sortit une fiole de couleur verte. Il l'ouvrit et versa quelques gouttes au bout de ses doigts. Les autres le regardaient faire, n'ayant pas eu droit à ce produit. Lorsqu'il tendit les doigts vers le visage de l'Ecaflip, celui-ci eu un mouvement de recul instinctif. Finalement, il se laissa faire, faisant confiance à Eraldiel. Le fluide présent dans le flacon attisait légèrement l'impression de brûlure, mais le contact avec l'Eniripsa calmait cette réaction. En effet, ce produit était spécialement conçut pour les brûlures faciales, car chacun sait que le visage est un endroit plus fragile que les bras, ou le buste.
Ce contact purement innocent se transformait dans la tête de Fideus en moment romantique. Il était tellement heureux que son Eniripsa aille bien, soit en vie. Il s'était senti si coupable de ce qui lui était arrivé qu'il avait ressenti un poids énorme se retirer, comme lorsqu'il l'avait embrassé hier. Cet...Eniripsa...lui faisait du...du...bien. Lorsque les doigts du médecin se retirèrent, le chat malicieux posa sa main sur la sienne, pour le retenir et changer la nature du contact. Gêné par son propre geste, il ferma les yeux, ne voulant pas affronter ceux de l'intéressé. Pourtant, il ne comprenait pas. D'ordinaire, c'était lui qui gênait les gens par ses faits et gestes à leur attention. C'était lui qui avait tant de fois effleuré leur joue et s'était retrouvé la patte rattrapée au dernier instant pour faire durer le contact. C'était lui qui les regardaient fermer leurs yeux et venaient leur voler leurs lèvres. Il lâcha la main de son compagnon, regrettant peut-être son geste.
Eraldiel put enfin retirer sa main de la joue de Fideus. Il n'avait pas compris la réaction de son ami, qui agissait pourtant souvent de façon extravagante. Une chose était sûr, Eraldiel ne semblait pas avoir partagé le moment de la même manière que l'avait fait l'Ecaflip. S'essuyant sur un torchon présent dans la poche de sa cape, il ne vit aucune autre chose à soigner. Les gardes furent stupéfaits : c'était tout ce qu'il avait à faire pour le soigner alors qu'ils avaient passé facilement cinq fois plus de temps chacun à se faire bander ! Puis l'Eniripsa sortit une autre miche de pain et la tendit à Fideus avec un sourire. Il le remercia mais ne mordit pas dedans tout de suite.
Le médecin se retourna vers les gardes et leur fit des excuses pour l'attaque de son compagnon. Les gardes répondirent de manière groupée mais non synchronisée des "Y'a pas de mal", "un ptit malentendu", "hahaha". Puis ils se regardèrent tous et rirent de bon coeur. Finalement, aucun d'entre eux n'étaient mort, voire, ils se portaient même bien. Eraldiel leur sourit, tandis que Fideus gardait une mine grave. Il avait encore toutes les corvées que Mysthys lui avait donné à réaliser. Il poserait les questions à sa meneuse plus tard. Puis il profiterait d'Eraldiel ce soir, si c'était possible. Il se releva, rangeant la miche de pain dans son sac. Il annonça qu'il avait énormément de travail et qu'il devait s'activer. Sur un signe de la main, il commença à courir vers le Canoon pour Amakna, qui n'était pas si loin. Personne ne semblait vouloir l'utiliser, il put ainsi le préparer directement et allumer la mèche. S'engouffrant dans l'engin, il espérait retomber près de Bardop. Ou directement sur lui. Il ricana intérieurement à l'idée qu'il puisse lui atterri sur sa tête, par le plus grand de tout les hasards. La mèche atteignit la poudre et dans un bruit assourdissant, l'Ecaflip fut projeté dans les airs violemment. Ces sensations étaient toujours géniales, surtout lors de la descente ! Qui s'amorça sans plus attendre. Riant à gorge déployée, il aperçut enfin la terre d'Amakna. Il atterrit la tête la première. Tout le haut du corps coincé dans la terre, avec ses jambes gigotant à la surface rendait la scène comique. Il dégagea ses bras, puis prit appui sur la terre autour de lui. Dans un petit "pop" caractéristique de l'ouverture d'une bonne bouteille de Crampomy, il se remit debout en un instant. Il s'ébroua pour enlever la terre dans ses poils et tenta de connaître la région d'Amakna où il avait atterrit. Pour le savoir, il ne fallait pas voir. Mais il fallait écouter. Des sons légèrement effrayants sortaient des roches trouées disposées un peu partout. Les Champs qui Chantent. Quelle chance ! C'était par ici que Bardop devait mener ses recherches ! Il n'y avait plus qu'à le trouver.
Il sortit une carte des Champs qui Chantent d'Amakna, que Mysthys lui avait fourni il y a longtemps. Il se situa par rapport à la topologie. Il la rangea, enthousiaste à l'idée de surprendre cet idiot de Crâ, quelque part entre les pierres trouées. Il ricana, imaginant Bardop sursauter tellement qu'il viendrait à se coincer dans un des trous mystérieux qu'il étudiait. Il s'approcha d'une roche, puis mit sa tête à l'intérieur, pour voir ce qu'il pouvait bien y avoir de spécial. A part produire des sons, cette roche ne devait pas avoir beaucoup de propriétés. Mysthys avait certainement donné cette mission à Bardop pour le punir de son comportement trop hautain. Il ricana encore, sa voix amplifiée par l'ouverture.

<<On peut savoir ce qui te fait rire ? fit une voix très proche dans son dos.>>


Fideus sursauta tellement fort que l'arrière de sa tête buta contre la roche et se coinça. Lâchant un petit glapissement de douleur, il se rendit compte qu'il venait de se faire avoir comme il aurait voulu avoir Bardop. Ce dernier riait très fort en le pointant du doigt, se moquant très clairement de son équipier.

<<-Ah oui, je comprends ce qui te fait tant rire à présent, se tordit Bardop.

-Au lieu de te marrer, aide-moi à sortir de là ! rétorqua Fideus.>>


Bardop essuya une larme, puis reprit son sérieux. Il demanda tout d'abord ce que fichait l'Ecaflip ici. Ce sus-nommé répondit, en même tant que de tenter de décoincer sa tête, que Mysthys le demandait au Fourré de Tonkult. Cela tombait bien pour le Crâ : il venait de finir son rapport sur ses recherches. Remerciant l'Ecaflip, il s'en alla vers la Route Croustillante, prendre le Zaap pour Bonta. Ce dernier protesta, alors que son équipier le laissait à son triste sort.
Fideus redoubla d'ardeur et de force pour s'en aller, mais n'y parvint pas. Au bout de dix minutes à se faire du mal en essayant de dégager sa tête à grand mouvement, il abandonna. Il avait arrêté de gigoter, il s'était tu, il était calme. Il soupira, réfléchissant à une manière de sortir de là, et de continuer à effectuer les corvées de sa meneuse.
Par miracle, un Sram s'arrêta vers lui pour lui proposer son aide. Naturellement, il accepta, et il parvint à se décoincer grâce au Disciple du Dieu Fourbe. Avec un soupir, et une patte sur son cou, il le remercia. Le cherchant des yeux pour voir à quoi ressemblait son sauveur, il s'aperçut qu'il avait déjà disparu. Avec sa bourse. Damn. Bah, en y repensant, ce n'était pas si grave. Elle était vide depuis qu'il avait invité Eraldiel. Se massant le cou d'une patte, il se remit en route pour prendre le Canoon en direction de Sufokia. Il ressortit sa carte pour se diriger correctement. Quelques minutes plus tard, il préparait son second vol. Allumant la mèche, il sauta de nouveau dans un Canoon, espérant qu'il aurait autant de chance que tout à l'heure, et trouver Katchin en un tournemain. Il s'envola dans un vacarme assourdissant et amorça sa descente vers une plage de sable. Se retrouvant une seconde fois à moitié immergé dans le sol, il n'attendit pas avant de se remettre droit et de regarder autour de lui. Le Rivage Steamulant ! Il était encore une fois au bon endroit. Il ne manquait plus qu'à trouver cette Roublarde à la tenue turquoise. Une chose rare chez les roublards : s'habiller flashi. D'ordinaire, ils préféraient les couleurs sombres pour renforcer leur discrétion, mais Katchin semblait sans tamponner. Peut-être car elle adorait le vacarme produit par tout son attirail, qui sait ? La discrétion, ce n'était pas vraiment son point fort.
Alors que Fideus allait sortir une carte de Sufokia, il ressentit un danger imminent dans son dos. Il fit un bond sur le côté alors que la détonation se répercutait sur les quelques parois non loin. Il se retourna, ayant sentit la balle du revolver fuser près de son bras. Il leva les yeux sur un uniforme turquoise. Katchin, remettant son revolver en place, lui lançait un regard méprisant.

<<Et bien, tu fais des entrées quasiment plus fracassante que moi ! dit-elle comme si rien ne s'était passé.>>


Fideus lui retourna son regard. Il n'avait pas rêvé, elle venait juste d'essayé de le tuer, là ? Il déclama rapidement que Mysthys la demandait et qu'elle ferait mieux de se dépêcher. Sans ajouter un mot, elle tourna les talons pour prendre le bateau à destination de Bonta. Dire que cette sale Roublarde était censée le remplacer dans le groupe des Six lui faisait mal au coeur. D'ailleurs, en parlant de fourberie, l'Ecaflip se souvint de ce que lui avait dit Heolko plus tôt. Peut-être qu'avoir une conversation avec sa meneuse l'aiderait à comprendre ce qu'il entendait par là. Entamant sa marche vers le Canoon dirigé vers Bonta, il repensait à ce tragique Accident. Depuis quelques jours, cela lui trottait dans la tête. Depuis l'arrivée d'Eraldiel, en réalité. Deux nuits de ça, il en avait rêvé. Ce n'avait pas été agréable, et il s'était réveillé en sueur, complètement bouleversé dans son lit. Son ancien Meneur lui manquait énormément. Il ferma les yeux, revoyant les images. Ré entendant le dernier cri de son Meneur. Il revoyait Mysthys se précipiter sur son corps inerte.
Il rouvrit les yeux. Le coeur de Fideus reprit un rythme normal tandis que ce dernier attaquait son dernier voyage en Canoon de la journée pour retourner à la cité divine. Il avait un trou à creuser et...le fichu rapport à rendre ! La détonation chassa les pensées noires qui le troublaient grandement et dans un nouveau 'pop' caractéristique, il dégagea sa tête de la terre fertile de Tonkult. Des vers lui couraient maintenant sur le visage, avec de la terre humide collée sur ses poils. Il s'ébroua mais ne put se débarrasser de la terre. Se servant d'un linge qu'il avait toujours sur lui, il fit partir les derniers morceaux de terre accrochés. Soudain, son corps attira son attention sur la température ambiante. Très différente de Sufokia, elle ne devait pas atteindre les 2°C. Connaissant par coeur Bonta, il n'eut pas besoin de sortir sa carte pour trouver l'endroit où Mysthys lui avait demandé de creuser. Il se mit directement à l'ouvrage, tentant de penser à des choses plus agréables. La partie de dés de ce soir dans le tripot clandestin de Bonta, par exemple ? Bof. Avec un peu de chance, les gardes allaient passer cette nuit quand il serait en train de gagner. Ce ne lui disait plus rien. Balançant la terre à ses côtés, il laissa son regard déprimé vagabonder. Il posa alors les yeux sur une disciple de Sacrieur. Elle lui rendit son regard avec ses yeux noisettes.

<<-Tiens, salut Vernaë, fit Fideus avant de reprendre sa corvée dans un soupir.

-Salut ! répondit-elle en s'approchant.>>


Elle était habillée d'une cape rose chewing-gum, de bottes en laine de bouftou, d'un bustier vert criard et comble de l'horreur, un mulou mort sur la tête. Sa ceinture du Prespic ne lui seyait guère, faisant un contraste roux/vert très laid. Sa Dragolyre tombait au milieu de sa poitrine, jurant affreusement avec ses deux anneaux bleu. Fideus savait pertinemment que Vernaë ne prenait pas soin de son allure mais là, elle avait dépassé quelques records mondiaux. Près de lui, elle l'observait creuser, avec sa mine trop mignonne de chaton sensible ! Il avait l'air triste, tout de même.

<<Ca va pas, Fideus d'amour ? lui demanda-t-elle d'une voix suave.>>


Il tilta au surnom mais ne releva pas.

<<-Je parie que Mysthys t'as fait demander aussi, dit-il.

-Comment le sais-tu ? Tu es si fort Fideus !>>


Et sur ces mots, elle lui sauta au cou, manquant de les faire tomber tout les deux dans la terre fraîchement retournée. Sous les protestations de l'Ecaflip, l'enthousiaste Sacrieur le lâcha, sans perdre pour autant son sourire.

<<Et toi ? Tu ne viens pas ? On pourrait y aller ensemble !>>


A l'entendre, Mysthys donnait plus une fête qu'autre chose. Fideus répondit par la négative et lui annonça sa rétrogradation. L'air effarée par la nouvelle, elle s'accrocha à lui, tentant de le réconforter.

<<-Ne t'inquiètes pas, je vais t'aider à récupérer ta place, mon Fid'n'à'moi !


-Lâche-moi, Vernaë, fit-il en la repoussant doucement. Je viens de rencontrer quelqu'un de formidable, et que je me retire des Six me laissera plus de temps pour en profiter.>>


Il ne savait pas d'où il avait tiré ce nouvel état des choses, mais il était vrai. En tant que membre, Mysthys en demandait bien moins et laissait plus de temps libre. Peut-être était-ce l'occasion de décompresser, après toutes ces épreuves, ces recherches complète...Oui. C'était ce qu'il allait faire. Un lent sourire fendit son visage, le même sourire que lorsque Minazuki lui remontait le moral avec un mot gentil ou une blague. Vernaë, le voyant finalement afficher un message positif après un petit moment de vide, sourit également. Puis, se souvenant qu'elle avait un rendez-vous avec une très fameuse Eniripsa, elle quitta la compagnie de son Ecaflip préféré sur un petit signe de la main.
Le trou enfin terminé, Fideus se demanda à quoi il servirait. Repliant la pelle dans son sac, il en profita pour sortir son rapport sur la résine d'Abraknyde. Relisant brièvement quelques notes personnelles, il compléta le peu qu'il manquait puis apposa le sceau des Six en bas de la dernière page. Il s'approcha ensuite du Havre-Sac de sa Meneuse, puis y laissa tomber son rapport. Il espérait qu' Heolko se l'était pris sur le coin de la tête. Bien que cela était sûrement impossible, cela lui faisait plaisir de le penser. C'était lui le coupable de l'assassinat d'Eraldiel, bien qu'il ait échoué. Quand il y repensait, c'était plus qu'évident : il l'avait croisé en allant dans les Champs de Cania, puis Eraldiel s'était fait égorgé-un truc qu'Heolko adore-, et il lui avait raconté qu'il avait cru voir un Sram en costume sombre. Un jour, il lui ferait payer.
Il allait tourner les talons pour partir à la recherche de son petit Eniripsa quand soudainement Bardop sortit du Havre-Sac de Mysthys. Il le traita d'inconscient avec véhémence alors qu'une bosse très visible sur le haut de son crâne faisait son apparition. Fideus pouffa de rire, avant d'ajouter que c'était très bien fait pour lui. L'Ecaflip lui tourna de nouveau le dos, mais le Crâ l'appela.

<<-Bobby...Il a survécu...? demanda-t-il la mine grave.

-Je ne suis pas censé l'avoir vu, je te signale, se protégea Fideus.>>


Ils se regardèrent un instant les yeux dans les yeux, et le Crâ comprit. Sans échanger un mot de plus il rentra à nouveau dans l'étrange Havre-Sac de sa Meneuse. Fideus put enfin quitter les lieux, à la conquête d'Eraldiel.
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L'Eniripsa bâilla, une main devant la bouche. Il se sentait un peu fatigué de sa régénération, il mettrait sûrement quelques jours à récupérer. Les gardes bontariens l'avait laissé seul ici, reprenant leur fonction première. Quant à lui, il avait flâné dans les rues du Faubourg, bâillant toutes les dix minutes. Il était d'un côté très sincèrement reconnaissant envers Eniripsa et se devait de se sentir heureux d'être encore en vie. D'un autre côté, sa baguette, son unique baguette, avait été rompue en deux. Le peu de magie qui l'animait encore quelques instants après avoir été brisée lui avait permit de survivre, mais à présent, ce n'était plus qu'un bout de bois ordinaire. Comment en retrouverait-il une ? Il finit par s'asseoir sur un banc libre, un peu éloigné de l'Hôtel de Ventes et de la galerie marchande.
Il bâilla de nouveau. D'abord un Iop mesquin, puis un Sram égorgeur. Que d'émotions aujourd'hui ! Fideus lui avait dit que parfois, les membres de Shibia se faisaient agresser et couraient des risques, mais...autant ? S'il était seul, il aurait toujours du mal à se défendre. Il possédait bien une épée, mais, il la manipulait avec ridicule. Puis, l'arme elle-même était ridicule. Qui craindrait une épée où la garde serait entourée de plumes de tofu, et la pointe recouverte de peau-pour ne surtout pas se blesser- ?
En y réfléchissant un instant, l'idée même de nommer cet objet une arme était ridicule. Il lui fallait une meilleure lame, puis une nouvelle baguette. Quoi d'autre encore ? Ah oui ! Un bouclier ! C'était toujours très utile pour se réfugier un instant devant un ennemi légèrement trop puissant. Tandis que les idées de nouveaux équipements protecteurs en tout genre lui venaient à l'esprit, un Ecaflip s'assit près de lui. Eraldiel leva les yeux puis reconnut Fideus. Avant de prononcer un mot, l'Ecaflip lui décocha un sourire charmeur. Il avait décidé de reprendre le dessus de ses émotions, et de son envie de se laisser tout simplement guider par cet Eniripsa.

<<Diel, j'ai de très bonnes nouvelles à t'annoncer, commença Fideus.>>


"Diel" ? Voilà que Fideus lui donnait des surnoms ! Mais qu'avait-il à dire de si intéressant ? L'Eniripsa tendit l'oreille, curieux.

<<Sans trop m'avancer, je pense que tu es devenu un véritable membre de Shibia.>>


L'Eniripsa ne comprit pas. Hier, Fideus lui avait bien dit qu'il était d'ors et déjà membre.

<<Hum...Oui, je sais. Vous me l'avez dit, avant de m'inviter à dîner.>>


L'Ecaflip comprit sa bêtise : de son côté il avait cru que Mysthys allait l'accepter sans test. Mais finalement, il avait eu lieu, et avait passablement coûté la vie à son ami. Il feignit alors la perplexité.

<<-Ah ? J'ai une autre nouvelle intéressante. Nous allons avoir beaucoup plus de temps à passer ensemble ! annonça-t-il sans cacher son enthousiasme.

-Gé...génial, articula Eraldiel.

-Ravi de te l'entendre dire !>>


Fideus se leva, regardant l'épée de son acolyte. Ça n'allait pas du tout !

<<Dis-moi...Cette épée...Ce n'est pas vraiment ton arme de défense, si ?>>


Gêné par cette question, l'Eniripsa détourna la tête. Si en plus il lui avouait qu'il ne savait pas vraiment s'en servir, il aurait l'air d'être l'aventurier le plus ridicule du monde des Douze. L'Ecaflip sourit quant à lui de toute ses dents : il allait forger une épée pour lui, une épée parfaite !

<<-Tu sais quoi ? Je vais te forger une nouvelle épée, bien meilleure !

-Vous savez forger des épées ? fit-il, dubitatif.

-Bien sûr. Je fais également des dagues et des pelles, mais c'est l'épée qui t'ira le mieux.>>


L'Ecaflip commença à l'examiner sous toutes les coutures possibles et imaginables, comme un couturier de renom cherchant des secrets que seul ses yeux pouvaient repérer. Il lui prit la main pour le mettre debout et le fit tourner au trois quart, dans un sens, puis dans l'autre, revenant souvent sur son profil.

<<Oh, oui, magnifique ! s'écria-t-il.>>


Il venait d'avoir une idée d'épée qui irait comme un gant à Eraldiel. Ce dernier nommé se retint de bailler pour ne pas paraître impoli, mais il était si fatigué qu'il fermait presque les yeux inconsciemment. Pourquoi ne pas lui dire tout de suite que de toute façons, il ne saurait pas se servir de l'épée qu'il forgerait ? Cela lui éviterait de gaspiller son temps.

<<Ecoutez, Fideus...Je...hésita-t-il un instant.>>


L'Ecaflip leva un sourcil, réfléchissant aux divers ingrédients dont il aurait besoin.

<<-...je...

-Moi aussi, je t'aime, Diel ! Mais viens, on a plein de choses à voir !>>


L'Ecaflip lui prit soudainement la main puis l'emporta dans les rues marchandes du Faubourg de la Sainte-Eau Dorée.

<<Hey ! s'écria Eraldiel, manquant d'abord de tomber avant de prendre le rythme de la course.>>


L'Eniripsa, une fois de plus, se faisait entraîner contre son gré par l'Ecaflip.Page précédentePage suivante