L'histoire d'Eraldiel - Les Carnets 6 abonnés

Par Eraldiel

Une épée fendit l'air d'un coup net et fluide. La lame reflettait la lumière du soleil, éblouissant légèrement les yeux saphir du propriétaire. L'atmosphère s'était réchauffée, l'hiver était bientôt fini. La Passe d'Armes perdait petit à petit les tas de neige accumulé, montrant plutôt le magnifique pavage blanc de la cité divine. Plus il faisait chaud et plus les Iops se réveillaient de leur hibernation : la Passe d'Armes se voyait envahie par les tas de muscles et les écervelés à la coiffure relevée.

<<Je suis fier de toi ! déclara un Ecaflip à l'attention de l'Eniripsa devant lui. >>

Ce dernier baissa son épée bas de gamme et se retourna vers son Maître d'Armes.

<<J'ai un bon professeur, assura l'Eniripsa.>>

Il rendit l'épée au guerrier joueur qui la soupesa et l'examina de plus près. Cette épée n'était vraiment pas faite pour Eraldiel, mais elle lui avait appris comment se servir d'une lame. Cela faisait déjà un mois d'entraînement; il avait mis le temps, mais il y était parvenu. Il connaissait les rudiments de défense et d'attaque à l'épée à une main. Fideus laissa tomber l'épée dans son Havre-Sac, espèrant qu'elle n'écorche pas de meuble.

<<-Et si nous fêtions ta réussite avec Minazuki ? proposa-t-il avec un large sourire.

-Quelle bonne idée ! Cela fait longtemps que nous ne l'avons pas vu, répondit Eraldiel faisant écho au sourire de son petit ami.>>

Ils s'en allèrent, main dans la main, en direction de la taverne de la Bagrutte. Fideus regarda le ciel bleu qui les surplombait. C'était une journée magnifique ! Depuis qu'il avait quitté les 'Six', il avait enfin du temps pour lui. Enfin un peu de repos, dignement mérité. Il était vrai que Vernaë et Ghurn lui avaient demandé il y a deux semaines de réintégrer le groupe, mais il avait refusé. Être un simple membre était bien moins difficile. Puis il n'avait pas à se farcir la sale tête d'Heolko et de Mysthys. De même pour Bardop ! Quel soulagement de ne plus l'avoir dans les pattes, celui-là.

<<Fideus, tu traînes, remarqua Eraldiel, lui tirant un peu le bras.>>

L'Ecaflip s'excusa et reprit une allure normale. Pour l'Eniripsa, tout allait bien sur tout les plans ! Il avait un petit ami, des fleurs dans son Havre-Sac, une guilde qu'il aimait beaucoup, deux lapinos trognons, un nouveau meuble et des copains ! Il était heureux de cette vie. Ils n'avaient plus aucun problème d'argent depuis qu'ils avaient découvert une bourse boursouflée de kamas derrière le banc où ils allaient très souvent les soirs où le ciel était dégagé. Fideus avait épongé la totalité de ses dettes et avait arrêté ses visites au tripot pour se remettre doucement grâce à ce don venu du ciel. Ils n'avaient aucune idée de l'endroit d'où venait cet argent et préférait considérer cela comme un don d'Ecaflip.
La taverne de la Bagrutte était devenue beaucoup plus fréquentable, depuis que la terrasse reprenait du service. La foule massée sur la cheminée s'était égayée alentour, rendant déjà l'atmosphère moins étouffante. Les deux compères s'installèrent à une table, puis Fideus alla au comptoir. Minazuki avait les deux yeux à moitié fermé, accoudé à son comptoir et retenait sa tête dans sa paume. Voulant lui faire peur, Fideus cogna du poing sur le bois, lâchant un "bouh" des plus effrayants. Cela fit simplement sursauter un poivrot endormi à sa table mais n'eu aucun effet sur Minazuki. Levant un sourcil interrogateur, il approcha la tête. D'ordinaire, il n'arrivait pas à tenir debout si "torché". Suspicieux, il murmura son prénom avec malice, espérant que la douceur le réveillerait. Soudain, le Pandawa cogna du poing sur le bois et hurla un "bouh" des plus effrayants. Fideus fit un bond digne d'un Ecaflip paniqué. Le Pandawa riait à présent à gorge déployée, pointant du doigt le félin accroché à Eraldiel.

<<-Fideus, ce n'est que Minazuki...

-M'a fait peur ce..., commença Fideus.>>

Il se retint de prononcer le dernier mot, se rappellant qui l'écoutait. Il lâcha l'Eniripsa et s'ébroua. Ses poils totalement hérissés l'instant précédent reprirent leur place habituelle.

<<-Tu m'as bien eu, toi ! fit-il à l'attention de son ami.

-Et comment ! Alors, qu'est-ce que je vous sers ? ajouta-t-il avec un grand sourire.>>

Fideus prit une bière maison, tandis qu'Eraldiel préféra un lait chaud. Ils prirent tout les deux place et commencèrent une discussion des plus absorbantes sur l'idée d'acheter un nouveau bureau pour l'Ecaflip. Non loin de leur table, un homme voûté et encapuchoné les écoutait très attentivement, autant qu'il les observait. Ils avaient l'air très heureux d'être ensemble, au vu de leur multiples sourires, regards et de leur deux mains jointes au centre de la table. Fideus ne devait plus du tout penser au Six, et à ce stress insurmontable auquel les membres devaient faire face. Mais bientôt, ses talents allaient être requis. Pour réaliser sa dernière oeuvre...Les années de recherche des Six allaient bientôt aboutir. Enfin, Mysthys mettait en route la dernière phase de son plan. Un plan dont elle seule connaissait la réelle existence. Mais après fouilles conscencieuses de l'havre-sac de l'Eniripsa, la silhouette encapuchonée avait découvert les documents secrets. Il avait mit au courant Katchin, et était prêt depuis plus d'une semaine à réagir. Il suffisait simplement d'être patient.
Heolko voyait Eraldiel comme un véritable don : en plus d'avoir totalement détourné l'attention de l'Ecaflip et l'avoir fait sortir des Six, il pouvait s'éliminer facilement en cas de gêne. Finalement, c'était une véritable aubaine d'avoir manqué son coup ce jour-là. L'Ecaflip, si dangereux auparavant, s'était ramolli à force de candeur et de brioches gaiement offertes par son petit ami. Il but une gorgée de sa bière rance et fixa la gorge de l'Ecaflip. Une si belle gorge ne demandant qu'à s'ouvrir...! Il avait hâte d'y planter sa dague. Une fois que Fideus aura rendu son dernier service, il pourrait.
Fideus n'était pas totalement idiot : il avait remarqué depuis un bon moment qu'un homme les fixait. Que voulait-il ? Il allait rester sur ses gardes. La conversation tourna sur la maîtrise de l'épée, qu'Eraldiel avait finit par acquérir. Au moins savait-il se défendre plus efficacement à présent. Il fallait aussi lui trouver l'épée qui lui irait le mieux...Malgré sa première idée, le jour de leur séparation, il n'avait pas vraiment recherché les matériaux dont il aurait besoin. Il avait visualisé l'épée parfaite, mais elle semblait inaccessible, au vue de la complexité de l'assemblage. Enfin, surtout de la lame, difficilement forgeable !
Eraldiel fit signe à Minazuki de les rejoindre, pour lui apprendre ses nouvelles compétences guerrières. Le Pandawa le félicita avec une grande tape amicale dans le dos, qui fut suivit par un regard réprobateur de l'Ecaflip. Puis les deux amis se firent mutuellement un clin d'oeil, assurant que ce n'était qu'un petit jeu. Il repartit à son travail, et les deux autres se retirèrent. Quittant l'auberge, ils entrelacèrent leur doigts, restant physiquement lié. Mais bientôt, sur un dernier petit bisou, ils se séparèrent. Fideus avait une paire de dagues à forger pour le compte d'une cliente inconnue, et Eraldiel avait une mission de replantage de fleur. L'Ecaflip confia alors à son petit ami qu'il devrait rester sur ses gardes et être prudent. Eraldiel lui rétorqua que c'était plutôt à lui de faire attention aux marteaux qui pouvaient parfois pleuvoir sur ses pieds à la forge.
Eraldiel avait préparé son sac complet de graines de fleurs bleues, à planter dans tout les champs de Cania. Son dernier comptage montrait qu'il en manquait énormément ces derniers temps. Il se mit à genoux, le sac à ses côtés. Il commença son travail avec un large sourire et en fredonnant un petit air de musique. C'était sur cette musique que la semaine dernière, Fideus le faisait valser à la taverne. Dodelinant de la tête au fur et à mesure que son passage préféré et les souvenirs de la danse lui revenait en mémoire, il finissait de planter ses premières graines. Une ombre se forma dans son dos, cachant la lumière du soleil au petit coin d'Eraldiel. Il tourna la tête, se rendant compte de la perte de lumière et aperçu le petit nuage cachant temporairement l'astre solaire. Retournant à son occupation, toujours de la musique en tête, il creusa un nouveau trou.
Soudain, quelqu'un lui tapota l'épaule.
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Mysthys ferma le tiroir de son bureau. Elle était anxieuse aujourd'hui. Fideus n'avait pas voulu revenir parmi les Six, mais elle avait absolument besoin de lui. Ou du moins, de ses compétences. Elle avait sorti sur son bureau tout les plans qu'elle avait dessiné, tout les croquis, tout les schémas, toutes les notices d'explications et tout les rapports attachés de près ou de loin à son projet. Il était fou de voir le nombre colossal d'informations qu'elle avait réuni en seulement deux ans. Chaque rapport avait été fait par un membre des Six différent. Chacun comptait à eux seul un an de recherche. Le dernier rapport rendu était celui de Fideus, sur la résine d'Abraknyde. Il était très complet, même si les petites notes dans les marges pouvaient former à elles seules trois pages supplémentaires, il avait plutôt bien rempli sa part.
La résine d'Abraknyde avait des propriétés très intéressantes selon Fideus. C'était un peu plus que du sang d'arbre, et contenait une essence capable de conserver, sinon de redonner la vie. Des expériences sur des Moskitos avaient l'air de lui donner raison. L'ambre peut briller étrangement au contact d'une onde de Wakfu, voire l'absorber. Après ouverture d'ambre d'Abraknyde ayant absorbé du Wakfu, aucune trace ne différencie cette sève d'un autre morceau d'ambre n'ayant pas absorbé de Wakfu. Ce qui l'avait laissé perplexe.
Du point de vue de Ghurn, le cobalt était à lui seul un matériau très puissant, mais surtout très imprégnable. Il fallait entendre par 'imprégnable' la faculté à s'imprégner d'énergie, et d'en devenir un catalyseur. Il avait testé avec le froid, la chaleur et le Wakfu. Tout semblait fonctionner. Par contre, il ajoutait en note que le cobalt était difficilement forgeable, ce qui le rendait peu pratique.
Bardop avait découvert que les roches trouées d'Amakna étaient tellement habituées à la résonnance qu'elles en produisaient, même en l'absence de vent. Lorsqu'un morceau de roche était isolé, il résonnait également. Ce chant intriguant était pour lui d'origine magique et inhérent à la pierre. Elles ne semblaient pas avoir de relation avec les autres créatures et se suffisaient à elles-même.
Vernaë avait convenu dans son rapport que les craqueleurs, ces tas de caillasses animés, ne pouvaient bouger que grâce à leur coeur. En effet, lorsqu'elle retirait cet amas de cailloux, ils s'écroulaient systématiquement. Les recherches démontraient que quelques pierres clefs permettaient la résurection du craqueleur, et de lui donner l'occasion d'avoir une revanche. Encore fallait-il sacrifier énormément de temps et imprégner de Wakfu le coeur.
Les recherches d'Heolko sur le Nacre de Demi-Moule, à Sufokia, étaient digne d'intérêt. Il avait remarquer que le nacre pouvait faire résonner la magie et l'amplifier. Il avait de suite essayer d'amplifier son Wakfu grâce à une potion à base de Nacre pilé, mais ce test avait échoué avec des crampes d'estomac terribles. Il avait ensuite testé avec un dispositif de dague enrobé dans le Nacre, mais cela n'avait pas été concluant. Ses conclusions étaient donc plutôt négatives, surtout au vu du ratio de 100% d'échec aux tests scientifiques. Il ne perdait pourtant pas espoir.
Mysthys avait quant à elle travaillé sur des recherches poussées de l'art Eniripsa, en sous-marin. Elle avait essayé de faire reprendre vie à de petits animaux, tels que des Moomouches ou des pious. Après avoir utilisé tout son Wakfu pour le premier test, le jetant violemment et sans contrôle sur la pauvre bête déjà morte, elle s'était épuisée pour une semaine complète et avait cassé sa commode favorie. Elle n'avait eu aucun résultat positif, que ce soit via potion, rituel dévoué à Eniripsa ou même des incantations de plusieurs milliers de mots rapporté au retour à la vie. Elle s'était alors mit à la décoction et distillation de poisons violents. En espérant qu'ils deviennent une décoction de résurection, elle insufflait du Wakfu régulièrement dans les mixtures, durant des mois, jusqu'à ce que les potions prenent une couleur bleue saphir. L'une de ses six potions avaient eu un résultat presque positif. Le piou avait retrouvé la vie durant quelques instants, s'était levé, et était mort. Elle n'avait pas eu le temps de savoir si c'était juste un effet des spasmes prévues par le poison d'origine ou si c'était vraiment un retour à la vie. Les autres n'eurent aucune réaction à l'ingestion du breuvage.
Mysthys avait abandonné l'espoir de pouvoir créer un philtre de résurection grâce à la seule puissance Eniripsa. Elle réfléchissait plus à présent à un objet permettant de canalyser énormément de Wakfu et de le diriger avec exactitude, sans en perdre. Elle avait pensé d'abord à une sorte d'entonnoir, mais s'était voué à l'échec. Puis...A la lecture des différents rapports des Six, de ses propres recherches, elle avait eu une idée. Une épée. La garde sertie de morceaux de coeur de craqueleur, élégament disposé, et au milieu une perle d'ambre d'Abraknyde. Une garde à base de Nacre, avec des enjolivures. Une épée avec une lame de cobalt, une lame à l'éclat bleutée et rassurant. Cette idée ne lui semblait pas saugrenue le moins du monde. Elle avait fait des croquis, des scénarios de réaction des éléments, et le rayon de Wakfu possiblement utilisable grâce à la lame. Ce serait une épée simple, plutôt légère, au vu des matériaux, mais résistante. Un petit bijou.
Aujourd'hui, il était l'heure de présenter les plans de l'épée de résurection à Fideus pour qu'il la réalise. Mais un très gros problème se présentait : elle n'avait aucun des matériaux pour mener à bien la réalisation de l'épée. Elle rangea le dossier sur la résine d'Abraknyde et attrapa celui concernant la roche d'Amakna. Elle relut passivement quelques paragraphes sans intérêts sur le résultat d'une expérience bidon de Bardop, puis le referma. Elle ne savait pas où placer cette fichue roche dans l'épée. La garde semblait déjà surchargée, bien qu'un résonnateur interne semblait d'une grande importance. Interne ! La voilà la solution ! La garde de Nacre serait creuse, permettant un rangement chaotique de cette roche et des pierres clefs du craqueleur.
Elle fit de la place sur son bureau, repoussant les croquis, les schémas et les dossiers sur les côtés. Elle saisit une feuille vierge et un crayon. Elle reprit le rapport de Vernaë et de Bardop, en sortit les schémas et croquis des différentes roches puis les posa devant elle. Elle redessina la garde d'épée qu'elle imaginait, et y inclut les pierres. Elle leva ensuite sa feuille et regarda fixement son gribouillage durant quelques minutes. Cet amalgame chaotique de toutes les pierres les unes sur les autres était une mauvaise idée. Mais il fallait pourtant bien tout utiliser, sinon, cela n'avait aucune chance de fonctionner ! Elle allait devoir réfléchir encore un long moment avant de trouver une solution design et utilisable. Elle ne pouvait décemment pas montrer ses plans à Fideus pour l'instant.
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Ghurn observait le petit Eniripsa travailler de loin. Il avait l'air très absorbé par sa mission. Aucun doute : ce jeune homme ne se ménageait pas pour aider Shibia. Le seul point négatif était peut-être son actuelle puissance. Bien que Fideus ait réussi à lui coller une arme entre les mains et à lui apprendre à ne pas se blesser avec, ce n'était pas suffisant pour faire de lui un combattant de première main. Il lui manquait l'expérience du champ de bataille, la confrontation de deux équipes décidées à obtenir la victoire sur l'autre, de situations de crises. Il n'y avait plus aucune place à pourvoir dans les Six, mais qu'importait. Shibia avait toujours eu besoin de membres prêt à confronter les gardes ou autres guildes ennemies. Eraldiel pouvait même devenir un support de choix pour compléter les équipes. Si Mysthys le prenait sous son aile, il deviendrait sûrement un très bon Eniripsa.
D'un autre côté, devoir le surveiller chaque jour commençait à vivement l'ennuyer. Le comportement d'Eraldiel était peut-être très touchant, sucré et pavé de bonnes intentions mais il préfèrait tout de même aller à l'aventure et en tirer des richesses. C'est vrai que depuis qu'il avait rendu son rapport sur le cobalt, Shibia était devenu gravement routinière et calme. Mysthys ne lui donnait aucun nouveau travail important. Après un an de recherche, terminer ce dossier était une délivrance, toutefois, cela l'avait bien occupé entre deux collectes de minerai pour créer des kamas.
Tiens, en y repensant qu'allait-elle faire de ce dossier sur le cobalt ? Pas comme si elle s'intéressait aux minéraux en général. Il abordera le sujet avec elle dès qu'il la verra.




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Bon...Après 5 mois sans rien...Voilà voilà.

Je m'excuse platement envers toutes les personnes qui suivaient un tant soit peu cette histoire. J'ai arrêté de jouer à Wakfu, j'ai eu beaucoup de travail et...Bon...Disons que l'inspiration ne venait pas. Je connais l'histoire par coeur, mais elle est difficile à mettre sur papier. En relisant certaines phrases, je me dis qu'il manque des détails, des actions, des sourires...des émotions. Mais je ne sais comment l'expliquer !

En bref, pardon.

Bonne lecture à tous o/
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