Deux arrières scènes sur quatre
"Est-ce que je pourrais parler à l'agent Antoine Costé?"
Charles avait fait le trajet en voiture jusqu'à la cellule de la GRC. Il était au courant de presque tout ce que l'inspecteur Fumio connaissait, et savait qu'il devait s’adresser à Antoine pour pouvoir communiquer avec Renée et continuer son travail. Il savait qu'Odo n'aurait jamais voulu le voir abandonner.
Après quelques instants d’attente, une jeune femme, habillée des habits traditionnels des plus hauts gradés et coiffée d'une queue de cheval, l’accueillit en souriant.
"Monsieur Charles Chirak? Bienvenue au Département Est de la GRC, dit-elle en tendant sa main.
- Comment connaissez-vous mon nom? demanda Charles d'un air soupçonneux en serrant la main de son interlocutrice. Je ne me suis pas encore présenté. Nous sommes-nous déjà rencontré?
- On peut dire ça comme ça, acquiesça la femme en rigolant. Disons que ce n'était pas d'une réciprocité parfaite.
- Pourrais-je savoir votre nom?
- Mon dieu, j'en oubliais les convenances! Je m'appelle Annabel Audet."
Charles oublia bien vite ses doutes et se mit à observer la femme plus en détails. Annabel, il ne l'avait pas encore remarqué, était belle. Très belle. Pendant un instant, comme hypnotisé par sa beauté, le chauffeur ne sut quoi dire. Ses joues prirent une teinte rosâtre, et il sentit son cœur battre à toute allure. Quelque chose d'invisible s'était tissé entre lui et la fille. Il ne savait pas ce que c'était, mais... c'était agréable. En quelques secondes, il lui sembla que d'être près de cette agente était la plus belle chose qu'il ne pouvait pas espérer dans sa vie.
"Hum, hum! toussota Annabel. Vous veniez pourquoi?
Charles repris ses esprits.
- Euh... Oui, en fait, je voulais voir Antoine.
- Pour quel motif?
- C'est privé.
- D'accord, suivez-moi.
Ils s'embarquèrent dans une série de corridors.
- Vous n'êtes pas un peu jeune pour travailler ici? demanda Charles à tout hasard.
- J'ai depuis quelques années passé le cap de la trentaine.
- Sérieux? Je ne vous donnais pas plus de 25!
- C'est gentil" répondit Annabel, flattée.
"Vous n'êtes pas un peu jeune pour travailler ici?" "J'ai depuis quelques années passé le cap de la trentaine"
Ils arrivèrent dans une grande salle remplie de cubicules. Un écran géant projetait des images satellite et des images proches de deux hélicoptères qui se collaient au derrière l'un de l'autre. Antoine était au téléphone, et criait comme s'il discutait avec des demeurés.
"Non! Nous ne voulons pas les abattre, nous voulons les capturer! ... Arrangez-vous, trouvez une façon de les faire atterrir, mais je ne veux pas de morts inutiles!
Il raccrocha, et se tourna vers Charles et Annabel.
- Monsieur...?
- Charles.
- Le chauffeur d'Odo?
- Oui, exact.
- Deux secondes. Annabel? fit-il signe à sa collègue. Programme-moi la meilleure route aérienne jusqu'à l'héliport le plus proche de leur position.
- D'accord Antoine."
Elle partit, laissant les deux hommes seuls. Charles entama la conversation.
"J'était venu vous parler à propos d'Odo.
- Il va bien?
- Il est mort.
- ... Je suis désolé. Je connaissait le lien entre lui et Renée. C'est bien étrange qu'elle ne m'aie rien dit sur sa mort.
- J'ai des informations qui pourraient vous intéresser. Mais d'abord, j'aimerais savoir.
- Savoir quoi?
Charles enleva ses lunettes fumées, et le fixa profondément dans les yeux.
- Je ne suis pas stupide. Depuis le début, nous avons affaire à des personnes qui ne sont pas humaines. L'assassin de mon maître et ami était une sorte de squelette délavé, et ça, ce n'est pas normal.
Les pupilles d'Antoine se dilatèrent.
- Un sram?...
- Un quoi?
- Charles, je vais tout vous expliquer, promit. Mais premièrement, nous avons quelque chose à finir.
- De quoi s'agit-il.
- Nous nous apprêtons à attraper la bande de Wayh."
___
Le Mont Royal. Il s'agit sûrement plus d'un mont qu'un royal, mais cela ne l'empêche pas d'être très populaire auprès de la population québécoise. Située au milieu de l'ile de Montréal, cette mini-montagne possède une grande histoire. Malgré le fait que la plupart des québécois ne s'en souviennent même pas le Mont Royal reste un très bel endroit qui offre un très beau panorama sur une altitude assez élevée.
L'homme en blanc regardait par-delà un belvédère. Il portait un large manteau surmonté d'une grande capuche. Son regard était fixé sur le ciel infini.
"Bonjour maitre.
- Bonjour Wayh, répondit le maitre sans se retourner.
Le xélor s'approcha.
- Futile est cette humanité noire et froide, continua l'homme en blanc. Il n'y a pas la moindre de trace de wakfu nulle part. Les êtres humains sont des individus inférieurs qui ne méritent pas de dominer ce monde. Tu ne crois pas, Wayh?
- Parfaitement, maitre.
Toujours le regard fixé sur l'horizon, l'homme continua.
- Comment avancent les travaux?
- Eh bien, on a comme je dirais un petit problème... répondit le xélor en tremblant.
- L'armure est complétée, au moins?
- Oui, oui... c'est juste que...
"Comment avancent les travaux?" "Eh bien, on a comme je dirais un petit problème..."
Le maitre l’interrompit d'un geste de la main.
- Je sais qu'elle est mortelle si quelqu'un d'autre qu'un xélor la porte, dit-il. Si l'adaptation pour moi n'est pas complétée et sécurisée à 100%, je préfère attendre un peu. Je ne veux pas prendre de risques. Mais je t'avertis, ne traine pas.
- Ce... ça ne concerne pas vraiment l'adaptabilité...
- C'est quoi le problème alors?
Le xélor déglutit.
- Vous vous souvenez de l'otage dont je vous ai parlé? Ben... il a volé l'armure...
- Donc, il l'a mis sur lui?
- Sans aucun doute.
L'homme grogna.
- C'est impossible! Tu as dit que l'armure n'était pas encore adaptée!
- ...
- Lorsque tu m'as appris qu'accéder à ma requête était impossible à réaliser, j'ai essayé d'être très ouvert, vociféra sévèrement le maitre. Tu m'as dit que fabriquer une deuxième armure était interdit si tu n'avait pas de descendance. Tu as marié une terrienne, et vous avez eu un enfant. Cette part du marché accomplie, je t,ai fait tuer la femme et l'enfant, et tu as commencé à fabriquer l'armure, comme si elle était faite pour ton fils défunt. Tu es le dernier xélor sur Terre, Wayh, comment se fait-il que ce garçon aie pu survivre?
Wayh se trémoussait, s'agitait sur place tant la peur le tenaillait.
- Je... je... balbutia-t-il.
- À moins que...
- Je ne les ai pas tués.
- Quoi?!
- Je... je suis désolé. Je ne pouvais pas. Je les aimait trop. Je les ai quitté, et leur ai demandé d'aller se cacher ailleurs, pour ne pas que vous sachiez que j'avais eu cette faiblesse d'esprit.
- Triple imbécile! Lorsque je donne un ordre, c'est pour qu'il soit respecté! Je savais que cela allait contrarier mes projets!
- Ça ne se reproduira plus.
- C'est trop tard. Bryan est ton fils, et il a repris son armure légitime."
Le xélor tremblait. Son maitre n'était pas tolérant. Cette erreur, il le sentait, risquait de lui coûter la vie.
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