Wakfu: l'histoire parallèle (partie 4) - Les Carnets 12 abonnés

Par CegyYgec

Chapitre 3

L'aube se levait tranquillement sur le secteur du Plateau. Les rayons de soleil traversaient les fenêtres de la maison de Simon. La lumière atteignit le visage de Rémiro, qui s'éveilla en baillant. Il se replaça les cheveux ébouriffés avec ses mains, puis descendit du lit. Ne sachant pas trop quoi faire, il décida d'aller se brosser les dents. Debout, il s'étira, puis se dirigea vers la salle de bain. Soudain, un cri se fit entendre:

"Rémiro!"

Ça provenait de la chambre où avait dormi Auriny! Sans perdre une seconde, le iop se précipita, persuadé que son amie était en danger.

"Auriny, est-ce que ça va?!

L'eniripsa semblait toute excitée.

- Rémiro, viens voir, j'ai quelque chose à te montrer!

Rémiro, visiblement déçu de l'absence d'action attendue, tenta hasardement de s'éclipser.

- Heu... C'est que... je dois aller me brosser les dents...
- Qu'est-ce qui se passe ici? demanda Simon en entrant dans la pièce.
- Il se passe que j'ai découvert quelque chose d'incroyable dans le havre-sac de Jack. Allez, venez voir!"

Simon sauta directement dans le sac. Auriny prit Rémiro par le bras et le tira à l'intérieur à son tour.

"Bon, allez, je vais vous montrer... Simon, où es-tu?
- Ici!"

L'enutrof était obnubilé par un endroit où il y avait des montagnes d'or. Les pièces de monnaie s'entassaient les unes sur les autres, et remplissaient un large recoin du havre-sac. Dans des vitrines sur des étagères à proximité, d'autres piécettes étaient entreposées plus systématiquement: une pièce, "mon premier kama"; 10 pièces, "ma première dizaine de kamas"; 100 pièces, "ma première filouterie". Les trésors du père servaient de paradis pour le fils.

Il y avait aussi de grandes bibliothèques dans la salle. À l'évidence, Jack était un lecteur assidu, et aussi très instruit. On y retrouvait des classiques, comme du Jules Verne ou des pièces de Molière. Certains ouvrages pouvaient aussi être plus inusités, comme "Escroquerie 101" et "L'arnaque pour les nuls". Rémiro, qui n'aimait pas beaucoup la lecture, espéra sans bruit qu'Auriny ne lui ferait pas lire ça. Heureusement pour lui, son amie avait autre chose en tête.

Elle amena son ami dans un autre coin. Sur un piédestal, un lutrin de bois était placé très en évidence. Et sur le support en question reposait un petit carnet, ouvert dans les dernières pages. Auriny le prit, le ferma, puis le tendit solennellement à Rémiro.

"C'est quoi? questionna le iop, incrédule.
- Je te présente le journal de Jack Loriamax, enutrof.
- Le journal de mon père?!"

Simon courut vers eux, et arracha le carnet des mains de l'eniripsa. Il feuilleta rapidement les pages.

"Woah, j'en reviens pas! s'écria-t-il. Et... et tu l'as lu?
- 3 fois, répondit Auriny. Ça, et d'autres livres. Je n'ai pas dormi de la nuit.
- Tu as passé une nuit blanche?
- Ouaip!
- Te connaissant, tu as sûrement découvert quelque chose de très intéressant, commenta Rémiro.
- Tu n'as même pas idée... dit l'adolescente d'un sourire malicieux.

Elle s'assit sur un banc.

- Avant que ton oncle ne meure, Simon, avant même que ton père fasse parti de la bande de Wayh, Jack était dans le groupe qui se faisait appeler "les Indignés".
- Les Indignés?
- Ce groupe était composé de mes parents, de ceux de Rémiro, ceux de Lily et Chloé, ton père, ton oncle, Renée, Altroo et un autre enutrof qui est décédé très tôt. Ils voulaient revenir dans leur monde d'origine, et faisaient sans cesse de la pression sur Glip, l'eliatrop, pour que celui-ci accède à leurs demandes. Mais Glip ne semblait pas pressé de revenir. Alors, les Indignés se sont mis d'accord pour partager leurs connaissances et leurs pouvoirs pour revenir par leurs propres moyens.
- Mais... Je pensais qu'il avait fallu l'énergie des 12 dieux réunis pour venir...
- Renée, qui a côtoyé Glip très longtemps, a une journée dit avoir trouvé comment passer d'un monde à l'autre. Il n'est écrit nulle part quelle était cette façon. Jack ne le mentionne pas, il a fait le vœu solennel de garder cela secret. Toujours est-il que nos parents ont travaillé de concert pendant de longues années... Jusqu'à ce que Wayh arrive, et qu'il annonce la vérité.
- Quelle vérité?
- Ce n'est pas dit clairement. Depuis ce jour, Jack et Saternio, sans le démontrer explicitement, ont peu à peu contesté la technique de Renée, qui était alors presque au point. Ils ont décidé de joindre les forces de Wayh, et de combattre pour lui, et pour Glip.
- Pourquoi? Mon père ne voulait pas revenir dans son monde?
- D'après ce que j'ai lu, il ne contestait pas le retour, mais plutôt la façon d'y parvenir. Il faisait plus confiance au prophète qu'à la féca.
- Et après?
- Ton oncle est mort dans un bête accident d'avion, car il n'a pas voulu attendre ta famille pour le vol suivant. Après plusieurs mois d'entrainement, Glip a fait révoquer les troupes ici, au Québec. C'est là que Jack a tué nos parents. Il avait reçu comme ordre d'éliminer les obstacles potentiels au bon déroulement du plan.

Simon se leva brusquement.

- Mais alors... ça veut dire que...
- Oui. Ça veut dire qu'après 30 ans d'exil sur un monde inconnu, l'eliatrop s'est enfin décidé à repartir. Et c'est pour bientôt. Très bientôt...



"Bon, allez les enfants, je vous rapporte au Département de la GRC. Là, au moins, vous serez en sécurité."

Dès qu'Antoine avait reçu le message, il a sauté dans sa bagnole pour aller chercher nos héros. Il est d'abord passé par la maison de Renée pour prendre au passage Lily, puis a fait sa deuxième escale chez Simon. Ils étaient tous embarqués dans la voiture, qui filait maintenant à toute allure en direction de la cellule de la police fédérale. Auriny et Simon étaient préoccupés. Rémiro regardait un peu partout autour de lui, comme pour chercher quelque chose d'intéressant.

"C'est un beau collier que tu portes là, remarqua-t-il en voyant le bijou sur le cou de Lily. Tu l'as eu où?

Simon et Auriny sortirent sur le coup de leurs pensées.

- C'est un gars qui me l'a donné, expliqua la sadida. Dans un rêve, cette nuit.
- Un gars? voulut en savoir plus l'eniripsa.
- Après avoir vaincu le méchant monsieur barbu, je me suis endormie dans l'herbe. J'ai rêvé qu'un autre monsieur, un gentil, tout habillé de lumière et avec des cheveux rouges comme le feu, m'a pris dans ses bras et m'a transporté dans ma chambre.
- Ah bon? Et tu n'as pas d'autres détails sur ce... gentil monsieur?
- C'est un ange, je le sais. Un ange venu des cieux pour moi.
- Tu es sûre que c'est un rêve?
- Oui... non... je ne sais plus... Ce matin, je me suis réveillée dans mon lit, et toutes mes blessures avaient disparues. Et j'avais ce collier autour du cou."

Elle serra le cristal contre sa poitrine. Une petite lueur blanche en sortit.

"Un jour, je reverrai cet homme, et je lui montrerai que j'ai toujours son collier. Je ne le donnerai à personne, à personne d'autre qu'à lui. Je le garderai sur moi, pour me souvenir..."

Un sourire béat illuminait le visage de la petite fille, pendant qu'elle regardait dans le vide. Auriny sut tout de suite ce qui se passait chez elle: elle était amoureuse. Elle tenta de lui faire comprendre qu'on ne pouvait pas tomber amoureux avec un rêve, quand Antoine prit la parole.

"Eh, les gamins, on discute, on discute, mais vous ne m'avez toujours pas expliqué pourquoi Renée n'est pas avec vous."

Les adolescents se dévisagèrent, surpris. Il n'était pas au courant?

"Elle est partie faire du shopping? plaisanta Antoine.
- Antoine... Renée est morte.

La voiture s'arrêta brusquement sur le côté de la route.

- Quoi?
- Elle a été tué par Léossier, un iop.
- Mais... selon les informations que j'ai reçues, c'est ce Léossier et une certaine Tanthane qui sont morts...
- Renée aussi. Ne me dites pas qu'on ne vous avait pas informé...
- On m'a signalé la mort des deux Encapuchonnés, et j'ai même vu leurs corps, assura l'agent. D'ailleurs, j'ai failli vomir en voyant la vieille... Mais jamais, jamais je n'ai vu le corps de la féca. Selon mes dossiers, elle est encore en vie. C'est complètement n'importe quoi. Quelqu'un a dû falsifier les données.
- Et qui aurait intérêt à faire cela?

Aucune réponse.

- Tout cela ne me dit rien qui vaille, commenta lourdement Antoine. En plus, on a un léger problème à la GRC.
- Quel genre de problème?
- L'agente Annabel, que je soupçonne d'être Andyspak, s'est échappée. Les gardes disent que ce serait Charles qui les aurait attaqué. Ils ont pris la fuite, après avoir cambriolé nos bureaux.
- Ils vous ont cambriolés?
- Ils ont volé plusieurs appareils, notamment de communication. De haute technologie. Je ne sais pas ce qu'ils vont en faire, mais..."

Il se tut, puis remit le véhicule sur la route. Auriny mit ses deux mains sur sa tête, tant il lui semblait que la situation était d'une complexité qui lui échappait. Simon s'accota sur son bras, penseur. Ce qu'Auriny lui avait dit confirmait les dires de Glip. Il n'y croyait pas au départ, mais maintenant, il en était sûr: l'eliatrop a prévu quelque chose. Bien plus qu'un simple retour.

"Si le journal de mon père a pu nous donner plus d'informations, il nous en manque encore. Le carnet d'Altroo est la dernière pièce du puzzle. Il faut le trouver au plus vite."Page précédentePage suivante

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