L'Espoir (Partie 1) - Les Carnets 3 abonnés

5. Chapitre 5 : Ombres en tous genres4

Le donjon Bouftou. Un nom qui faisait rêver tant d'aventurier. Qui n'a pas songé à tuer son légendaire Bouftou Royal? Qui ne s'est pas surpris à rêvasser devant sa panoplie or et laine? Qui n'a jamais rêvé de gloire et légende en ramenant ses reliques mythiques? Quels aventuriers n'ont pas trouvé en ce donjon un formidable endroit pour progresser? Quels osamodas n'ont pas apprivoisé des centaines de Bouftous dans cet antre?
Ce donjon est l'un des plus parcourus chaque année. Et cela ne semblait pas pouvoir s'inverser. A moins que...

Iclafipartare se glissa entre les Bouftou, ombre parmi les ombres. Chaque salle se voyait ornée d'une magnifique bombe incendiaire mêlée à de la poudre enrichie. Un cocktail dont la recette secrète n'était détenue que par le roublard. Il sortit cependant sans rien allumer. Ses ambitions étaient bien trop fines pour de simples Bouftous.

C'est un groupe d'aventurier en quête d'expérience, de trophées et de gloire et goutèrent au mélange maison. Un lourd silence succéda au tumulte des explosions.

«Ce donjon ne sera sans doute plus aussi bien, fit remarquer justement un benêt du coin.»

Saurek essayait en vain de couper ses liens. Depuis la veille, le sram ne n'était pas revenu mais un pichet d'eau et un moignon de pain avait flotté jusqu'à ses barreaux. Son geôlier voulait donc rester invisible pour le faire sombrer dans la folie en le privant de contact humain. Bien sûr, sa nourriture était droguée. La lave chauffait la pièce. Le féca craignait de mourir bouilli par la température ambiante. Ses vêtements n'étaient plus que des lambeaux qui tombaient en cendres un à un.

«Je comptais m'occuper de toi personnellement mais une amie m'a demandé si elle pouvait te voir. Tu as de la chance.»

Le sram réapparu devant Saurek.

«Je vais donc desserrer tes nœuds au niveau des jambes. N'essaye même pas de t'enfuir, l'amie dont je t'ai parlé t'attrapera. Personne de lui échappe jamais.»

Malgré les dernières phrases, le captif regarda la lave d'un autre œil. S'il parvenait à...

«Et même si tu lui échappais elle te retrouverai et sa vengeance sera...»

Le sram desserra ses liens des chevilles puis lui tendit un grand pichet d'eau.

«…terrible. Bois, il faut que tu sois présentable.»

Saurek tendit brusquement les jambes et fit valser le pot vers la lave. Le choc thermique provoqua l'explosion de deux ou trois pierres. Le détenu se jeta en travers d'une des explosions. Les éclats de roche n’épargnèrent aucune parcelle de son corps. Aucune. Ses liens furent tous sectionnés, sans exception.

Le sram hurla de fureur :

«Petit imbécile!
-C'est vous l'imbécile, répondit Saurek en caressant son poignet.»

Une lame de fond semblable à celle qui avait emporté la bande du sram jailli vers la lave. L'eau gelée frappa soudainement le fluide brûlant. La paroi gauche tout entière s'effondra. Le sram explosa. Au dessus, les Sleks se mirent à siffler. Le féca n'attendit pas plus longtemps et sauta par le trou du mur. Il atterrit dans de la boue qui amorti sa chute. Saurek leva la tête et vit que son cachot était au troisième étage du bâtiment où il avait été assommé, le nid des Sleks occupant l'espace entre le cachot et le "toit" des souterrains.

Saurek se mit à courir vers la sortie.

Rhigalt et Wayter se trouvaient ensemble dans la bibliothèque de Brâkmar. Ils essayaient de trouver une parade au problème sufokien tout en analysant la situation. Les heures d'étude associées au manque de sommeil commençaient à peser :

«Que penses-tu de nos problème avec Bonta, demanda le Gouverneur de Brâkmar.
-Je pense que nous n'avons pas besoin d'une guerre avec eux alors qu'ils s'équipent mieux que nous.
-Mieux que nous?
-Le rapport lu par votre neveu est sans appel : "Déjà que leurs cottes sont réputées dans tout le monde des Douze, il leur faut en plus aller chercher des métaux toujours plus rares pour réaliser des alliages toujours plus fins et résistants. J'ai vu de les yeux une de leur cottes servir de lien à deux blocs de roche jetés de par et d'autre du sommet du Village des Ventes. Elle a résisté et résiste toujours d'ailleurs." Rajoutez à ça une Crocobur et nous sommes en infériorité."
-Ce que je crains réellement, ce n'est pas une nation suréquipée mais deux, révéla Wayter. Sufokia et Bonta peuvent s'allier s'ils comprennent qu'ils sont aussi puissants les uns que les autres.
-Et dans ce cas de figure, Amakna lâcherai en une semaine maximum et ensuite, nous. On tiendrait sans doute un mois, voire deux mais pas trois, raisonna le Chef des Gardes.
-Il nous faut donc vraiment empêcher cette alliance.»

Le Gouverneur soupira de dépit

«Et votre recherche sur l'Aiguille de Xélor?
-Ça avance.
-C'est à dire?
-Je retrace son histoire. Le problème c'est que certaines personnes veulent monnayer leurs informations. Au fait, vous savez où est Kirabi? Je ne l'ai pas vu depuis un certain temps.
-Je serais tenté de vous répondre à la taverne mais il est absent depuis trop longtemps. Honnêtement, je m'en fiche mais il faut que je lui trouve un remplacent
-J'en ai un si vous voulez mais... Oh, ça me rappelle quelque chose...»

Rhigalt montra du doigt la base du volcan de Brâkmar. Les deux personnages baillaient à grande bouche. Trois jours qu'ils n'avaient pas dormi :

«C'est là qu'à élu domicile le Boufrog, demanda Wayter.
-Oui. Et à ce que l'on m'a dit, il affaibli considérablement les pouvoir aquatiques autour de lui.
-Donc, les sufokiens...
-Seraient et affaibli et la cible du monstre.»

Le Gouverneur et le Chef des Gardes se regardèrent en souriant. Cette parade n’était pas parfaite, mais avait le mérite de pouvoir anéantir les troupes. Qu’elles soient adverse ou non.

Sous le sol de la Malfamée, un crâ s'ennuyait depuis belle lurette; ses trois carquois reposaient derrière lui. Toutes les flèches de celui-ci étaient comme astiquées par Eniripsa en personne. Leur pointe de multiples couleurs luisaient sous la lumière ambrée de sa torche magique. Des morceaux de mécanismes en tous genres reposaient contre les murs moisis de la cachette où il se trouvait, un vieux cabanon abandonné aux termites et autres nuisibles.

Lui demander de garder cet accès secret... Le Chef était vraiment cinglé! Qui pourrait donc se promener par ici? Une bonne trentaine de mètres sous la terre, un air irrespirable tant il était rance et des créatures dégoutantes en tous genres dissuadaient très bien tous les doués de raison de s'aventurer ici.

Heymez reprit ses flèches et se remit à les astiquer. Sa longue cape rouge fendue à la base et son chapeau cuir aux longs bords lui donnaient un air de seigneur ruiné. Ses traits hautains, ses yeux verts et son physique débordant de puissance brute ne démentait en rien cette impression. Ses cheveux étaient coupés au plus près possible de la racine, afin d’empêcher ses adversaires de les utiliser comme prise de combat. On ne pouvait que deviner leur couleur rousse tant ils étaient courts.

Des bruits de pas interrompirent la monotonie de ses pensées. Il sortit trois flèches explosives de ses carquois en prévision d'un éventuel combat. Les pas résonnaient maintenant dans des flaques d'eau lointaines. Heymez resta sur ses gardes, bien qu'il sache que la confrontation n'aurait pas lieu avant un certain temps.

Les flaques se trouvaient près d'un vieux bâtiment militaire, lui attendait presque à l'opposé mais près d'une entrée secrète et d'une des rares entrées connues et empruntées. Vivement le combat.