Mais c'est quoi le rapport avec l'effet papillon?
Les policiers couraient d'un bord à l'autre, inspectant les différents recoins s'il n'y avait plus de danger. Des volontaires ramassaient les corps de leurs coéquipiers, morts d'attaques qui pour tous étaient d'origine inconnue. Bref, ils étaient sur le branle-bas de combat.
"Mais le combat est terminé! commenta Rémiro.
- Ça, c'est sûrement la chose la plus intelligente que tu aies dit dans ta vie, hocha Renée Walker en regardant ostensiblement les policiers se démener.
Le iop se releva péniblement, sa douleur à la tête se faisant encore sentir.
- On dirait que je sort d'un mauvais rêve...
- Pas étonnant, renchérit la féca. Tu as failli y rester. C'est un coup de chance que tu aies comme meilleure amie une eniripsa.
- Ça va? demanda Auriny.
- Oui oui... répondit l'adolescent. Que s'est-il passé?
- Tu sais ce qu'est que l'effet papillon?
Rémiro fit non de la tête.
- Évidemment, puisque je parles à un iop, dit l'agente en levant les yeux au ciel. Expliquons cela autrement. Quand l'espèce de gamin s'est mis à courir avec son javelot...
- C'est Bryan son nom, précisa Auriny.
- Tu le connaissais? s'exclama Renée.
- Ne faites pas attention à elle, rétorqua Rémiro. Auriny connait le nom de tout le monde dans l'école.
- ... Hum... Oui, bon, ce que je voulais dire, c'est que j'ai été, même encore maintenant, très surprise et intriguée par ce qu'il a fait. C'est comme si il avait deviné que le cadran était relié à Wayh... Même moi je ne savais pas!
- Wayh, c'est le xélor? demanda Auriny.
- Oui. Alors..."
Elle s'interrompit. Lentement, elle se tourna vers l'adolescente.
"Tu as dit quoi?
- Que c'était un xélor.
- Comment connais-tu ce mot?
- Je l'ai lu, c'est tout!"
"Comment connais-tu ce mot?" "Je l'ai lu, c'est tout!"
Elle ne voulait pas dire, du moins pas encore, qu'elle avait lu cette description sur la feuille sortit de son carnet. Renée la regarda d'une manière circonspecte, puis se retourna vers Rémiro.
"Donc cette... créature a été blessée? demanda ce dernier.
- Dans un sens oui, confirma l'agente fédérale. Il s'est vu obligé de relâcher tous ses sorts d'un coup, son cadran et son sinistro.
- Dekèssé?
- Laisse tomber. Il n'était peut-être pas très atteint, mais il était déstabilisé. Assez pour qu'Odo arrive faire son spectacle...
- Kisséssa?
- Le détective qui est venu nous voir à l'hôpital, l'éclaira Auriny.
- L'idiot a tiré sur Wayh, puis s'est fait projeter sur un mur. Heureusement pour lui, rien de grave.
- Et il est où là?
- Après avoir soutenu dur comme fer qu'il m'avait sauvé la vie, il a voulu m'interroger, tel un journaliste dopé au glucose. Je l'ai envoyé promener.
- Il vous a vraiment sauvé?
- Ben... À ce moment, le xélor a commandé une retraite générale. Mia t'a frappé par derrière, ils t'ont martelé de coups... Puis, ils se sont enfuis à l'arrivé des autres forces de police.
Le iop regarda à gauche et à droite.
- Et où est Bryan? Après tout, c'est un peu grâce à lui si on s'en est si bien sorti!"
La féca baissa les yeux. Elle se sentait embarrassée, et n'osait pas répondre tout de suite. C'est l'eniripsa qui prit la parole, rompant le silence.
"Bryan, après s'être débattu de toutes ses forces, s'est fait kidnapper par Wayh et ses acolytes."
___
Auriny, Rémiro et Simon étaient assis dans la banquette arrière de la voiture de Renée. Cette dernière conduisait rapidement sur l'autoroute, jetant des coups d’œil en arrière de temps en temps. Les adolescents avaient besoin de temps pour bien se familiariser avec la situation, et c'était bien normal. Surtout Simon, qui, recroquevillé sur lui-même, ne pouvait s'empêcher d'échapper quelques larmes.
"Pourquoi mon père a fait ça?"
Il avait appris pour la mort des parents de ses amis, et savait que son père était l'assassin. Jamais il n'aurait pu imaginer un jour que son paternel aurait fait une chose pareille. Renée tenta de le consoler.
"Jack était quelqu'un de bien. Et il t'aime plus que tout au monde, Simon. Il serait prêt à donner sa vie pour toi.
- Vous le connaissiez?
L'agente Walker prit une pause, cherchant bien ses mots.
- Écoute, mon garçon, tu dois savoir que nous ne sommes pas vraiment... humains...
- Mais alors, qui sommes-nous? demanda avec force Auriny.
- Je vais pouvoir répondre à tes questions plus tard. Pour l'instant, ce que vous devez savoir, c'est que nous formions un groupe, un conseil d'une dizaine de personnes. Vos parents en faisaient partie. Ton père aussi, Simon. Jusqu'à ce qu'il rencontre ta mère. Il est parti en Alabama avec ton oncle, et on ne l'a plus revu. Il est un enutrof, ce qui fait de toi un demi-enutrof.
- C'est quoi un enutrof? demanda le garçon.
Auriny s'interposa, un sourire malin aux lèvres.
- Regarde Simon! Y'a plein de monnaie sous ton siège!
- Quoi?!"
Le jeune enutrof se jeta sur le sol, oubliant toutes les consignes de sécurité, et fouilla ardemment sous le dossier. À sa grande déception, il n'y avait rien.
"Un enutrof, c'est ça! ricana l'eniripsa.
- Cultivée la petite, commenta Renée. Je suppose que tu l'as lu, ça aussi?
- Oui! souri Auriny, fière.
- Et tu ne veux pas me dire où tu as reçu ces informations?
- Pas avant que vous nous disiez ce que nous sommes!
- Maligne en plus... Tu me fais penser à Odo. Bon, on en reparlera plus tard, j'ai un coup de fil à passer."
Toujours en tenant le volant à une main, la féca ouvrit son cellulaire. Elle composa le numéro de la cellule de la GRC.
Toujours en tenant le volant à une main, la féca ouvrit son cellulaire. Elle composa le numéro de la cellule de la GRC
"Antoine?
- Renée! cria une voix de l'autre côté de l'appareil. T'as vraiment assuré! On se serait cru dans un film!
- Ça t'amuse de me regarder me battre?
- Tu me referas le coup du bouclier, hein, hein? Devant moi? S'teu-plaaîît...
- Antoine! C'est sérieux!
- Même pas le droit de s'amuser un peu...
Renée Walker fronça un sourcil. Son collègue et ami ne changera à l'évidence jamais.
- Tu dois avertir la mère de Simon qu'il restera, pour sa sécurité, auprès de moi, dit-elle d'un ton autoritaire. Avertis aussi l'hôpital que j'ai trouvé un foyer d'accueil pour les deux orphelins Auriny et Rémiro. Ils viendront vivre chez moi, j'ai quelques petites choses à leur apprendre.
- Tu es sûre qu'ils vont y croire autant que moi?
- Ils le seront bien obligés. Toi, l'homo sapiens, tu y as crû assez facilement.
- Homo sapiens SAPIENS, corrigea Antoine. En passant, nous humains, sommes bien supérieurs à vous.
- C'est ça, c'est ça! rigola Renée. On se dirige vers la centrale. Est-ce que tout se passe bien de votre côté?
- Nos robots suivent sans relâche la voiture où se trouvent Bryan et ses kidnappeurs. Ils ne cessent de faire des détours, comme s'ils savaient qu'ils sont suivis.
- Ne les perdez pas d'une semelle.
- Oui miss, on s'y efforce.
Elle réfléchit un instant, puis continua.
- Une dernière chose: faites apporter Lily au département Est, elle doit y être quand nous arriverons.
- La sadida? Ok, ça sera fait.
- Merci Antoine."
Et elle ferma le cellulaire, coupant la communication. Aussitôt, Auriny, qui fulminait d'impatience à l'arrière, demanda:
"Lily? Lily Siméas? La soeur de Chloé Siméas?
- Oui, exactement.
- Comment va-t-elle? On n'a pas vu Chloé aujourd'hui. On s'inquiète pour elle.
- Auriny... Chloé est morte."
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