La salle était complètement noire. Aucune fenêtre n'ouvrait à l'extérieur. C'était une très grande salle, où les murs étaient tellement espacés qu'on ne voyait pas le fond, malgré la mince lueur émise par les bougies installées au centre de la pièce. Des ombres se profilaient partout, on ne pouvait pas distinguer clairement ce qui parsemait le plancher. Quelqu'un aurait pu s'y cacher, et on n'y aurait vu que du feu.
Des pas résonnèrent, suivi d'un claquement de porte. Un homme s'avança dans la lumière des chandelles. On pouvait distinguer vaguement les reflets d'une carabine.
"Maître, je suis là, comme vous me l'avez demandé." commença-t-il.
Une voix se fit alors entendre au-delà des ténèbres. Une voix grave, et étrange au point de ne pas sembler être humaine.
"Tu dois sûrement te demander pourquoi je t'ai sollicité ici.
- C'est le cas, en effet.
- Eh bien, la raison est fort simple: j'aimerais avoir un petit compte-rendu de vos actions ces derniers jours...
- Je me suis acquitté pleinement de ma tâche, maître. Tout ceux au courant de la vérité sont morts, comme vous le désiriez.
- Et les enfants?
- Disons que j'ai eu... quelques complications.
- Tu n'es pas payé à rien faire, Jack!"
"Je me suis acquitté pleinement de ma tâche, maître. Tout ceux au courant de la vérité sont morts"
Deux points lumineux apparurent au fond de la pièce. Une lueur bleuâtre se dégageait de ces interstices, qui semblaient former des yeux. S'étant habitué à l'obscurité, Jack pouvait maintenant discerner la forme humanoïde de son interlocuteur.
"Figure-toi que je suis au courant de tes petites lacunes, continua la voix. Tu devais aussi tuer ces enfants.
- Cette technique a des limites, maître.
La voix s'empourpra.
- J'ai financé votre voyage en Alabama pendant des années, Jack. Vous deviez découvrir des techniques, à l'aide de vos phorreurs respectifs, pour mettre un terme à cette décadence! Saternio aurait fait un bien meilleur travail que toi, j'en suis convaincu...
- Ne me parlez pas de mon frère! s'indigna Jack.
- Et pourquoi pas, hum? Après tout, c'est bien lui qui a découvert ce truc, le phorerreur.
- Phorzerker.
- Et là l'enutrof cadet de la famille s'est mis à le copier, le provoqua la voix.
- Il est mort en tentant de faire l'impossible! Mais moi, je suis plus fort! Je réussirai à parfaire le Phorzerker!
- Je l'espère pour toi! En attendant, suite à tes oublis, j'ai été obligé de demander de l'aide, pour toi, en t'envoyant Pile et Face.
- Ces deux-là m'énervent...
- Et je crois que tu n'as pas intérêt à les énerver non plus."
La voix quelque peu robotique pris une pause. L'enutrof ne pouvait qu'attendre la suite des choses.
"Tu sais pourquoi je vous ai fait revenir au Québec, toi et ton fils?
- Non, maître.
- C'est parce qu'il y en a une qui, contrairement à toi, a fait de grands progrès ces dernières années. Et elle est revenue.
- Ne me dites pas que...
- Je te parle bien sûr d'Èvanovich.
- Eh merde...
- Son séjour en Russie lui a été très profitable. Elle s'est entraînée beaucoup, et a développé de nouvelles techniques destructrices.
- Vous ne me ferez pas travailler avec elle, j'espère...
- Oui, pourquoi pas?
- Elle est sadique, bornée, asociale, sans aucune émotion ni ambition, égocentrique, sans scrupule, meurtrière, hors-la-loi, a un mauvais caractère et crie des insultes à qui veut bien les entendre... ou même moins bien. Elle critique toujours.
- Cette chaîne discontinue de défauts me semble correspondre à ton propre portrait, me tromperais-je? Vous devriez bien vous entendre, non?
- Foutaises! On ne se complémentarise pas, on se fait obstacle! Si ce...
- Assez! l'interrompis son maître. Ne me manque pas de respect! Vous travaillerez ensemble pour rattraper TES erreurs, aie-je été assez clair?
- ... Oui, maître.
- Maintenant, ils sont alertes. Maintenant, ils savent que quelqu'un en a après eux. Vous irez tous ensemble, je ne veux pas prendre de risques inutiles.
- Avec Pile et Face?
- Oui, avec eux aussi. Les enfants ne seront pas à vue à l'hôpital, mais à leur école oui. Vous frapperez lundi, lorsqu'ils seront en cours. Ce n'est pas des petits humains qui vont vous faire obstacle, n'est-ce pas?
- Bof, bof, répondit Jack, pas convaincu.
- N'EST-CE PAS?" répéta la voix encore plus fort avec un léger teint d'agacement.
Jack sentit tout son corps se crisper. Il ne pouvait plus bouger ses membres raidis, sinon à une lenteur extrême. Ses pieds quittèrent le sol. L'affolement apparut sur son visage.
"Ou.. oui, maître!
Il retomba d'un coup par terre.
- Va, maintenant. On n'a que trop parlé, conclus la voix.
- Bien maître."
Le vieil homme ne se le fit pas dire deux fois, et sortit de la pièce.
___
La salle était de nouveau plongée dans le noir. Seules les bougies et les yeux du maître inconnu étaient visibles. Ce dernier prit la parole, semblant parler pour lui-même.
'' On ne doit laisser personne en vie. Notre avenir en dépend. On ne doit pas échouer. Tu as tout entendu, Gendiki?
Une silhouette se détacha de l'obscurité et se dirigea vers la lueur des chandelles.
- Sans en manquer un seul détail, maître Wayh.
Wayh approuva d'un signe de tête.
- C'est bien. Tu es sûrement l'une des seules personnes ici en qui je fais la plus confiance.''
Gendiki ne répondit rien. Il s'approcha de l'une des bougies. Il y promena son index droit, qui ne tarda pas à brûler en noircissant. À l'aide de son ongle chauffé, il creusa un sillon sur son épaule, formant la forme d'un serpent jusqu'à son torse. Le sacrieur, qui s'était jadis laissé poussé la barbe, s'était rasé complètement l'entièreté de sa tête. Ses yeux sans pupille, qui ne pouvaient pas dégager la moindre émotion, avaient tout de même la particularité de susciter la peur. Son corps était parsemé de tatouages représentant des créatures étranges, des flammes et des démons. Une larme inversée se situait sous son oeil gauche.
'' Je ne vous décevrai pas, dit-il. Ces enfants ne pourront pas survivre à notre assaut.
- ...
- Quelque chose vous traquasse, maître? demanda-t-il en essuyant son doigt sur son pantalon.
- Tu n'iras pas avec eux.
- Mais... pourquoi?
- Parce que ça ne doit pas finir là.
- J'ai peur de ne pas vraiment vous comprendre, maître.
- Cette eniripsa et ce iop ne sont pas les derniers survivants. On doit TOUS les exterminer pour que ça finisse. Et ces deux-là nous mèneront à eux. Cette assaut lundi ne sera qu'un leurre.
- ... pour?
- Pour te donner le champ libre. Ces enfants doivent sentir que tu es leur allié. Tu dois les aider. Plus ils se sentiront en danger, plus ils s’approcheront de toi. Et, au moment opportun, tu pourras avoir tous les autres, expliqua Wayh.
"Je ne vous décevrai pas. Ces enfants ne pourront pas survivre à notre assaut"
Gendiki s'inclina.
- Bien maître.
Il s’apprêta à partir.
- Une dernière chose avant que tu partes, lança le maître. Pour que cette mission réussisse, personne à part toi et moi doivent le savoir. Mes pouvoirs de xélor sont grands, mon petit sacrieur. Si jamais ce plan échouait, ...
Un souffle glacial traversa la salle, éteignant les bougies et faisant tressaillir celui qui allait quitter.
- ... tu seras le premier que je tuerai.''
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J'adore ton histoire, j'ai remarqué quelques erreurs... Mais si je suis le seul je te les MPerais.
Vais faire de beaux rêves.