Quand les humains s'en mêlent
"Cette zone n'est pas accessible au public.
- Je suis détective, voici ma carte. Laissez-moi passer."
L'inspecteur Odo Fumio, très peu connu dans le quartier (d’ailleurs, aucun détective n'est très populaire), avait tout vu. Il avait vu l'homme se faire frapper à deux reprises, et avait fini sa route au milieu d'un mur de briques. À côté d'un hôpital, en plus. Le plus étrange, dans toute cette histoire, est que les médecins n'avaient rien trouvé de son corps.
À 53 ans, Fumio pouvait presque être considéré vieux. Il détestait qu'on lui rappelle qu'il vieillissait, et était très susceptible. Il a su garder des techniques, qui, à l'instar de Lucky Luke, lui permettait de dégainer plus vite que n'importe qui. Il ne considérait pas ses cheveux qui étaient par endroits grisâtres comme un signe de sénilité, mais plutôt comme un signe de sagesse.
"Nous avons vu, moi et plusieurs autres témoins, cet homme au chapeau de cuir se faire happer par les véhicules, dit-il au chef de la patrouille de police. Auriez-vous une explication?
- Arrêtez de déconner, il n'a jamais existé votre bonhomme!" lui répondit l'agent.
"Ce n'est pas ce guignol qui va pouvoir m'aider" pensa-t-il. Un mouvement à l'entrée de l'hôpital attira son attention. Un homme vêtu d'un chapeau de cuir et une toge blanche venait d'en sortir. Une toge blanche non-réglementaire, qui plus est. Le gars regardait de gauche à droite, comme s'il ne voulait pas être reconnu. "Pas trop trop professionnel en discrétion" remarqua Fumio.
Il se dirigea vers sa Honda Civic noire, stationnée quelques pas plus loin. Le chauffeur était au volant, et semblait prêt à tout.
"Charles?
- Oui, que puis-je pour vous monsieur?
- Je veux que vous suiviez ce type, lui dit le détective. Je veux que vous rassembliez toute l'information possible le concernant. Compris?
- Bien monsieur.
- Et cessez de m'appeler monsieur à la fin! Ça fait presque 15 ans qu'on se connait!
- Ça sera fait monsieur."
"Je veux que vous suiviez ce type. Je veux que vous rassembliez toute l'information possible le concernant."
Et il partit, laissant derrière lui un nuage de fumée noire. Fumio regardait maintenant le bâtiment hospitalier en souriant.
"Je crois qu'il me reste deux petites personnes à interroger" murmura-t-il pour lui-même en entrant dans l'hôpital.
___
Auriny faisait les cent pas dans sa chambre.
"Mais qu'est-ce qu'on va faire, qu'est-ce qu'on va faire?" grommelait-elle.
Rémiro s'était remis dans son lit, et mangeait son diner qui n'avait que trop tardé. Indifférent à la situation, peu lui importait que son amie panique ou non.
"Tu es sûre de ce que tu as vu? lui demanda-t-il.
- Mais puisque je te le dis!"
Elle était toute énervée, et regardait sa montre à chaque 30 secondes. Son regard passa de sa baguette au journal de sa mère.
"Je ne veux pas lire ce truc, dit-elle. Il y a peut-être un maléfice. Si ça se trouve, c'est tellement brûlé que c'en est illisible.
- C'est si important que ça?
- Rémiro, on a des pouvoirs que personne sur cette Terre ne possède. Et on ne sait même pas à quoi ils servent! On est peut-être des extraterrestres, ou quelque chose comme ça...
- Pourquoi on n'irait pas demander?
- NON! Surtout pas! Il faut que personne ne le sache!
- Pourquoi?
- ... Bonne question... C'est ce que font tous les héros des films, non? Ils gardent leur identité secrète, pour leur sécurité.
- On va être obligé de porter des collants et une cape?
- Mais non, on va juste... Regarde, fait juste ne rien dire de nous à aucun humain, ok?
- Ok, si tu veux."
L'eniripsa monta sur son lit, puis s'allongea pour prendre le temps de relaxer. Soudain, elle eut comme un doute, observa attentivement le carnet, puis son ami.
"Tu disais que c'était ton père qui t'avais donné ce carnet avant de mourir...
- En effet.
- Il t'a dit autre chose? Concernant tes pouvoirs, ou n'importe quoi...
- Il m'a dit qu'il avait été trahi... et qu'il fallait que j'avertisse une compagnie de souliers...
- Hein?
- Il a dit qu'il fallait avertir les Sadidas, ou un truc comme ça.
- C'est Adidas la marque de souliers, imbécile... grommela l'adolescente, visiblement déçue.
Tout à coup, une lumière de génie illumina son visage.
- Il a dit quoi?
- Ben, Sadida... grogna Rémiro, irrité par l'insulte.
- Sadida...
- Oui, quoi d'autre?
- Mais alors... cette fille, Chloé, elle doit savoir quelque chose!"
Auriny sauta de son lit. Elle regarda frénétiquement sa montre.
"On a encore le temps. Son examen fini dans une heure, on peut encore aller la voir avant la fin des cours. Vite, Rémiro, dépêche-toi!"
Elle se précipita vers la porte de sortie. Elle tourna la poignée, et sortit en trombe. Rémiro la suivi avec peine, encore surpris par sa réaction. Auriny fonça vers l'ascenseur, et pressa le bouton. Au son du DING, elle s'engouffra à l'intérieur... et fonça tête la première dans l'homme qui s'apprêtait à en sortir.
Il avait souvent joué au football, mais jamais Odo Fumio ne s'était fait plaquer par une fille auparavant.
___
Rémiro et Auriny étaient, bien malgré eux, de retour dans leur chambre. L'inspecteur Fumio ferma la porte derrière lui, et s'installa sur une chaise, entre les deux jeunes et la sortie.
''Vous ne devez pas avoir peur de moi, les rassura-t-il. Je m'appelle Odo Fumio, et je suis détective privé. Je travaille principalement pour la GRC, la Gendarmerie Royale Canadienne, la...
- La police fédérale, oui on sait! l’interrompis Auriny. N'est-ce pas, Rémiro?
Rémiro semblait avoir de gravé un point d'interrogation sur son visage.
- Bon, en tout cas, moi je sais, se corrigea-t-elle. Abrégez, on est pressés.
- Et je peux savoir pourquoi, petite effrontée?'' de demander Fumio.
''Cet homme est un malin, pensa Auriny. Il sait comment soutenir de l'information discrètement à quelqu'un.'' Elle pris donc un ton de voix quelque peu courroucé.
''Désolé monsieur, mais ça ne vous concerne pas, lui lança-t-elle.
- Dans ce cas, il me semblerait très correct que j'avertisse l'hôpital de votre sortie qui aurait été non-autorisée par un document légal stipulant vos droits de sortie sans la supervision d'un tuteur.
L'eniripsa était béa.
- Il vous serait alors interdis, même avec ledit document, d'aller, à l'avenir, faire vos petites affaires urgentes.
- ... Que nous proposez-vous?
- Si vous me dites tout ce que vous savez, je peux vous faire obtenir cette permission, et même peut-être vous offrir un transport.
- Hum... réfléchit Auriny.
- Auriny, comment on fait pour savoir si c'est un être humain? demanda une voix derrière elle.
"Si vous me dites tout ce que vous savez, je peux vous faire obtenir cette permission"
L'instant d'après, Rémiro se retrouvait à terre, une marque bien chaude de claque sur la joue gauche.
- D'accord, répondit-elle en vitesse. On est à l'hôpital parce que (aïe ma main!) nos maisons se sont écroulées sur nous, tuant nos parents du même coup. D'ailleurs, la maison de Rémiro est parti en flammes aussi. Voilà, voilà... On ne sait rien d'autre.''
Malheureusement pour elle, Fumio n'était pas dupe. L'inspecteur se leva, et se dirigea vers la porte.
''Si vous le prenez comme ça, tant pis. Ne comptez pas sur moi pour vous aider, donc.
- Mais puisque je vous dis que nous savons rien! Tout est normal quoi!
- Je ne crois pas qu'il soit normal d'envoyer deux enfants en parfaite santé, sans aucune blessure, à l'hôpital, après s'être faits écraser par leurs maisons respectives.
- On a eu de la chance, tenta Auriny.
- Vous pourrez toujours me redire ça lorsque cette créature sans pupille vous aura retrouvés et tués.''
L'adolescente resta sans mots. Son interlocuteur sortit, les laissant seuls. Auriny se mordit les lèvres. ''Cet homme en savait peut-être plus que nous. Il aurait pu nous aider'' se disait-elle.
La porte se rouvrit, laissant passer une infirmière... qui s'évanouit aussitôt, voyant Rémiro, toutes blessures disparues, s'entraîner aux altère avec le cardiogramme.
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Mais il est vrai que tout humain des Douze peut etre un Roublard, il n'y a ni dieu ni réelle croyance associée....