Celui qui vit par l'épée, périra par l'épée!
"Rend-moi mon portefeuille, sale voleur!
- Jamais! Délivre Rémiro et Auriny avant!
- Tes amis? Ils sont très bien là où ils sont!
- Alors, pas de portefeuille!
- Tu vas voir, lorsque je vais t'attraper, tu vas passer un mauvais quart d'heure!"
Même blessé, Simon s'enfuyait à toute vitesse dans la maison. L'adrénaline aidant, il contournait les tables, les chaises et les sofas de sorte à rester hors de porté de Tanthane. L'enutrofe le suivait tant bien que mal, puisqu'elle ne connaissait pas par cœur les recoins du bâtiment. Elle s'enfargea sur une chaise. Tous ces exercices, elle en avait vraiment marre. Le nez en sang, elle sortit de grosse pièces de monnaie de sa bourse.
"Ça suffit ce cirque!!" cria-t-elle.
Tanthane enflamma les pièces dans la paume de sa main. D'un geste furieux, elle lança la poignée vers Simon. Celui-ci se pencha, les évitant de justesse. Il continua de courir. Elle lança d,autres projectiles enflammés. Cette fois-ci, l'enutrof fut touché dans le dos. Il s'arrêta brusquement, tant ça commençait à le bruler. Des marques rouges apparurent.
"Je te tiens!"
Le bras de Tanthane brilla d'un rouge vif, et elle toucha le sol. Sous les pieds de Simon, le plancher explosa dans une gerbe de flammes qui assomma l'enutrof sur le mur du fond. Tanthane fit un pas en avant.
"Tu va souffrir..."
"Chlak!"
La pelle de l'enutrofe, qui précédemment était restée plantée à l'étage au-dessus, atterrit manche en l'air à ses pieds, l'interrompant dans son mouvement. Elle regarda devant elle.
"Que...
Sur le top des escaliers, Rémiro et Auriny la regardaient d'un air sévère.
- Impossible! cria Tanthane. Comment avez-vous pu... J'avais attaché le havre-sac! C'est impossible de l'ouvrir de l'intérieur! Qui vous a libéré? Comment aurait-il su vous..."
Le iop ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase. Il empoigna la Goultard, et sauta vers elle. L'arme frappa de son gigantesque tranchant. Le sang gicla au niveau du ventre, et l'enutrofe tomba, morte, coupée en deux. Elle avait encore les yeux exorbités par la surprise. Le sang commença à affluer sur le plancher. Le iop se retourna; Auriny était déjà affairée à soigner Simon, qui paraissait comme neuf. Lorsque le garçon remarqua le cadavre scindé dans la mare rouge, il vomit.
"Il y a trop de morts dans ma maison! Mettez un linge par-dessus, ou je ne sais trop quoi!"
Auriny prit la nappe de la table à ses côtés pour recouvrir la scène macabre. Simon se laissa tomber dans un fauteuil.
"Ouf... Rémiro, je peux te poser une question? demanda-t-il.
- Oui, vas-y, répondit l'adolescent.
- Comment fais-tu pour... tuer de sang-froid, comme tu viens de faire?
- Euh... en fait, je n'y pense pas vraiment. Œil pour œil, dent pour dent. Elle voulait nous tuer, non?
- ... Oui, mais... Quand même... Ça doit être dur de se regarder dans un miroir après avoir enlevé la vie de quelqu'un... Moi, je n'en serais pas capable...
- Simon, c'est toi qui nous a délivré du havre-sac? questionna Auriny.
- Bien sûr que non, je me faisais pourchasser par une vieille folle, je te rappelle! Vous ne savez pas qui vous a délivré?
- On est resté une trentaine de secondes, puis le vortex est réapparu et nous avons pu sortir.
Simon réfléchit.
- C'est étrange... personne ne sait comment utiliser ses pouvoirs, sauf nous, les enutrofs..."
Il monta à la chambre de ses parents. Sur le lit, le havre-sac était ouvert. Il le referma, puis laissa la légère brise apaiser son visage. Ça faisait du bien, après tant d'émotions... Mais... une minute! Le vent? Il tourna la tête; la fenêtre était ouverte! Celui ou celle qui avait délivré ses amis est sûrement passé par là! Il regarda par l'ouverture. Évidemment, il n'y avait personne. C'était prévisible, mais Simon fut quand même déçu. Soudain, il entendit un bruit lointain. Il scruta au-delà de la rue. De la fumée noire flottait dans les airs.
"Renée!"
___
"Crack!"
Un bâton craqua.
"Crack!"
Un deuxième craqua à son tour.
"Crack!"
Chaque fois que l'un de ses bâtons cassait, Renée en faisait apparaitre un autre. Chaque fois que Renée en faisait apparaitre un, Léossier le cassait. La féca était très concentrée, et des gouttes de sueur perlaient sur son front. Le iop tenta de la frapper du côté. Renée para. Elle frappa de son bâton. Léossier l'évita. Aucun des adversaires ne semblait perdre du terrain, pas plus qu'en gagner. La lutte était serrée.
Renée savait qu'elle allait perdre si elle continuait ainsi. Le iop s'épuisait beaucoup moins vite qu'elle. Elle feinta d'un côté, puis frappa de l'autre, touchant la jambe gauche de Léossier. Elle profita de la demi-seconde qu'elle gagna pour lui asséner un coup de poing, puis recula de quelques pas. Le iop rigola. Ce n'est pas quelques petites attaques qui pourraient le blesser. Il prit le temps de jauger son adversaire. Mais que préparait-elle?
La féca chargea son bracelet, qui se mit à trembler. De minuscules éclairs rouges en sortirent, comme s'il allait exploser. Elle agrippa son bras avec son autre main, et pointa le tout vers le sol. Léossier regarda autour de lui; sur le pavé, d'étranges veinures étaient en train de se matérialiser. La température augmenta. Avant même d'avoir eu le temps de comprendre ce qu'il se passait, une sorte de branche noire vivante sortit de l'une des fissures, et lui arracha sa masse des mains, puis la projeta des mètres plus loin, dans un mur.
Léossier remarqua alors que la branche était en fait un bras squelettique. Il fit un pas. Un deuxième bras calciné le frappa au visage. Un troisième apparu, et le fit tomber. Bientôt, il fut entouré d'assaillants assoiffés de de sang, qui le martelèrent encore et encore. Renée respira un grand coup, et baissa sa garde. C'est tout ce qu'attendait Léossier.
Le guerrier bondit sur deux pieds. Arrachant l'un des bras, sa main s'entoura d'une aura rouge. Il se mit à courir en direction de son ennemie, défonçant les obstacles. Renée n'eut même pas le temps de voir le coup venir; le poing de feu l'écrasa au sol. Le iop leva le pied au-dessus de sa (future) victime, et l'abaissa avec force. De l'impact se dégagea un coup de vent qui balaya les flancs. Il regarda sous le pied. Personne. La féca avait bondit au dernier instant, et elle pointait maintenant son bracelet sur lui.
Le iop analysa la situation en une fraction de seconde. À sa gauche, très loin, était planté sa masse. Pas de danger de ce côté. Devant lui, à une distance moyenne, la féca. Sachant qu,elle allait lui envoyer un projectile d'une seconde à l'autre, c'était un peu dangereux. Et, finalement, à sa droite, un mur de briques. Impossible de passer par là. Il s'accroupit, contractant ses muscles pour se donner un élan. Il avait déjà choisi sa direction.
Il fit un mouvement feinté vers la gauche. Par réflexe, Renée tira de ce côté. D'un virage rapide, Léossier changea de direction, et sauta sur la paroi de l'édifice à sa droite. Emporté par l'impulsion, il parcouru à la course toute la longueur du mur de briques, son corps défiant toute gravité. Arrivé au bout, il sauta. La féca n'eut pas le temps de tourner son arme qu'elle reçu un coup de pied dans les côtes. Rapidement, elle se recréa un bouclier, qui la protégea d'une autre attaque du iop. Elle recula.
Léossier ne perdit pas de temps: il prit de sa main gauche une roue de la voiture brisée, et la projeta devant lui. Renée matérialisa un marteau géant, qui frappa la voiture sur le côté, et la renvoya sur le destinateur. Ce dernier ne broncha pas. Le véhicule se tordit encore plus en lui rentrant dedans, mais le laissa indemne. "Je n'avais pas prévu devoir en arriver là, se dit Renée. Il a raison, il est beaucoup plus fort qu'avant!" Elle pointa son bracelet vers le ciel. Des nuages noirs se concentrèrent, et des pans de roches commencèrent à s'élever, pendant que le paysage trembla sous la puissance invoquée. "Que Féca me protège."
Une pierre fissura les nuages. Une météorite. Elle s’abattit sur le sol entre les deux combattants. Des dizaines d'autres assombrirent le ciel, et la pluie de météorites détruisit complètement et de façon aléatoire toute la rue dans un rayons d'une dizaine de mètres. Quelques maisons furent touchées. Le choc frôla l’invocatrice, mais, par miracle, elle ne fut pas touchée. Une fois le chaos terminé, elle s'agenouilla, et pria le ciel.
"Tout est fini... Merci, Féca, de m'avoir si bien protégé...
- Les dieux ne peuvent pas nous entendre, dans ce monde!"
La masse à pointe la frappa en plein visage. Deux dents tombèrent, ainsi qu'elle-même. Avec la plante de son pied, Léossier cassa le bracelet.
"Pratique ce bibelot, commenta-t-il. Mais ça reste un accessoire...
- Madame Walker!"
Auriny, Rémiro et Simon arrivaient en courant. Léossier était comblé. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas autant diverti.
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