Les archives, les morts et les vivants
Le ciel prenait une teinte de rose-orangé. Le crépuscule était déjà avancé, et beaucoup de boutiques et magasins commençaient à fermer pour la nuit. Aux archives d'Ottawa, Laurence, la bibliothécaire, s'apprêtait à quitter.
Les archives de la ville, situées dans la capitale nationale, a trois fonctions principales: jumelée à une bibliothèque, on peut y emprunter des livres, on peut aussi en acheter et, comme son nom l'indique, c'est là où sont entreposées les archives. On y trouve de tout: les lois, les différents traités et documents officiels, et aussi des informations sur tous les citoyens, par ordinateur ou sur papier. C'était un système privé, qui ne pouvait être accessible que par certaines conditions.
Cela faisait une vingtaine d'années que Laurence travaillait ici, et elle était devenue une experte de tous les noms des habitués de la bibliothèque. Elle connaissait l'emplacement de chaque livre, et les archives n'avaient plus aucun secret pour elle.
"Ding-e-ling!"
La sonnette de la porte d'entrée venait de retentir. "Des clients" se dit-elle. Une femme était entrée. Elle était accompagnée de 3 enfants: un adolescent aux cheveux roux, une aux longs cheveux blonds et une petite fille aux cheveux verts. La femme portait des petites lunettes ronde. "Drôle de troupeau" pensa Laurence en les regardant s'approcher.
"Est-ce que je peux vous aider? demanda-t-elle amicalement.
- J'aimerais avoir un accès aux archives s'il-vous-plaît, répondit la femme.
- Je suis désolée, mais j'allais justement quitter, et les archives sont fermées jusqu'à demain. N'hésitez pas à revenir, par contre."
L’inconnue sortit un badge, qu'elle montra à Laurence. Un badge de la police fédérale.
"Je m'appelle Renée Walker, et je dirige la section Est de la GRC. J'ai donc priorité.
- Renée Walker? Veuillez m'excuser, je ne pouvais pas savoir. En effet, ça change tout. Veuillez me suivre."
Elle sortit un trousseau de clés, et se dirigea vers une porte. Pendant qu'elle la déverrouillait, Auriny regarda autour d'elle. Son regard croisa celui d'un homme qui les regardait avec attention. Avec ses habits légèrement sales, ses cheveux en bataille et son balais, il était de toute évidence le concierge. Mais... il avait quelque chose de familier pour l'eniripsa... comme si elle l'avait déjà vu quelque part.
Ils entrèrent dans une petite salle remplie d'ordinateurs. La bibliothécaire entra une clé dans l'un des systèmes ainsi que sa carte, et l'écran s'ouvrit. Elle s'installa.
"Juste une petite question, commença-t-elle. Pourquoi vous n'utilisez pas les fichiers de la GRC?
- Nous avons remarqué récemment que certains détails ne sont pas à jour. Certaines des données ont pu être trafiquées, on ne veut pas prendre de risques.
- Bon, alors, allez-y. Qu'est-ce que vous cherchez?
- J'aimerais savoir le nom des filles d'Altroo Dhaliwal.
Laurence sourcilla, puis tapota son clavier.
- Altroo n'a qu'une fille. Il s'agit d'Èvanovich Dhaliwal.
- Vous êtes sûre?
- C'est ce qui est écrit ici.
- Attendez!" cria Auriny.
Les deux femmes se tournèrent vers l'adolescente. Cette dernière sortit un morceau de papier.
"Je savais que j'avais déjà vu ce nom quelque part. Isaure Dhaliwal.
- Isaure?! s'écria la féca.
- Je vais vérifier... dit Laurence. Oui, en effet, Isaure Dhaliwal existe, malgré que ce ne soit écrit nulle part que c'est la fille d'Altroo. Seul bémol: elle est morte depuis quelques mois déjà.
- Hum... Ça ne nous avance guère... Nous devons trouver ce journal...
Une voix se fit entendre derrière eux.
- Vous vous trompez. Votre Isaure est bien vivante."
Tous se retournèrent d'un coup. Renée poussa un petit cri aigu en voyant l'homme, puis tomba évanouie. C'était le concierge. Jusqu'alors, Auriny n'avait jamais pu l'observer de près, mais, maintenant qu'il était à moins de deux mètres, il était parfaitement reconnaissable.
"Odo Fumio!"
___
La féca se releva lentement, soutenue par Rémiro. Elle se tourna vers le concierge.
"T... toi! dit-elle en le pointant. Tu... tu étais mort! Ton corps était étendu sous mes yeux, et... et...
- Mort? lâcha l'homme. Moi? Mais je n'ai jamais été... "
Une lumière s'alluma dans son esprit. Sans aucun signe avant-coureur, il fut pris d'un fou rire sous les yeux ébahis de Renée.
"Ha, ha, ha! Je comprend tout maintenant! Je crois qu'il y a méprise, madame.
- Vous n'êtes pas Odo Fumio?
- Il y a bien longtemps qu'on ne m'avait plus confondu avec mon frère jumeau.
- Votre frère?!
Le concierge tendit sa main et serra cordialement celle de l'agente de la GRC.
- Je m'appelle Toino. Toino Fumio. Je suis très content de pouvoir enfin vous rencontrer, après tout, vous êtes l'ex-femme de mon défunt frère.
- Euh... ben... je... Je suis désolée, s'excusa Renée, confuse et gênée.
- Ce n'est rien, ce n'est rien, le rassura Toino.
- Toino travaille dans cet établissement depuis plus longtemps que moi, expliqua Laurence.
- Je n'ai pas eu les mêmes chances que mon frère, rigola-t-il. Mais j'adore mon travail, et c'est tout ce qui compte, non?"
Renée Walker s'assit sur une chaise, encore sonnée. Son esprit était embrouillé. Pendant un instant, elle avait vraiment cru voir un revenant.
"Vous... vous disiez qu'Isaure Dhaliwal était vivante. Comment pouvez-vous savoir ça? Vous connaissez Isaure?
- Ça a commencé il y a trois jours. Deux personnes, toutes habillées de noir, sont entrées dans la bibliothèque. Ils avaient des lunettes fumées, et semblaient tout droit sortis d'un film de Matrix. Il y avait une dame aux cheveux noirs, et un homme avec des cheveux bruns coiffés de façon très étrange.
- Cyrano...
- Pardon?
- Non, rien. Continuez.
- Ils sont d'abord passés voir Laurence. Ils voulaient voir les archives. Ils ont dit que c'était urgent. Ils avaient l'air très sérieux et professionnels, alors Laurence n'a pas vu d'inconvénients à accéder à leur demande. La femme a dit qu'ils cherchaient l'adresse d'un certain Gendiki. Mais Gendiki était marqué comme mort.
- C'est sûr, il s'était trouvé une deuxième identité.
- Cette femme, qu'on a su après qu'elle s'appelait Isaure, l'a menacé de son revolver. Passant par là, je me suis tout de suite interposé. Tout d'abord, Isaure fut surprise. Elle m'a demandé ce qui l'empêcherait de me tuer. Je lui ai dit que je pouvais l'aider.
- Comment?
- Je savais que mon frère, Odo, était justement à la recherche de Gendiki. Je leur ai donné son adresse, et ils sont parti sans un mot de plus. C'est ce soir-là qu'il a été assassiné.
Il y eut un moment de silence, puis Renée reprit:
- Vous savez où on peut trouver Isaure?
- Non, désolé.
- Dans ce cas, nous n'allons pas plus prendre de votre temps. Allez les enfants, on s'en va."
L'instant d'après, ils étaient parti.
___
Lorsqu'il ne resta que eux deux dans la salle, Toino Fumio se tourna vers Laurence.
"Comment tu les trouves?
- J'ai de la misère à croire que Renée Walker soit une féca. Elle m'a tout l'air d'une simple humaine.
- Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences.
- Ça me déchire de ne pas pouvoir leur dire la vérité."
Le concierge se tourna vers la bibliothécaire. Il la toisa dans les yeux.
"La roublarde nous a donné sa confiance. Nous savons tous les deux que c'est ce qui doit être fait."
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