À l'heure aux rendez-vous
Charles était assis à une table du restaurant, et attendait patiemment. Le restaurant Bâton Rouge était très prisé pour ses fins mets, et il y régnait une atmosphère calme et relaxante. Sur la petite table étaient allumées deux bougies, et une belle nappe rouge décorait le tout. Le chauffeur était habillé d'un chic toxedo, et regardait sa montre à chaque cinq secondes. Soudains, devant ses yeux émerveillés, elle entra.
Annabel regardait à gauche et à droite, un peu perdue. Charles lui fit signe. L'agente lui sourit, et s'approcha pour le rejoindre. Il était subjugué par sa beauté: elle avait attaché ses doux cheveux derrière sa tête, et sa démarche était divine. Sa magnifique robe noire avait un décolleté qui laissait bien paraitre sa paire de... beau sourire. Elle s'assit devant Charles, croisant ses jambes.
"C'est gentil de m'avoir invité à ce souper, dit-elle. Tu es très beau ce soir.
- Me... merci, toi aussi, bredouilla le chauffeur, rouge de gêne. Euh... tiens, c'est pour toi.
Il sortit un bouquet de fleurs de sous sa chaise, et le tendit.
"Oh, comme c'est attentionné! s'écria Annabel en serrant le bouquet contre sa poitrine. Tu as vraiment pensé à tout pour moi! Et moi qui n'ai rien apporté...
- C'est pas grave, l'important, c'est ta présence."
La femme se mit à rire. Un rire si doux aux oreilles de Charles.
"Charmeur va..."
"Drriing!"
"Tu veux bien attendre deux secondes? C'est pour moi."
Elle sortit un petit appareil avec écran tactile. Elle commença à pianoter rapidement. Elle avait perdu son air enfantin et joyeux pour laisser place à une personne plus sérieuse. Intrigué, Charles tenta de regarder par-dessus l'argenterie. Sur l'écran, des mots et des données défilaient de façon désordonnées. Il se pencha plus... et Annabel cacha de sa main sa vision.
"Qu'est-ce que tu regardes?
- Tu fais quoi?
- Ce n'est pas de tes affaires!"
Son ton étais colérique. Charles fronça les sourcils.
"Pourquoi ne veux-tu rien me dire?
Le visage d'Annabel prit soudain un air triste.
- Ils t'ont demandé de m'espionner, hein?
- Ben... c'est-à-dire que...
- Arrête, pas besoin de te défendre, ce n'est pas de ta faute...
- Pourquoi la GRC en a après toi?
Elle baissa la voix.
- Parce que je suis là pour stopper un complot.
- Quel complot?
- Tu sais sur quoi recherchait Odo Fumio?
- Non, pas vraiment. Mais Antoine m'a expliqué un peu... sans pour autant m'en dire beaucoup...
- Il te cache des choses, et je vais te dire pourquoi. Moi et mes associés, comme ton ancien supérieur, avons découvert la venue d'extraterrestres sur Terre... Mais avons aussi découvert leur but!
- Et quel est-il? chuchota Charles, intéressé.
- Ils ne sont pas les seuls. Je vais tout te dire, tu es le seul en qui je sens que je peux faire confiance. En fait, ils sont là pour envahir notre monde. Renée et Antoine sont complices. C'est pour cela qu'ils ne veulent rien te dire. Ils ne doivent pas savoir que j'ai découvert leur plan. Tu me promet que tu ne diras rien?
- Bien sûr que oui! Je resterai muet comme une carpe."
La porte d'entrée du restaurant s'ouvrit avec fracas. Des troupes armées entrèrent en trombe, faisant crier les clients et sursauter les serveurs. Ils entourèrent la table d'Antoine et d'Annabel. Un homme s'avança, et fit face à la femme.
"Agente Annabel, vous êtes en état d'arrestation pour atteinte à la sécurité de la nation" dit Antoine en lui mettant les menottes.
Deux agents l'empoignèrent, et la tirèrent vers la sortie. Elle tourna sa tête vers Charles, affolée.
"Ne les laisse pas faire! N'oublie pas ce que je t'ai dit!"
Le chauffeur l'entendit une dernière fois crier son nom, puis la vit disparaitre derrière l'embrasure de la porte.
___
"Simon? Où est Antoine?
- Il est parti arrêter Annabel. Il pense que c'est Andyspak."
Renée amena Simon dans la voiture, et démarra en trombe. En quelques minutes, ils eurent quitté le département de la GRC. "J'espère qu'Annabel n'est pas Andyspak, car sinon Antoine ne vaut pas mieux que mort!" pensa la féca. Elle ne savait plus trop quoi faire, ni où aller. "Je vais aller chercher Lily. La pauvre petite doit s'inquiéter, toute seule à la maison."
"Et qui est cet Andyspak exactement?" demanda Simon.
Rémiro et Auriny lui expliquèrent tout en détail. Enfin, surtout Auriny, puisque Rémiro avait presque tout oublié. À mesure que le récit avançait, l'enutrof se contentait que de petits hochements de tête. Il ne réagit pas non plus lorsqu'Auriny lui raconta à quel point son ami avait frôlé la mort. Dès que l'eniripsa eut terminé, il se tourna vers, Renée.
"Il est si puissant que ça, cet Andyspak?
- Plus encore que tu ne peux l'imaginer.
- Et il a un point faible?
La féca ne répondit pas tout de suite.
- Je... je ne sais pas... Je n'y ai jamais pensé, avoua-t-elle, embarrassée.
- Tous les méchants en ont un, c'est bien connu... Il a fait comment pour ressusciter?
- Comment pourrais-je le savoir?
- Tu n'es pas prévoyante...
- Éh, le métisse, tu te tais, oui? C'est pas le moment!
- Tu peux me déposer chez moi? J'ai quelque chose à leur montrer, dit-il en pointant les deux adolescents.
- D'accord, si ça peut te faire taire cinq minutes. J'ai un appel à passer, attendez quelques instants."
Elle sortit son cellulaire, et composa un numéro. Elle n'eut pas à attendre longtemps: une voix qu'elle connaissait bien répondit:
"A-llôô?
- Glip? C'est Renée Walker.
- Aaah... Et que me vaut ce plaisir, ma très chère Renée?
- C'est quoi cette histoire d'osamodas?
Silence à l'autre bout du fil.
- Glip?
- J'ai dû mal t'entendre. Tu disais...?
- Est-ce qu'il y a une osamodas?
- Mais non, nous savons bien tous les deux que...
- Chloé a dit être entrainée par une osamodas. Je ne la croyais pas, elle étais sur le bord du délire avant de mourir, mais...
- ...
- Andyspak en a fait mention aussi.
- Andyspak a dit quoi?
- Il a dit... dis-donc, ça n'a pas l'air de te surprendre qu'il soit en vie...
- Euh, non non... Je veux dire oui, oui, je suis très surpris! Mais je le suis encore plus à propos de l'osamodas... Aucune personne de cette classe d'invocateur est venu avec nous sur Terre...
- Est-il possible qu'elle soit venue après? proposa Renée
- Non. Le portail ne peut s'ouvrir qu'une fois, rejeta Glip. Écoute, très chère, je vais te contacter lorsque j'en saurai plus. Bisous.
- Arrête d'essayer de me draguer, Glip, tu sais bien que je ne t'aime plus."
Elle raccrocha. La féca entra dans une petite rue, et se stationna devant la maison de Simon. Elle fit signe aux enfants de se détacher et de sortir de la voiture. L'enutrof était on ne peut plus enthousiasme. Auriny regarda du côté de son ancienne maison; on avait complètement refait les fondations, et la construction allait bon train. Renée baissa la vitre du véhicule.
"Je vous laisse une heure. Je vais chercher Lily, puis je reviens. Ne faites pas n'importe quoi!
- Mais non, mais non" rassura Simon.
La féca repartit.
___
L'auto passa le tournant. Il n'y avait aucune autre voiture dans les rues. C'était calme. Trop calme. L'homme était debout sur un toit. Il portait une longue cape blanche, et un tignasse rousse. Il fit apparaitre une masse à pointes dans sa main droite. Lorsque Renée arriva sous lui, il sauta dans le vide, brandissant son arme. Le coup qu'il donna sur la toiture la fit s'écraser dans un bruit de métal froissé.
De la fumée noire s'échappa du capot. La voiture s'était pliée en deux, ratatinée par la marque d'une masse qui avait complètement détruit la bagnole. Léossier ricana.
"Tu es en retard au rendez-vous, Renée."
C'était son tour de s'amuser.
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